Corail contre pétrole: pour sauver un récif au large du Brésil, Greenpeace simule une marée noire au siège de Total
Des militants de Greenpeace ont déversé de la mélasse devant le siège de Total à La Défense, le 27 mars 2017, pour dénoncer un projet pétrolier à l'embouchure de l'Amazone. Photo AFP
Début de semaine musclé pour Greenpeace. Ce lundi, les militants de l'ONG se sont mobilisés devant le siège parisien de Total, à la Défense, pour dénoncer les projets de forages exploratoires controversés du pétrolier français près du récif corallien de l’Amazone, au large du Brésil. Dès 7 heures du matin, ils ont déversé quelque 3 000 litres de mélasse devant la tour Total pour simuler une marée noire et bloquer l'accès aux locaux de la compagnie pétrolière : "Sauvons le récif de l'Amazone", "Total menace officielle du récif de l'Amazone", proclamaient les banderoles de la quinzaine de représentants de l'ONG présents sur place.
Le récif corallien de l'Amazone, au large du Brésil, photographié par une mission scientifique de Greenpeace, le 28 janvier 2017. Photo Greenpeace Brésil
Un récif corallien mystérieux, d'une richesse biologique unique
Les scientifiques soupçonnaient l'existence d'un récif corallien au large de l'embouchure de l'Amazone depuis les années 1970. Ils ne l'ont découvert, caché sous la boue, qu'une quarantaine d'années plus tard, en 2016. Composé de diverses espèces de coraux, d’éponges et de rhodolithes, cet écosystème exceptionnel s’étend sur 9 500 km2, à l’endroit où le fleuve et l’océan Atlantique se rencontrent, au large des côtes nord du Brésil. Ils étaient avec Greenpeace à bord de l’Esperanza, en janvier 2017, lors de la réalisation des premiers clichés de sa faune et de sa flore colorées, rendus publics le 30 janvier.
Les scientifiques estiment que l’"on connaît à peine 5% de ce milieu unique", d'une grande richesse biologique, à l'origine mystérieuse. Il n'existe en effet pas de développement connu de ce type de récif, à l'embouchure d'un fleuve: il s'est développé dans une eau saumâtre chargée de sédiments charriés par le gigantesque fleuve, alors que les coraux ont normalement besoin de lumière pour survivre. "Il faudrait un an ou plus pour cartographier la totalité du récif", évaluent les scientifiques brésiliens. Quant aux études de sa biodiversité et des facteurs environnementaux qui le régissent, elles pourraient prendre des dizaines d'années...
Le risque zéro n'existe pas
La concession pétrolière la plus proche appartenant à Total qui, selon l'ONG, "s’apprête à dépenser 300 millions d’euros pour cette première phase d’exploration", se trouve à 28 km du récif corallien. Or, comme pour tout exploration pétrolière, il existe des risques inhérents de fuites d'hydrocarbure et de marées noires et Greenpeace refuse de "laisser la voracité de Total mettre en danger le récif de l’Amazone".
Abandon du projet et moratoire
L'exploration pétrolière au large de l'Amazone devrait commencer en 2017, quand le groupe pétrolier "aura obtenu les licences environnementales" nécessaires du gouvernement brésilien, affirme Greenpeace qui demande à la compagnie pétrolière l'abandon du projet et un moratoire dans cette région de l'océan Atlantique. A cet effet, l'ONG a également lancé une pétition sur Internet.
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