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Pesticides : pour l'Agence européenne des produits chimiques, le glyphosate n'est pas cancérogène

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Le glyphosate entre dans la composition du Roundup, l'insecticide de Monsanto le plus vendu au monde. Photo archives AFP

La bataille du glyphosate est relancé, avec ce nouvel épisode d'un long feuilleton européen. La substance herbicide dont l'autorisation est contestée dans l'Union européenne (UE), "ne doit pas être classée comme cancérogène", ont annoncé ce mercredi 15 mars 2017, des experts de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). L'Europe prend ainsi le contrepied de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a classé en 2015, comme "probablement cancérogène pour l'homme" le principe actif du Roundup, l'herbicide de Monsanto le plus vendu au  monde.

Critères d'exposition

"Les experts se sont basés sur toutes les informations disponibles sur le glyphosate, à la fois concernant des études sur les humains et sur les animaux", a précisé à l'AFP Jack de Bruijn, le directeur du Comité d'évaluation du risque de l'ECHA, une division de l'agence européenne basée à Helsinki, en Finlande. La conclusion a fait consensus parmi les membres du l'agence européenne chargée de la classification des produits chimiques dans l'UE qui doit déterminer le danger potentiel intrinsèque des substances évaluées, mais qui ne prend notamment pas en compte les critères d'exposition.

La bataille du glyphosate, ingrédient clé des herbicides les plus utilisés

pesticides,glyphosate,polémique,europe,interdictionLa controverse sur l'utilisation de cette substance qui entre dans la composition du Roundup, est montée en puissance, sur fond de campagne active des défenseurs de l'environnement qui font valoir sa dangerosité pour la santé humaine. Jusqu'à présent, la Commission européenne n'a pas réussi à convaincre les Etats membres de renouveler la licence de l'herbicide, qui arrivait à expiration à l'été 2016.

Enjeux économiques

Lors d'un vote fin juin au sein d'un comité scientifique où les États membres sont représentés, la France et Malte avaient voté contre et sept pays s'étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision. L'exécutif européen s'était alors résolu à accorder une prolongation de 18 mois à la substance. Les enjeux économiques sont énormes : le glyphosate est l'ingrédient clé des herbicides les plus utilisés par les agriculteurs européens. Des restrictions à son utilisation ont tout de même été instaurées, avec l'interdiction de certains adjuvants du glyphosate et l'instauration de règles pour limiter son exploitation dans des endroits comme les parcs et les jardins publics.

Pétition européenne

Le mercredi 8 février 2017, à Bruxelles, Madrid, Rome, Berlin et Paris, une quarantaine d’associations environnementales de quinze pays ont lancé une initiative citoyenne européenne (ICE), "Ban glyphosate" (en Français, "Stop glyphosate") visant à faire interdire la substance en Europe. Elle a recueilli à ce jour 500 000 signatures. Le 6 mars dernier, les ONG ont également adressé au directeur général de l'ECHA, une lettre protestant contre des conflits d’intérêts au sein du groupe d’experts chargés d’évaluer la cancérogénicité du célèbre herbicide qui, selon elles, mettent en cause l’impartialité de l’expertise de l’organisme européen.

Colère et incompréhension

On s'en doute, l'avis de l’ECHA, suscite la colère et l'incompréhension des défenseurs de l'environnement. "Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a montré clairement qu’au moins sept études montrent une incidence accrue de certains cancers chez des animaux de laboratoires exposés au glyphosate" réagit notamment François Veillerette, de Générations Futures. Pour le porte-parole de l'ONG, il n'est pas question pour de renoncer à "se battre pour faire évoluer le fonctionnement de ces agences et faire interdire le glyphosate au niveau européen".

Vers une réhomologation du glyphosate ?

Les conclusions finales de l'ECHA seront transmises ultérieurement à la Commission européenne qui attend cette opinion pour prendre une décision concernant l'avenir du glyphosate dans l'UE. Avec un enjeu de poids : un classement comme cancérogène probable par l’agence européenne aurait signifié un retrait du marché européen du glyphosate. Dans le cas contraire, l'Europe pourrait donner son feu vert à la ré-autorisation du pesticide de synthèse le plus utilisé en Europe et dans le monde, où il s’en épand plus de 800 000 tonnes par an.

Cathy Lafon avec l'AFP

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