Six ans après la catastrophe, on se rassemble à Bordeaux en mémoire des victimes de Fukushima
Six ans après la catastrophe nucléaire, à Fukushima, rien n'est encore réglé. Photo archives AFP
Six ans après l'accident nucléaire de Fukushima, provoqué le 11 mars 2011 par un séisme suivi d'un tsunami géant, la catastrophe est toujours en cours. La région du Japon touchée par la radioactivité, toujours prise au piège de la contamination, peine à se reconstruire économiquement. Les fuites radioactives se poursuivent et les dernières nouvelles sur le chantier du démantèlement du site rajoutent à l'inquiétude.
Alors qu'on ne sait toujours quasiment rien sur l’emplacement, la taille et la forme du combustible fondu dans les réacteurs du site ravagé, des images prises le lundi 29 janvier 2017 dans l'enceinte de confinement du réacteur 2 de la centrale accidentée par le robot Sasori ("scorpion", un bras télescopique équipé de dosimètres et d’une caméra, chargé de l'explorer) ont montré, pour la première fois, la présence possible de combustible fondu. Le 3 février, toujours grâce au robot,Tepco annonçait avoir observé des niveaux de radiation "pouvant atteindre 530 sieverts par heure".
Une découverte plus qu'inquiétante qui fait craindre de nouveaux retards dans le démantèlement titanesque de la centrale déjà prévu pour durer au moins encore 40 ans et de nouveaux dérapages de coût. En novembre 2016, le gouvernement avait déjà revu à la hausse l’enveloppe globale à 165 milliards d’euros (20 000 milliards de yens), soit le double de l’estimation précédente.
Des milliers d'habitants ont été déplacés pour les mettre à l'abri de la radioactivité. Après de travaux sans fin de décontamination qui s'apparentent au rocher de Sisyphe, seuls 13% d'entre eux sont retournés dans la région de Fukushima, inquiets de la radioactivité. A compter du mois d'avril, le gouvernement japonais veut les contraindre à rentrer chez, alors que beaucoup de zones sont encore contaminées.
Deux rassemblements à Bordeaux
L'anniversaire de la catastrophe est l'occasion pour le Réseau "Sortir du nucléaire" de rendre publiques des informations inédites sur l’état réel des centrales nucléaires françaises et sur les défaillances des équipements censés prévenir les fuites radioactives dans l’environnement. L'ONG Greenpeace qui milite pour la sortie du nucléaire, en profite pour rappeler qu'"EDF n’a plus les moyens d’investir dans la sûreté du parc français alors que les réacteurs vieillissent et sont touchés par des anomalies graves." Et, comme chaque année depuis 2011, pour afficher leur soutien aux victimes de Fukushima, les écologistes organisent de nombreux rassemblements partout en France. Ce samedi, ils auront lieu dans 19 villes, afin d'alerter également le public sur le risque d’accident nucléaire en France.
A Bordeaux, le premier rendez-vous est donné à 13h45 au Miroir d'eau pour 15 minutes de silence à l'appel de Tchernoblaye. Cap ensuite à 14h30, devant le Grand Théâtre, place de la Comédie, à l'appel de Greenpeace.
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Où en est la France sur le nucléaire ? En France, Fukushima a fait voler en éclat le consensus historique en faveur du nucléaire, basé sur l’indépendance énergétique et des prix bas de l’électricité. On a pris alors conscience que, même dans un pays particulièrement développé, possédant une culture technologique de très haut niveau, un accident majeur pouvait se produire dans le domaine de l'atome civil. Et que même l'énergie nucléaire avait un coût.
En 2012, le candidat François Hollande avait promis la fermeture de la centrale de Fessenheim avant la fin de son mandat, ce qui ne sera finalement pas le cas. Il s'était engagé aussi à ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d'électricité à l'horizon 2025. La loi de transition énergétique a été votée en ce sens en 2015. Elle plafonne également la capacité de production nucléaire à son niveau actuel (63,2 gigawatts). La question de la sortie du nucléaire est à nouveau au menu de la campagne présidentielle 2017. Voici les propositions des cinq principaux candidats.
Benoît Hamon. Le candidat socialiste va plus loin que la loi de transition énergétique qui prévoit 50 % de nucléaire (contre 75 % actuellement) à l'horizon 2025. Il s'engage sur une sortie totale du nucléaire en 2040.
Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise se donne dix ans de plus, soit 2050, pour sortir du nucléaire et passer au « 100 % renouvelable ».
Emmanuel Macron. Le candidat d'En marche ! s'en tient à la loi de transition énergétique. Il attend l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la prolongation des centrales au-delà de 40 ans, qui est attendu en 2018, pour se prononcer.
François Fillon. Le candidat des Républicains veut revenir sur la loi de transition énergétique. Il préconise de prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires jusqu'à 60 ans, sauf avis contraire de l'ASN.
Marine Le Pen. La candidate du Front national affiche une ligne pronucléaire, en se prononçant en faveur du programme d'investissement d'EDF pour prolonger la durée de vie des centrales.
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