Un beau spécimen de papillon monarque. Photo archives AFP

Voici une victime collatérale plutôt inattendue de la politique anti-immigration de Donald Trump : la population du papillon monarque qui vient hiberner au Mexique et qui a chuté d’un quart cette année pour des raisons climatiques, pourrait être affectée par le mur que le président américain a l'intention construire à la frontière des deux  pays, selon les autorités mexicaines.

Après un trajet épuisant de plus de 4 000 kilomètres depuis le Canada en passant par les Etats-Unis, ces papillons orange et noir viennent se poser par grappes sur les troncs des arbres d’une vaste zone montagneuse, à cheval entre les Etats de Mexico et du Michoacan, dans l'ouest du pays, où leur population est observée et mesurée. Menacés de disparition par la déforestation sauvage et par l’usage d’herbicide qui prive cette espèce de l’asclépiade, l’unique plante dans laquelle elle pond ses oeufs et dont ses larves se nourrissent, ce papillon coloré est observé à la loupe par les scientifiques. Par ailleurs, pour lutter contre la déforestation qui les menace, le gouvernement mexicain a notamment mis en place une unité spéciale de police chargée de repérer les scieries clandestines installées dans la montagne.

Une chute de 24%

Or leur population est en forte baisse. Ils ont occupé cette saison moins de 3 hectares de forêt de pins contre 4 hectares l’an dernier, soit une chute de 27,4%. « Les raisons de cette chute sont principalement des événements climatiques extrêmes », a expliqué Alejandro Del Mazo, commissaire auprès du gouvernement du Mexique en charge des zones naturelles protégées. L’an dernier, une vague de froid et des chutes de neige avaient en effet touché le secteur. Après l'accroissement de leur population, environ 7% des monarques avaient été tués durant une tempête en mars, au moment où ils repartent habituellement vers les Etats-Unis.

Le mur américano-mexicain, nouvelle menace

« Sans aucun doute, fragmenter les habitats et peut-être causer des changements dans les affluents et rivières que nous partageons avec les Etats-Unis pourraient avoir un impact ». Alejandro Del Mazo.

Selon Alejandro Del Mazo, le mur que Donald Trump veut faire ériger le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pourrait accroître le risque de disparition qui pèse sur le papillon monarque. Au cours de son long périple, cet insecte a en effet besoin d’identifier des refuges, des points d’eau qui, s’ils sont altérés, peuvent avoir un impact. Comme on n'imagine pas vraiment le milliardaire climato-sceptique et anti-écolo prévoir des corridors écologiques pour les papillons, la construction d'un tel mur pourrait modifier les marqueurs naturels qui guident ces insectes à travers la frontière. Et donc, constituer une nouvelle menace pour leur survie.

Cathy Lafon avec l'AFP

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