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Nucléaire. Areva renfloué par l'Etat. Et après ?

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L'EPR de Flamanville 3 en construction, en avril 2014. Photo archives AFP

La France veut sauver le soldat nucléaire. A tout prix, en dépit des déficits abyssaux d'une filière nucléaire qui n'a plus rien du "fleuron industriel de l'Hexagone", selon l'expression consacrée, qu'elle fut durant des décennies.

Le plan français de restructuration du groupe nucléaire Areva devait être validé par la Commission européenne. Ce mardi, Bruxelles a donné son feu vert "sous conditions" au renflouement du groupe qui inclut notamment une augmentation de capital de 5 milliards d'euros à laquelle l'Etat français, actionnaire à plus de 86% d'Areva, devrait participer à hauteur de 4,5 milliards d'euros.

Areva, à court d'argent

Le feu vert européen est toutefois conditionné à "la conclusion positive des essais en cours par l'Agence de sûreté nucléaire (ASN) concernant la cuve du réacteur nucléaire de Flamanville 3". Aussi, la Commission européenne a-t-elle également autorisé l'Etat à accorder un prêt d'actionnaire de 3,3 milliards d'euros à Areva dans l'attente des résultats des essais et donc, de la réalisation de cette recapitalisation. Car Areva est à court d'argent frais... Le groupe doit rembourser plus de 15 milliard d'euros de dette bancaire et obligataire cette année

L'Etat vole aussi au secours d'EDF

sécurit,filière nucléaire,areva,creusot,edf,finance,etat,engiePar ailleurs, l'Etat s'est engagé à participer au renflouement d'EDF, également plombé par le nucléaire, dont il détient près de 85% du capital, en apportant 3 milliards d'euros à l'augmentation de capital de 4 milliards d'euros que l'électricien doit réaliser cette année. Et ce n'est pas fini. Pour refonder la filière, l'exécutif vend aussi 3,7% du capital d'Engie, à un bien mauvais moment, selon les experts, même si l'opération devrait lui rapporter 1 milliard d'euros.

Selon le "Canard Enchaîné", le nucléaire français n'achète plus ses pièces en France depuis 2015

Tout ça pour quoi ? Selon une révélation du "Canard enchaîné" de ce mercredi 11janvier, depuis le double scandale des anomalies constatées sur la cuve de l'EPR de Flamanville et dans les pièces forgées au Creusot, dans l'usine d'Areva, la filière nucléaire française refuse depuis 2015 toutes les pièces en acier forgées en France ! Une décision approuvée par l'ASN qui a elle-même révélé les anomalies de Flamanville, et non Areva, qui les connaissait pourtant de longue date.

"Un secret bien gardé"

L'hebdomadaire satirique qui évoque dans ses colonnes un "secret bien gardé qui en dit long sur l'état de notre industrie nucléaire", précise aussi qu'Areva a commandé, au début de 2016, un second audit à la Lloyd's Register Apave, à partir de 2005, début de la construction des EPR, et dont les résultats devraient être connus au mieux, en juin 2017. Selon l'ASN, écrit le journal, ce sont 10 000 pièces qui doivent être vérifiées.

Pour la rénovation des réacteurs ou pour l'EPR, EDF achète donc les pièces et l'acier nécessaires... au Japon. C'est plutôt ballot, quand on sait que les centrales vieillissante demandent de nouvelles pièces, et la nouvelle génération des fameux EPR, des cuves et des générateurs tout neufs...  On voit mal comment le nucléaire français pourrait parvenir à se sortir des multiples pièges dans lequel il est englué.

Techniquement, le conseil d'administration d'Areva se réunit ce mercredi pour examiner les conséquences de la décision de Bruxelles.

Cathy Lafon

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