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La neige de pollution, dite aussi "neige industrielle", c'est quoi au juste ?

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Neige sur le pont Chaban-Delmas à Bordeaux le mercredi 4 janvier 2017. "Vraie" neige, ou neige industrielle causée par la pollution ? Photo Guillaume Bonnaud / "Sud Ouest"

Ce mercredi matin vers 10h, à Bordeaux, en grimpant à vélo la côte qui mène au pont de pierre, sous les volutes d'un brouillard épais que le disque solaire tentait en vain de percer, les toits des maisons sur les quais étaient blanchâtres, les pelouses parsemées de blanc. Trop gros pour du givre. Alors, une chute de neige que Météo France n'aurait pas vu venir ? Il n'a quand même pas fait si froid. Bizarre, bizarre...

Neige de pollution

"Ce n’est pas une perturbation atmosphérique, cela intervient sur quelques dizaines de mètres au dessus du sol. Lorsque la masse d’air froid est saturée d’humidité, des particules solides causées par la pollution provoquent la cristallisation des gouttelettes d’eau présentes dans l’air." Patrick Lavergne, Météo France, à "Rue89 Bordeaux"

Pour avoir le fin mot de l'histoire, le site Rue89 Bordeaux a consulté Patrick Lavergne, un expert de Météo France à la direction interrégionale Sud-Ouest. Selon lui, il s'agirait en réalité de cette drôle de neige issue de la pollution, qui, dans certaines conditions atmosphériques, peut provoquer des précipitations que les météorologues nomment "neige urbaine" ou encore "neige industrielle".

Pour le prévisionniste, rien de magique ni de poétique donc dans la fine couche de sucre glace observée hier matin dans l'agglomération bordelaise, qui pourrait résulter de la pollution de l'air aux particules fines dues aux transports, aux industries et au chauffage urbain. Les habitants des mégalopoles de Chine, asphyxiées par le smog, connaissent par coeur ce phénomène hivernal qui s'est également invité en France depuis ce week-end, aux abords de certaines grandes villes d'Ile-de-France, de Bretagne, des Pays-de-Loire, de Lorraine, de Bourgogne et des Hauts-de-France. Et qui semble avoir touché hier l'agglomération bordelaise, même si, selon le site Internet de "Sud Ouest" qui a sollicité l'avis d'un autre météorologue, il pourrait aussi très bien s'agir d'un "vrai" grésil ou d'une "vraie" neige. Impossible de trancher a posteriori:  pour en avoir le coeur net, il aurait fallu procéder à des analyses desdits flocons... qui depuis ont largement eu le temps de fondre.

Niveau de qualité de l'air : "moyen"

Une chose est sûre : s'il n'y avait pas ce mercredi de pic de pollution en cours à Bordeaux signalé par Atmo Nouvelle Aquitaine, l'agence qui mesure la qualité de l'air dans la région, le niveau de la qualité de l'air était "moyen" (5) depuis mardi. Les personnes sensibles à la pollution ont de nouveau les sinus en feu, la gorge irritée, toussent, ont du mal à respirer... Depuis hier, un léger voile jaunâtre de pollution persiste à ternir le ciel redevenu bleu et toujours aussi glacial.

Comment se forme "la neige industrielle" ?

Après la neige artificielle, produite par les canons à neige dans les stations de ski pour compenser l'absence de précipitations, voici donc la "neige industrielle". Lorsqu'elle tapisse le sol, rien ne ressemble autant à une neige classique très fine que la neige de pollution. Mais, contrairement à la première qui est tombée ces jours-ci dans le quart nord-est du pays, cette neige des temps modernes se forme lorsqu'il y a un niveau élevé de pollution aux particules fines stagnant dans l'atmosphère, un air humide et des températures négative, en l'absence de vent. Lorsque les microparticules polluantes en suspension à une altitude de 200 à 300 mètres, entrent dans une nappe de brouillard givrant, de la vapeur d'eau se condense autour d'elles, formant des microcristaux de glace. Ces microcristaux s'accumulent ainsi jusqu'à former un flocon qui grossit et finit par tomber sur le sol. Le processus de formation de la neige ordinaire est identique, mais elle s'agrège sur des particules de poussière et non de pollution. Elle a également besoin de températures plus basses et d'une altitude plus élevée que la neige de pollution.

La Gironde connaît un nouvel "épisode de pollution" aux particules fines

Avec le changement climatique, on avait peur de ne plus voir la neige. "Grâce" à la pollution atmosphérique, elle est toujours là ! Ce mercredi également, dans la vallée de l'Arve près de Chamonix, dans les Alpes, l'alerte à la pollution de l'air aux particules fines était enfin levée. Elle aura durée plus d'un mois, depuis le 30 novembre. Ce jeudi, la préfecture de la Gironde a déclenché de nouveau une information sur un dépassement du seuil d'information et de recommandations aux particules en suspension (PM10), dues à la conjonction d'émissions de polluants importantes et de conditions atmosphériques spécifiques , qui devrait durer jusqu'à vendredi. Décidément, on vit une drôle d'époque... Faudra-t-il vraiment en prendre l'habitude ?

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Sans danger ? S'ils peuvent faire froid dans le dos quant on connaît leur origine, les flocons de neige industrielle ne sont a priori pas dangereux pour la santé et les bronches, indique l'agence Santé Publique France, car on ne les inhale pas. En revanche, il est déconseillé de les croquer ou de les boire, comme aiment à le faire les enfants, parce que les manger peut libérer ses particules polluantes. Voire créer un choc thermique si on en avale trop. Bon, vu la quantité qui est tombée hier à Bordeaux, le risque est plus que limité...

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