Mais où sont donc passés les glaciers arctiques ? Réponse mardi soir sur Arte, avec "Chasing Ice"
"Chasing Ice", photo DR
Documentaire de Jeff Orlowski, "Chasing Ice ("Chasseur de Glaces"), réalisé en 2012, décrit le travail de James Balog (photo ci-contre). Cet éminent photographe du "National Geographic", alors climatosceptique, a été chargé en 2005 par le magazine d'immortaliser la fonte et la chute des glaciers, conséquences du changement climatique. Une mission qui l'a convaincu de la réalité du phénomène, qu'il a filmé ensuite pendant plus de trois ans, au cours de son projet "Extreme Ice Survey", destiné à faire prendre conscience au grand public de son ampleur. A l’aide de vingt-quatre caméras, équipées pour ces conditions extrêmes et installées au Groenland, en Alaska ou dans les Rocheuses, et malgré les péripéties qui jalonnent son entreprise, James Balog a enregistré jour après jour l’impact du réchauffement climatique : la chute vertigineuse des icebergs et le retrait des glaciers de l'Arctique.
Diffusé pour la première fois à la télévision ce soir à 20h55 sur Arte, "Chaising Ice" fournit les preuves par l'image, aussi irréfutables que spectaculaires, de l’impact du réchauffement climatique sur la fonte des glaciers.
En 2020, y aura-t-il en encore une banquise l'été dans l'Arctique?
Le réchauffement climatique est une réalité vécue depuis longtemps dans l'Arctique : la région polaire se réchauffe même deux fois plus vite que la moyenne de la planète. Durant l'été 2012, c'est carrément comme si on avait laissé la porte du congélateur ouverte : la glace a fondu comme de la crème glacée laissée à l'air libre. L'Arctique d'aujourd'hui est méconnaissable : il n'y a presque plus de glace pluriannuelle, celle qui survit d'une année à l'autre. Et cela s'accélère, à tel point que le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) qui prévoyait la disparition de la banquise en été pour 2050 à 2100 estime que ses prévisions sont désormais dépassées : la banquise devrait disparaître en été, d'ici à 2020, peut-être 2015.
Chaleur record sur les pôles en 2016
A l'automne 2016, au delà du cercle polaire, avec près de zéro degré Celsius au pôle Nord, soit 20°C au-dessus de la moyenne, l'Arctique a connu une chaleur record. Deuxième inquiétude, confrontée à un "cercle vicieux" qui s’annonce de plus en plus fréquent avec le réchauffement climatique, la banquise polaire était à un minimum historique à cette époque de l'année. Un deuxième record sans précédent dans l'histoire moderne de la planète qui accentue le réchauffement de l'air et qui interroge les climatologues : les pôles Nord et Sud jouent en effet le rôle de climatiseurs dans l'écosystème Terre.
Le climatiseur de la planète en panne
La perte de glace dure et épaisse est encore plus significative que le recul de la superficie glacée. Si on regarde seulement l'étendue, c'est une baisse de 50%, mais si on regarde le volume de la banquise, on arrive à 82% de baisse. Or, l'Arctique agit comme le climatiseur de la planète. L'eau libre absorbe 90% de la chaleur du soleil, mais la glace au contraire reflète 90% de cette chaleur. Enlever la glace, c'est retirer le réfrigérant du climatiseur. On entre donc dans un monde nouveau, où les systèmes climatiques qui déterminent la météo ne se comporteront plus de la même manière. Les zones tempérées notamment, vont connaître plus d'extrêmes. Et ce, plusieurs décennies avant ce qu'avaient prédit les modèles climatiques.
Un climatosceptique devenu "climatoréaliste"
La glace est la mémoire du climat : grâce aux spectaculaires photos de James Balog, l'histoire du climat de la planète Terre se déroule devant nos yeux. Et la destruction des glaciers polaires par le réchauffement planétaire est un fait objectif, comme on le découvre dans "Chasing Ice". Ce documentaire, pratiquement inédit en France, est à voir absolument ! Car le dénouement de cette histoire, n'en déplaise aux climatosceptiques de tous bords, reste à écrire et il dépend de nous.
Crédits photos : James Balog et AFP
►A VOIR
- "Chasing ice, climat en péril : la preuve par l'image". Mardi 3 janvier 2017, 2Oh55
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