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Présidentielle et législatives 2017 : les 30 propositions de 26 ONG pour la cause des animaux

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Un collectif d'ONG veut inscrire la question animale parmi les enjeux politiques des échéances électorales de 2017. Photo archives AFP

Les droits des animaux et leurs défenseurs s'invitent dans la pré-campagne électorale de 2017. Emmenées par Matthieu Ricard, docteur en biologie cellulaire et moine bouddhiste tibétain, 26 organisations de protection animale se sont rassemblées au sein du Collectif AnimalPolitique, mutualisant ainsi et de manière totalement inédite dans leur histoire, leurs expertises et leurs expériences.

De la Fondation Bardot à Welfarm et 269 Life France, en passant par la SPA, Sea Shepherd, L214, Peta, CIWF, ASPAS .... la coalition d'ONG a travaillé six mois durant avec un objectif clair : contribuer, à travers 30 propositions concrètes, réalistes et immédiatement applicables, à imposer la question animale au cœur des préoccupations des politiques français. Un enjeu dérisoire au regard de la guerre en Syrie, de la violation des droits de l'homme et des violences faites aux femmes ou aux enfants ? Détrompez-vous.

Le bien-être animal est-il accessoire par rapport au bien-être humain ?

Pas vraiment, si l'on s'en réfère à l'opinion des Français. En 2012, lors des précédentes élections présidentielles, ils étaient 81% à estimer qu’il était important de protéger les animaux. Il est vrai qu'au total, plus de 63 millions d’animaux de compagnie peuplent nos foyers. Au vu des chiffres, il est impossible de dénier à ce sujet une place essentielle dans le débat public. Pourtant, constatent les ONG, malgré l'intérêt croissant de leurs concitoyens pour la cause animale, "la dénonciation des actes de cruauté et la reconnaissance de la sensibilité des animaux par la science et le droit, l’engagement des politiques pour améliorer leur situation reste très insuffisant."

L'animal, un être vivant doué de sensibilité

Pas encore convaincus ? Sachez qu'aujourd'hui, en France, chaque année, la chair, la peau, le pelage ou le plumage de plusieurs milliards d’animaux sont utilisés pour l’expérimentation scientifique, l’enseignement, le divertissement, ou encore pour leur compagnie. Les animaux occupent une place essentielle dans notre quotidien et sur la planète, les humains interagissent et partagent un même espace avec des millions d’animaux sauvages. En France, la loi (article L. 214-1 du Code rural et article 515-14 du Code civil) reconnaît l’animal comme un être vivant doué de sensibilité. Pour autant, son statut juridique demeure insuffisamment protecteur et certaines espèces ne sont couvertes par aucune réglementation spécifique. Quant à la réglementation existante, même quand elle est appliquée, "elle autorise encore des pratiques sources de souffrances pour les animaux", explique le Collectif AnimalPolitique qui souligne que  intérêt propre des animaux est rarement pris en compte. "Il est donc nécessaire que la valeur intrinsèque de l’animal, par ailleurs reconnue par l’Union européenne, guide nos comportements", estiment les défenseurs des animaux.

droit des animaux,maltraitance,élevagePlus d'un milliard d'animaux abattus chaque année en France

Sachez aussi que plus d’un milliard d’animaux terrestres sont abattus chaque année en France, principalement à des fins alimentaires. La majorité d’entre eux sont élevés de manière intensive dans des conditions incompatibles avec leurs besoins physiologiques et comportementaux (batteries de cages, confinement dans des bâtiments...) et parfois abattus avec une cruauté insoutenable, comme l'ont dénoncé les trop nombreuses vidéos chocs réalisées par l'association L214 (photo ci-contre, dans un abattoir d'Alès, capture d'écran vidéo L214).

2 millions d'animaux, objets d'expérimentation

Selon les statistiques 2014 du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, près de 2 millions d’animaux, encore, sont réduits à l’état d’objet d’expérimentation, alors même que des scientifiques remettent en cause la pertinence du « modèle animal » en matière de santé humaine. Près d’un million de ces animaux ont subi des procédures provoquant une douleur allant de modérée à très sévère, et 19 % ont souffert d’une mutation génétique dont la majorité avec un phénotype dommageable.

droit des animaux,maltraitance,élevageEnfin, le nombre d'animaux maltraités à des fins de divertissement ou au quotidien ne peut qu'interpeller : "corridas, combats de coqs, numéros de cirques et exhibitions zoologiques perdurent encore au nom de la tradition, en dépit de leur violence", dénonce le collectif. Même les animaux dits de compagnie, victimes de maltraitance et de reproduction intensive, ne sont pas épargnés, alors que plus de 100 000 d'entre eux sont abandonnés chaque année. Les animaux sauvages pâtissent, quant à eux, de l’impact des activités humaines sur leur milieu tandis que la pêche et la chasse continuent d’être pratiquées comme loisirs. 

30 propositions pour inscrire la cause animale dans le débat politique électoral

A partir de ces multiples constats, le Collectif AnimalPolitique a formulé 30 propositions, regroupées en six thématiques, selon la condition et l'utilisation qui est faite de l'animal, dans un Manifeste destiné aux candidats à l'élection présidentielle et aux élections législatives pour qu'"ils prennent position publiquement pour une question qui ne doit plus rester le parent pauvre du débat citoyen".

L'étourdissement avant toute mise à mort

Concernant les animaux d'élevage, un sujet d'une actualité brûlante, le collectif fait ainsi cinq grandes propositions : favoriser le plein-air et interdire les cages ainsi que les conditions d’élevage incompatibles avec les besoins des animaux, mettre fin aux pratiques d’élevage douloureuses (castration à vif, écornage, gavage…), limiter la durée des transports d’animaux vivants et mettre un terme à leur exportation hors de l’Union européenne, renforcer la protection des animaux à l’abattoir et rendre systématique l’étourdissement avant toute mise à mort, faire évoluer les politiques alimentaires et agricoles par une meilleure prise en compte des animaux et de leur bien-être (étiquetage des modes d’élevage et d’abattage, alternatives végétales, etc.), et enfin, conditionner la signature de traités de libre-échange (TAFTA, CETA...) à l'adoption de clauses en faveur de la protection animale.

Un dimanche sans chasse

Les défenseurs des animaux veulent aussi abolir les corridas et les combats de coqs, interdire la capture des animaux sauvages dans leur milieu naturel et leur importation sur le territoire à des fins de divertissement, reconnaître à tout animal sauvage le statut d’être vivant doué de sensibilité. Réalistes, elles ne demandent toutefois pas l'abolition de la chasse, mais prônent l'instauration d'un dimanche sans chasse.

droit des animaux,maltraitance,élevage"Le prochain pas de civilisation"

"C’est le prochain pas de civilisation, après l’abolition de l’esclavage, de la torture et la reconnaissance des droits des hommes et des femmes, a jugé Matthieu Ricard, lors du lancement du manifeste, le 22 novembre. Il n’y a aucun argument moral qui ne tienne pour infliger des souffrances non nécessaires et des tortures incessantes à des êtres vivants sensibles." L’auteur de  "Plaidoyer pour les animaux", végétarien depuis quarante-cinq ans, qui relève que "le nombre de chasseurs a diminué de moitié en vingt ans dans notre pays, que plus de 70 % des Français veulent abolir la corrida et que les jeunes sont de plus en plus nombreux à être végétariens", en est convaincu  :"Un changement de culture et de société est en cours, même s’il prend du temps."

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour téléchargez le Manifeste AnimalPolitique sur le site : cliquer ICI
  •  Les membres du Collectif AnimalPolitique : Alliance Anticorrida, Antidote Europe, ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), Association Stéphane Lamart, C'est Assez !, CIWF France (Compassion In World Farming), CNSPA (Confédération Nationale des SPA de France - Défense de l'Animal), Code animal, CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida), FLAC (Fédération des Luttes pour l'Abolition des Corridas), Fondation Assistance aux Animaux, LFDA (La Fondation Droit Animal, éthique et sciences), Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d'amis, FUDA, IFAW France (Fonds international pour la protection des animaux), L214, OABA (OEuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs), One Voice, PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), Pro Anima, Sea Shepherd, SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux), la SPA (la Société Protectrice des Animaux),269 Life France, WELFARM.

 ►EN CHIFFRES

  • Au total, plus de 63 millions d’animaux de compagnie peuplent nos foyers. Selon une étude FACCO / TNS SOFRES de 2014, la France compte plus de 12,7 millions de chats, 7,3 millions de chiens, 5,8 millions d’oiseaux, 34,2 millions de poissons et 2,8 millions de petits mammifères, ce qui la classe en tête des pays d’Europe possesseurs d’animaux de compagnie.

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