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Selon une étude commandée par Greenpeace, EDF est "asphyxiée par le nucléaire"

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 Une étude commandée par Greenpeace alerte sur l'avenir financier d'EDF. Photo archives AFP

Des centrales électriques « probablement » surévaluées et des coûts de démantèlement des réacteurs nucléaires et de gestion des déchets « drastiquement » sous-estimés : commandée par Greenpeace, une étude du cabinet d’analyse financière AlphaValue, intitulée « EDF asphyxiée par le nucléaire », publiée le 17 novembre, éreinte la stratégie nucléaire d’EDF et sa situation financière. Selon l'ONG qui n'y va pas par quatre chemins, au vu de ce rapport, le nucléaire et l'électricien français dissimuleraient « les signes de leur faillite».

« Entre 57,3 et 63,4 milliards d’euros en 2025 »

Evoquée lors de la catastrophe de Fukushima, la question du sous-provisionnement du démantèlement des centrales du parc électro-nucléaire français n'est pas nouvelle, pas plus que celle du coût de la gestion des déchets. En la matière, l'incertitude réside plutôt dans le chiffrage des montants. Dans un contexte ultra-tendu pour la filière où près d'un tiers des réacteurs de l'Hexagone sont arrêtés, alors que les anomalies se multiplient dans le parc, une nouvelle étude d'analyse financière sonne l'alarme sur la situation financière de l'électricien.

AphaValue évalue en effet ces postes « entre 57,3 et 63,4 milliards d’euros en 2025 », soit bien plus que les fonds propres actuels du groupe, proches de 25 milliards. Pour ses calculs, le cabinet se base notamment sur des hypothèses tirées de plusieurs rapports de la Cour des Comptes, parfois différentes de celles utilisées par EDF, sur les coûts de déconstruction des centrales et la nécessité de fermer au moins 17 réacteurs pour respecter les objectifs de la loi sur la transition énergétique.

Pour EDF, comparaison n'est pas raison

Le cabinet a également comparé les calculs d’EDF avec ceux d’autres exploitants nucléaires, notamment allemands. Ces comparaisons « doivent toutefois être analysées avec prudence car il y a des paramètres différents entre les pays qui expliquent les différences », a réagi auprès de l’AFP EDF, évoquant le périmètre considéré, ou l’effet de standardisation à attendre en France du fait d’un parc de 58 réacteurs plus important. Les fourchettes provisionnées par EDF « ont été confirmées par l’audit de la DGEC (instance du ministère de l’Énergie) en 2014 et 2015 », précise l’électricien.

Développement des énergies renouvelables et loi sur la transition énergétique

Par ailleurs, AlphaValue estime qu’EDF devrait « envisager (…) une dépréciation de (ses) actifs nucléaires et thermiques » dans ses comptes, autrement dit revoir à la baisse la valeur de son parc de centrales nucléaires et de ses centrales conventionnelles fonctionnant au charbon, au gaz ou au fioul. Le cabinet le justifie par le bouleversement des marchés de l’énergie en France et en Europe, avec le développement des énergies renouvelables et une demande de courant qui devrait légèrement baisser dans les prochaines années, ainsi que par la loi sur la transition énergétique qui prévoit la réduction de la part de l’atome en France. Côté EDF on répond que pour le parc français « les tests ont été mis en oeuvre conformément aux normes comptables en vigueur et n’ont pas fait apparaître de risques de dépréciation ». Par ailleurs, l’électricien rappelle que « pour évaluer la valeur d’un actif de long terme, il faut construire des scénarios de prix (de l’électricité) de long terme sur toute la durée de vie de l’actif ».

Des investissements astronomiques à venir pour EDF

Enfin, l’étude se penche sur les investissements à venir d’EDF (projet Hinkley Point, grande maintenance du parc nucléaire français, énergies renouvelables, rachat de la branche réacteurs d’Areva, etc) et conclut qu’ils s’élèvent à plus de 160 milliards d’euros d’ici 2025, soit plus de 15 milliards d’euros par an. EDF a évalué ces besoins d’investissements entre 12,5 et 13,5 milliards d’euros par an au cours des trois prochaines années.

Pour Greenpeace, l'étude des comptes d'EDF démontre que la stratégie industrielle de prolongation des réacteurs coûte plus cher que de les fermer et l'entreprise. En "misant sur le tout nucléaire et en s'obstinant à vendre des réacteurs, l'entreprise est tout simplement non compétitive", dénonce l'ONG, pour qui "le nucléaire n'est pas une énergie d'avenir".

Au-delà de la polémique entre pro et anti-nucléaires, reste que, face au mur d'investissement auquel elle doit faire face d'ici dix ans, si EDF mettait vraiment de côté l'argent nécessaire au démantèlement des centrales et à la gestion des déchets, sa faillite serait déjà déclarée.

Seul élément positif, selon AlphaValue, la réduction de capacités nucléaires entraînera une hausse des prix de l’électricité qui « aura un effet positif à l’horizon 2025 » sur les revenus d’EDF. Mais pas vraiment dans le porte-monnaie du consommateur...

Cathy Lafon

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