Energies vertes : c'est le grand boom planétaire
Les éoliennes de Merdelou-Fontanelles dans le sud de l'Aveyron (France). Photo AFP
Bonne nouvelle pour la planète et le climat : les énergies renouvelables vont se développer plus vite que prévu d'ici à 2021, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a revu largement à la hausse ses prévisions de développement à cinq ans des énergies vertes utilisées pour la production d'électricité, dans son dernier rapport annuel publié le 25 octobre 2016.
Réelle, l'accélération de la transition énergétique dans le monde reste toutefois tributaire des politiques publiques des pays et ne doit pas masquer les disparités régionales, note aussi selon l'Agence.
13 % de plus que la prévision
"Nous assistons à une transformation des marchés mondiaux de l'électricité, sous l'impulsion des renouvelables." Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, à l'AFP
Après une année 2015 record pour le développement de l'éolien terrestre et du solaire, avec 112 GW installés, et 153 GW pour l'ensemble des énergies renouvelables, l'AIE évalue désormais à 825 gigawatts les nouvelles capacités électriques liées au solaire, à l'éolien, à l'hydroélectricité, etc., qui devraient être installées d'ici à 2021, soit une progression de 42% par rapport à leur niveau de 2015, et 13% de plus que ce qu'elle envisageait précédemment. Dans cinq ans, l'hydroélectricité pèsera pour 59% de la production mondiale d'électricité renouvelable, l'éolien, 21%, le solaire, 9%, la bioénergie, 9% et 2% les autre sources d'énergie renouvelables.
Les énergies renouvelables représenteront ainsi 28% de la production d'électricité mondiale en 2021, contre 23% fin 2015.
Pour expliquer l'accélération attendue, l'AIE met en avant la baisse des coûts de l'éolien et du solaire, déjà forte ces dernières années et qui va encore s'intensifier, rendant ces énergies toujours plus compétitives, notamment dans des pays clefs, comme les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et le Mexique. La chute des coûts des modules photovoltaïques a atteint 70 % entre 2010 et 2015, et l'AIE s'attend à une nouvelle diminution de 25 % d'ici à 2021. De même dans l'éolien, les coûts pourraient encore reculer de 15 % sur la période. Ces deux énergies représenteront les trois quarts des nouvelles capacités électriques installées les cinq prochaines années.
"Seuls l'éolien terrestre et le solaire photovoltaïque sont sur la trajectoire de la COP21"
L'essor exceptionnel du secteur doit être nuancé. Seuls le vent et le solaire, sont dans les clous de l'accord international de Paris sur le climat, prévient l'AIE. En 2021, ces deux énergies vertes représenteront 75% de la croissance du secteur, mais pour les autres énergies renouvelables, le scénario est moins dynamique. L'installation de nouvelles capacités hydroélectriques va ralentir, avec moins de grands projets en Chine et au Brésil. La biomasse, le solaire à concentration, la géothermie ou les énergies de la mer vont également croître moins vite.
La Chine, en tête
« En 2021, plus d'un tiers de la capacité photovoltaïque et éolienne sera située en Chine. » L'AIE.
Si les énergies vertes explosent, au-delà des prévisions, c'est surtout grâce à "l'évolution des politiques" annoncées dans quatre pays exemplaires en la matière : les Etats-Unis, la Chine (photo AFP ci-contre), l'Inde et le Mexique. Les Etats-Unis, par exemple, ont prolongé jusqu'en 2021 un crédit d'impôt sur l'investissement et la Chine s'est fixé des objectifs ambitieux dans son 13e plan économique quinquennal avec d'importants soutiens publics.
Globalement, "l'Asie prend définitivement la tête" du développement des renouvelables, concentrant plus de la moitié de la croissance attendue. En 2021, la Chine sera le marché principal pour les énergies vertes, avec près de 40 % de la croissance. Toutefois, "les énergies renouvelables n'y représentent qu'une part limitée de la croissance de la production d'énergie", toujours dominée par les énergies fossiles, relève l'Agence.
La bataille contre le réchauffement climatique
Aussi, la bataille de la crise climatique n'est-elle pas gagnée d'avance. Selon l'AIE, la concurrence entre les renouvelables et le gaz et le charbon, notamment en Asie, reste le facteur déterminant qui fera gagner ou perdre la lutte contre le réchauffement planétaire. Dans les pays de l'OCDE, la croissance de la production renouvelable dépasse celle de la production totale d'énergie, ce qui signifie qu'il y a bel et bien un remplacement en cours des énergies conventionnelles. Une autre bonne nouvelle.
Mais la faculté d'atteindre ces nouveaux objectifs restera toutefois liée aux politiques mises en place dans chaque pays, avertit l'AIE, qui lève notamment des incertitudes politiques dans trop d'entre eux, une impréparation des réseaux électriques pour intégrer les énergies renouvelables - par exemple en Chine et en Afrique du Sud - ou encore des conditions de financement pénalisantes dans les pays émergents. Pour sauver le climat, il y a encore du pain sur la planche.
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La Chine détient un double record mondial de l'éolien : celui de la capacité totale installée (91,5 gigawatts fin 2013) et celui du plus grand parc, le Xian de Guazhou, dans la province du Gansu, dans le centre du pays (photo AFP ci-contre).
Il s'agit de dizaines de fermes éoliennes connectées entre elles. D'une capacité installée de 5,2 gigawatts (produisant presque autant que deux réacteurs nucléaires), il vise une capacité de 20 gigawatts en 2020.