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Les palombes, vue des l'espace par les satellites Argos

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Un beau spécimen de palombe. Photo archives Sud Ouest / Fabien Cottereau

En Aquitaine, la saison des palombes démarre. Chaque année, à la mi-octobre, dans le grand Sud-Ouest, on scrute fébrilement le ciel, dans l'attente de l'oiseau bleu migrateur. Traditionnellement pour le chasser, mais aussi pour le simple plaisir de le savoir de retour dans nos contrées, prêt à traverser les cols basques pyrénéens vers la péninsule ibérique, ou à hiverner chez nous. Car, ce n'est plus un secret pour personne, la biodiversité, sur Terre, n'est pas au mieux de sa forme. Alors, les palombes, si on les compte, c'est aussi pour évaluer leur population qui, fort heureusement, se porte pour l'heure à merveille. Pour autant, ces oiseaux font partie des espèces emblématiques que les scientifiques observent à la loupe, afin de mieux les protéger.

Pollution, réchauffement climatique, activités humaines..., autant de facteurs qui influent de façon dramatique sur notre faune. En quatre décennies à peine, la biodiversité de notre planète a chuté de plus de moitié selon le rapport Planète Vivante publié en 2014 par le WWF. Pour mieux protéger ce patrimoine naturel, les biologistes français sont nombreux à œuvrer au quotidien aux quatre coins du monde. Ils étudient les manchots royaux dans les territoires australes, les éléphants de mers sur les banquises antarctiques, les rennes en Sibérie, les tortues marines à La Réunion, en Guyane... Et aussi, plus près de chez nous, les pigeons ramiers européens, les fameuses palombes.

palombe,étude,satellite,argosLes palombes, vues de l'espace

Afin de poursuivre leurs observations et pister leurs protégés quand ces derniers ne sont plus à portée de vue, les scientifiques utilisent le système franco-américain Argos de localisation et de collecte de données environnementales par satellite, grâce auquel ils ont pu suivre plus de 100 000 animaux depuis l’espace ces 30 dernières années. Le 6 octobre dernier, une centaine de scientifiques français, réunis à Toulouse, dévoilaient les mystères que le système satellitaire leur avait permis de révéler. Entre autres, sur les palombes.

Palombes à foison 

Les palombes ou pigeons ramiers (Columba palumbus) comptent parmi les oiseaux les plus répandus et abondants en Europe. En automne, l'oiseau bleu constitue dans le Sud-Ouest un gibier particulièrement prisé par les chasseurs, les "paloumayres", lorsqu'il pointe le bout de son bec, pour survoler en nombre les plaines de la région et les cols basques des Pyrénées, et gagner des contrées plus chaudes de la péninsule ibérique. Ou prendre ses quartiers d'hiver en France.

Les palombes passent encore... Oui mais où ? 

Au début des années 1990, la préoccupation était grande. Certains pensaient que les palombes n’allaient plus franchir les Pyrénées, dans leur migration postnuptiale, pour se rendre sur leurs sites d’hivernage en péninsule ibérique. Pour expliquer le phénomène, on évoquait, entre autres, la responsabilité du réchauffement climatique. L'inquiétude, réelle, provenait des comptages réalisés par l’association naturaliste Organbidexkacol libre (OCL) et les techniciens de la Fédération de chasse 64, qui avaient observé un déclin constant du passage automnal des pigeons ramiers sur les cols pyrénéens basques d’Organbidexka et d’Iraty, depuis le début des années 1980. Aujourd’hui, à la faveur de données récoltées au sein de divers réseaux d’observation, il apparaît qu’il n’en est rien : le flux bleu est stable… Si le réchauffement climatique est une réalité, la palombe va bien, merci pour elle. En revanche, les détails de sa migration ne sont toujours pas encore bien cernés.

En quels points de la chaîne pyrénéenne migre-t'elle aujourd'hui vers la péninsule Ibérique ? Un contingent toujours plus important hivernerait-il dans le Sud-Ouest ou ailleurs en France ? Ses haltes migratoires et ses zones d’hivernage, avec leurs habitats associés, restent encore peu connus. Aux côtés des naturalistes, les fédérations de chasse régionales, soucieuses de respecter l’équilibre de cette espèce, ont lancé des programmes d’études dans le but de mieux connaitre les zones de reproduction et d’hivernage de la palombe, et de pratiquer un prélèvement respectueux des populations. 

Quoi de neuf sur les palombes ?

Valérie Cohou, experte en dynamique des populations animales, a été chargée par le GIFS France - association qui regroupe  les 13 Fédérations des Chasseurs d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées - de mener ces études. Dans ce cadre, la chercheure a fait déposer 60 balises Argos sur des oiseaux capturés pour la plupart dans le grand Sud-Ouest de la France depuis plus de dix ans. Elle livre aujourd'hui ses premières découvertes. 

Trois axes de migration principaux

"Ces études ont remis en cause des théories plus anciennes, explique-t-elle. Les suivis satellitaires Argos nous ont vraiment apporté un nouvel éclairage sur le pigeon ramier, une nouvelle connaissance sur l’espèce, la migration, l’hivernage et la reproduction des oiseaux. Nous avons pu observer que le départ en migration prénuptiale s’étalait de fin février à fin mars, avec un pic lors de la deuxième décade de mars. Nous avons également identifié trois axes de migration principaux, avec une prédilection pour le couloir central, clairement orienté sud-ouest/nord-est.

Le système Argos nous a également permis d’obtenir une information sur la durée des périples et des haltes migratoires, très variables, qui peuvent aller d’une journée à trois semaines. Contrairement à leurs quartiers d’hiver, les pigeons ramiers semblent très fidèles à leurs sites de reproduction.

L’ensemble de ces résultats, conclut la scientifique, une fois étoffé par d’autres données, aura des implications importantes dans une optique de gestion conservatoire de cette espèce emblématique. En effet, l'étude suggère que les pigeons ramiers utilisent des routes bien définies pour effectuer leurs migrations, stationnant pendant plusieurs jours en différents points."

Cathy Lafon

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