Anomalie à la centrale nucléaire de Fessenheim : Greeenpeace porte plainte contre EDF et Areva
Le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Fessenheim est fermé depuis la mi-juin 2016. Photo AFP
L'ONG Greenpeace a annoncé, vendredi 14 octobre, qu'elle allait porter plainte avec d'autres associations anti-nucléaires contre EDF et Areva, pour usage de faux et mise en danger délibérée de la vie d'autrui, à la suite de la détection d'une anomalie dans un générateur de vapeur du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), la doyenne des sites nucléaires français.
"Les associations demandent au procureur de la République de Paris d'ouvrir une enquête préliminaire sur quatre délits majeurs, dont usage de faux et mise en danger délibérée de la vie d'autrui", a indiqué Greenpeace dans un communiqué à l'AFP.
La plainte mentionne aussi un délit d'utilisation d'un équipement à risques ne satisfaisant pas aux exigences essentielles de sécurité et la déclaration tardive de l'exploitant d'un incident risquant d'avoir des conséquences notables sur la sûreté de l'installation, selon le document consulté par l'AFP. Elle devait être déposée vendredi dans la matinée auprès du tribunal de grande instance de Paris par Greenpeace, mais aussi Réseau Sortir du nucléaire, Stop Transports-Halte au nucléaire, Stop Fessenheim, Alsace Nature, France Nature Environnement et le Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (CSFR).
87 irrégularités sur des réacteurs en fonctionnement
Areva avait annoncé fin avril que des anomalies documentaires avaient été détectées dans le suivi des processus de fabrication d'équipements au sein de son usine du Creusot, où a aussi été fabriquée la cuve de l'EPR de Flamanville. L'audit mené sur 400 dossiers prioritaires a déjà permis de relever 87 irrégularités sur des réacteurs en fonctionnement, dont la virole basse d'un générateur de vapeur du réacteur numéro 2 de Fessenheim.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a décidé, en juillet dernier, de maintenir à l'arrêt le réacteur dans l'attente des résultats de tests complémentaires prévus jusqu'à la fin de l'année pour prouver la sûreté de la pièce. Le démarrage étant reporté au printemps 2017. "Les associations reprochent à EDF et Areva d'avoir mis en service un équipement à risques ne satisfaisant pas aux exigences essentielles de sécurité", explique Greenpeace. "Elles accusent également EDF d'avoir tardé à déclarer à l'ASN cette anomalie risquant d'avoir des conséquences notables sur la sûreté de l'installation". Elles soutiennent que l'irrégularité a été dissimulée "pendant un mois, entre mai et juin 2016".
Descriptif falsifié
Les associations reprochent aussi à Areva d'avoir "présenté un dossier avec un état descriptif falsifié" afin d'obtenir un certificat de conformité auprès de l'ASN. Quant à la mise en danger de la vie d'autrui, elle résulte de la démultiplication du risque d'accident nucléaire "par le fonctionnement de réacteurs à risques", selon le même communiqué. "EDF, en tant qu'exploitant, a en fait décidé de faire primer ses intérêts économiques sur la protection des populations et de l'environnement", déplore Laura Monnier, chargée de campagne juridique à Greenpeace, citée dans le communiqué.
Principe de précaution
Le 30 septembre dernier, Greenpeace publiait un rapport du cabinet Large Associates sur les anomalies détectées dans l’industrie nucléaire, concernant des pièces équipant 32 réacteurs, dont deux sur le site de la centrale du Blayais, à Braud-et-Saint-Louis, en Gironde. Loin d'être réjouissantes, les conclusions du rapport "révèle "la gravité de la situation : les réacteurs à risque représentent 44 % de la capacité de production d’électricité nucléaire française", affiirme l'ONG.
En clair, Greenpeace, 32 réacteurs nucléaires français sur les 58 actuellement en activité en France ne résisteraient pas à une surchauffe à cause de pièces défectueuses. Au nom du principe de précaution, l'association demande l'arrêt de ces 32 réacteurs, tant que les contrôles n’ont pas été effectués et les démonstrations de sûreté complémentaires apportées.
Cathy Lafon avec l'AFP
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