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Interdire le commerce de l'ivoire, pour que l'Afrique ne soit plus le cimetière des éléphants

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Les éléphants africains sont menacés de disparition. Photo archives AFP

En Afrique, certains voient peut-être des éléphants roses, mais les éléphants, eux, ne voient pas la vie en rose. Sur ce continent, leur population a enregistré sa plus importante chute depuis 25 ans, principalement en raison du braconnage.

Pour les sauver, le 3 octobre dernier, la Cites (Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction), réunie à Johannesburg (Afrique du sud), du 24 septembre au 4 octobre, a choisi de renforcer l’interdiction, déjà en vigueur, du commerce international de l’ivoire en appelant, dans le même temps, à la fermeture des marchés domestiques de l’ivoire et en renforçant le dispositif des plans d’action nationaux pour l’ivoire.

Une décision d'autant plus saluée par les ONG qui luttent pour la protection de la faune sauvage, dont le WWF, qu'elle n'allait pas de soi. Les pays africains sont en effet loin de s'accorder sur les mesures de protection à prendre en faveur de l'animal emblématique de leurs savanes. Explications.

Les chiffres

L’Afrique compte actuellement environ 415.000 éléphants, soit 111.000 de moins que lors de la dernière décennie, pointe le rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn). Principale cause du déclin des pachyderme : la forte hausse du braconnage, qui a débuté il y a une dizaine d’années. La disparition croissante des zones naturelles d’habitation des éléphants, due à la déforestation et l’urbanisation, menace aussi l’espèce, précise l’organisation. Divulgués le 25 septembre dernier, devant les 3.500 délégués de la Cites qui s’était ouverte la veille et qui doit débattre de nouvelles mesures de protection, les chiffres alarmants de l'Uicn ont provoqué un vif débat au sein de l'organisme.

Le braconnage, 4ème commerce illégal sur la planète

éléphant,braconnage,disparition,polemique,prévention,commerce,ivoire,cites,uicnLe braconnage – notamment celui des éléphants et des rhinocéros – alimente un trafic mondial extrêmement lucratif évalué à 20 milliards de dollars par an par la Cites, ce qui en fait, selon elle, le quatrième commerce illégal sur la planète après celui des armes, de la contrefaçon et des êtres humains. Concernant les éléphants, les braconniers les chassent pour revendre à prix d’or leurs défenses en ivoire, principalement sur les marchés asiatiques.

Un débat brûlant

Pour les ONG qui luttent pour la protection de la faune sauvage, les gouvernements doivent prendre les mesures nécessaires, y compris fermer leurs marchés nationaux d’ivoire d’éléphant, afin d’empêcher les trafiquants de "blanchir" l’ivoire illégal. Le vote des pays membres de la Cites leur ont donné raison. Mais le débat reste brûlant,  car, si certains pays africains plaident pour une restriction du commerce de l’ivoire, d’autres au contraire, réclament une libéralisation.

Namibie, Zimbabwe et Afrique du Sud pour la réouverture du commerce de l'ivoire

C'est le cas de la Namibie et du Zimbabwe, qui proposent de rouvrir le commerce international de l'ivoire. L'interdiction totale du commerce international d’ivoire des éléphants d’Afrique, énoncée en  1989 par la Cites, avait permis à la population de remonter, si bien que les éléphants du Botswana, de Namibie, d’Afrique du Sud et du Zimbabwe étaient repassés à un niveau de protection moins fort à la fin des années 1990. Aussi, ces pays estiment-ils légitime d'être aujourd'hui autorisés à vendre des stocks de défenses d’ivoire prélevés sur des éléphants décédés de mort naturelle, afin de financer des projets de protection lancés par des communautés locales. Une proposition soutenue par l’Afrique du Sud.

"Néo-colonialisme"

De leur côté, les pays d’Afrique australe revendiquent le droit de gérer leurs propres populations de pachydermes, sans se voir imposer des mesures par la Cites. Ainsi, la Zambie s'agace, en rappelant que la population des éléphants d’Afrique australe se porte bien et que venir lui dire de réguler son marché intérieur, représente une forme d'"arrogance" inacceptable qui "rappelle le néo-colonialisme".

Contrairement à l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est a vu sa population d’éléphants s’effondrer presque de moitié à cause du braconnage, tandis que l’Afrique de l’Ouest ne compte plus qu’un petit nombre de majestueux pachydermes. En l'Afrique centrale, c'est l'impact des grands travaux d'infrastructures et notamment la construction des routes,  sur l’habitat des éléphants qui inquiètent le plus l'UICN . Aussi, une coalition de 29 autres pays africains, prône-t-elle, au contraire, une nouvelle interdiction totale du commerce de l’ivoire.

Ce que la ministre de l’Environnement du Zimbabwe Oppah Muchinguri qualifie de "violation des droits souverain des nations". "La Cites devrait nous aider à réussir nos programmes de protection plutôt que d’imposer des politiques impérialistes", a-t-elle déclaré, disant parler au nom des pays de la région qui abritent les trois quarts des éléphants africains. Un point de vue qui n'a pas été suivi par les Etats membres de la Cites.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • La Cites est un accord international destiné à protéger la faune et la flore menacées par la surexploitation commerciale. Ce traité, signé par 182 pays et par l’Union européenne, est entré en vigueur en 1975. Il protège, à des degrés divers, 5.600 espèces animales et 30.000 plantes. Pour accéder à son site internet : cliquer ICI

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