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Ca chauffe sur la planète : le 16ème record mensuel de chaleur d'affilée est tombé en août dernier

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Le Crystal Serenity au large de Sydney, en Australie. Le 25 août 2016, ce bateau de luxe a embarqué près de 1.700 personnes, dont un millier de passagers, pour une croisière sans précédent dans l'Arctique, s'aventurant là où autrefois la banquise ne fondait jamais. Photo archives AFP

C'est du jamais vu depuis le début de l'ère industrielle et des relevés officiels de températures : le mois dernier a été le mois d’août le plus chaud depuis 137 ans sur la planète, faisant tomber le seizième record mensuel d’affilée en la matière, ce qui, selon les scientifiques, est sans précédent.

"La Terre n’avait jamais connu une aussi longue période de hausses mensuelles des températures depuis le début des relevés en 1880", a souligné mardi 20 septembre l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA), en présentant ces relevés. L’année 2016 est ainsi bien partie pour battre un nouveau record annuel de chaleur, qui serait le troisième de suite.

Le mois d'août le plus chaud dans les annales

réchauffement climatique,émissions gaz à effet de serre,noaa,chaleur,températures,relevés,record,mois,aout,2016Pour les huit premiers mois de 2016, la température moyenne à la surface des océans et des terres (14,1 degrés C) s’est située 1,01°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle, surpassant le précédent record de la même période en 2015 de 0,16°C, a précisé la NOAA dans son bulletin mensuel des températures sur le globe. En août, la température moyenne sur les terres et océans (15,6°C) a été de 0,9°C supérieure à la moyenne du siècle dernier, ce qui en a fait le mois d’août le plus chaud dans les annales, battant le précédent record pour ce mois en 2015,  de + 0,05°C.

« Des températures plus élevées que la moyenne ont été enregistrées sur la vaste majorité de la planète », la NOAA, 20 septembre 2016

En Afrique et en Asie, des continents habitués aux fortes vagues de chaleur, août n’avait pas été aussi caniculaire depuis le commencement des relevés sur ces deux continents en 1910. Mais le mercure est monté en flèche aussi dans d'autres régions du monde pas vraiment coutumières du fait, comme l'Alaska ou l'Ouest du Canada. « Le mercure a aussi atteint des niveaux record pendant les huit premiers mois de 2016 sur l’ensemble de l’Alaska, dans l’Ouest du Canada, le nord de l’Amérique du Sud, en Afrique, dans le sud de l’Europe, en Indonésie, et dans plusieurs région d’Amérique Centrale, dans les Caraïbes, l’Australie et la plupart de l’Asie », a précisé l’agence.

En cause : les émissions de gaz à effet de serre produits par les activités humaines

N'en déplaise à l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite  pour la présidentielle de 2017, dont les récentes déclarations climatosceptiques cherchent à remettre en cause les résultats des recherches des scientifiques du monde entier, cette accélération du réchauffement planétaire résulte bel et bien principalement de l’accumulation des gaz à effet de serre provenant de la combustion des énergies fossiles, soulignent les climatologues américains.

El Nino ? Un peu, oui, mais pas que

La montée record du mercure en 2016 a été en partie exacerbée par le courant équatorial chaud du Pacifique, El Nino pendant les six premiers mois de l’année. Mais il s’est depuis dissipé, analysent les scientifiques. Selon la NOAA, ce réchauffement résulte surtout d’une accumulation de chaleur au cours des décennies : avant d’être piégée dans l’atmosphère par l’accroissement des gaz à effet de serre, la chaleur est absorbée par les océans. En août, la température moyenne à la surface des océans était ainsi 0,77°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle, la deuxième plus élevée jamais enregistrée, souligne la NOAA. « Nous avons eu El Nino avant et il n’a pas produit des records de température comme cela », avait déclaré le 12 septembre Gavin Schmidt, le principal climatologue de la Nasa, directeur de l’Institut Goddard pour les études spatiales.

La fonte alarmante de la banquise

Autre signe d’intensification du réchauffement, en août, l’étendue des glaces arctiques inférieure de 23,1% à la moyenne de 1981 à 2010, a pointé la NOAA. Il s’agit de la quatrième plus faible superficie de la banquise pour ce mois depuis 1979, début des observations par satellite. Les glaces arctiques ont atteint leur plus petite étendue pour l’été le 16 septembre dernier avec 4,4 millions de km2, juste derrière le record de 2012 (3,39 millions de km2). Selon des chercheurs, l’océan Arctique pourrait être libéré des glaces durant l’été d’ici 2030 ce qui pourrait gravement affecter le système climatique de la planète : les pôles nord et sud jouent en effet le rôle de climatiseurs de la planète.

Croisière de luxe en Arctique

Le 25 août dernier, un bateau de croisière de luxe, le Crystal Serenity, a embarqué près de 1.700 personnes, dont un millier de passagers, pour une croisière sans précédent dans l'Arctique, s'aventurant là où autrefois la banquise ne fondait jamais : le réchauffement climatique permet désormais de naviguer entre le Pacifique et l'Atlantique par le passage du Nord-Ouest, un voyage encore impossible il y a quelques années. Ce voyage inaugural d'un mois a suscité l'enthousiasme de certains, mais également des critiques de la part des écologistes et des ONG environnementales. Pour le WWF, notamment, à mesure que le changement climatique s'installe et que le trafic maritime commercial et de loisirs augmente en Arctique," il est urgent que les gouvernements à titre individuel et collectif se mobilisent pour encadrer ces activités et ne pas alourdir encore le désastre écologique qui frappe cette région de la planète".

 « Si nous n’agissons pas vigoureusement, nous aurons à payer le prix de migrations massives, de villes submergées, de personnes déplacées, de réserves alimentaires qui fondent et de conflits générés par le désespoir ». Barack Obama, à l'ONU, le 20 septembre 2016le

Le jour même de la publication de ce nouveau record de chaleur sur la planète, à la tribune de l'assemblée générale des Nations-Unies réunie à New York, le président américain Barack Obama exhortait les pays signataires de l’accord de Paris sur le climat, à le mettre en oeuvre, dès que possible, pour ne pas laisser ces questions aux générations suivantes. On ne peut que l'applaudir: il semble qu'il y ait plus qu'urgence à réagir, vite et fort.

Cathy Lafon

PLUS D'INFO

  • Où en est-on de l'accord de Paris ?

L’accord de Paris sur le climat conclu en décembre 2015, déjà ratifié, entre autres, par les Etats-Unis et la Chine, les deux plus grands émetteurs de gaz à effets de serre, vise à limiter le réchauffement à moins de 2°C d’ici la fin du siècle par rapport aux niveaux de l’ère pré-industrielle. Il pourrait entrer en vigueur dès cette année, après sa ratification le mercredi 21 septembre à l’ONU à New York par 31 nouveaux pays. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par 55 pays, qui doivent totaliser 55% des émissions de gaz à effet de serre. Pour l’instant, le chiffre atteint est de 60 pays mais ils représentent moins de 48% des émissions de gaz à effet de serre. Parmi les 31 pays qui ont remis mercredi leurs instruments de ratification à l’ONU figurent plusieurs Etats latino-américains (Argentine, Brésil, Mexique), ainsi que Singapour, la Thaïlande, le Bangladesh et les Emirats arabes unis. C’est aussi le cas du Maroc, qui sera l’hôte de la COP22 à Marrakech à partir du 7 novembre, succédant à la France.

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