Station-Air : à Bordeaux, une start-up crée une station de poche pour mesurer la qualité de l'air
A Bordeaux comme ailleurs, la qualité de l'air est un enjeu pour la santé de chacun. Photo archives "Sud Ouest"
C'est aujourd'hui la Journée nationale de la qualité de l'air. Une bonne initiative, patronnée par le ministère de l'Environnement. Oui, mais comment connaître exactement le degré de pollution de l'air que nous respirons à chaque heure de la journée, lors de nos activités quotidiennes, et ce quelque soit l'endroit où nous nous trouvons, à la maison, au boulot ou dans la rue ? La solution : Station-Air, un outil de mesure personnalisé imaginé à Bordeaux par la start-up Iidre, qui veut "donner aux Français la maîtrise de l'air de leur habitat".
A Bordeaux, comme ailleurs, chacun s'interroge de plus en plus sur le niveau de pollution et la qualité de l'air qu'il respire au quotidien, y compris dans son logement. Une préoccupation justifiée. Circulation automobile, industrie, chauffage, épandages de pesticides dans les campagnes : l'atmosphère des agglomérations est encombrée de particules polluantes qui constituent un réel danger sanitaire pour les habitants. Des records de pollution ont été battus ces derniers mois notamment à Paris, Lyon et Marseille où il a fallu prendre des mesures, telles que des circulations alternées et des limitations de vitesses. Si la situation est moins aiguë à Bordeaux, qui proche de l'océan, bénéficie d'une situation géographique favorable, la capitale de la grande région Sud-Ouest n'est pas épargnée par la pollution de l'air...
Une solution : la Station-Air
Le hic : s'il existe des façons de s'informer au niveau régional ou local, notamment grâce à Airaq, l'Agence régionale sur la qualité de l'air en Aquitaine, pas plus à Bordeaux qu'ailleurs, personne n'est en mesure de connaître exactement le degré de la pollution de l'atmosphère au moment où il ouvre sa fenêtre, franchit le seuil de sa porte d'entrée, monte sur son vélo, promène son enfant dans la poussette, part faire son jogging, ou encore dîne sur la terrasse du jardin. Voilà pourquoi la start-up Iidre, dont le siège est à Mérignac, dans la technopole de Bordeaux Technowest, a imaginé Sation-Air, une mini-station qui permet à chaque citadin de mesurer la qualité de l'air qu'il respire, en vérifiant par la même occasion l'efficacité des solutions mises en place dans leur ville par les pouvoirs publics pour réduire les polluants atmosphériques. Manière aussi pour les citoyens de se réapproprier un enjeu de santé public majeur.
Comment ça marche ?
Station de mesure de la qualité de l'air économe, citoyenne et connectée, conçue pour s'intégrer parfaitement à tous les projets de "smart cities" - les fameuses "villes intelligentes" durables - la Station-Air est autonome et mobile, avec une transmission possible des données sur des distances allant jusqu'à 10 km. Elle tient dans le sac à main ou dans la poche et fournit en temps réel de précieuses données sur la concentration de CO (monoxyde de carbone), le NO² (dioxyde d’azote), le bruit (niveau sonore ambiant) ou encore la température et l'humidité. Autant d'informations contrôlables et visualisables sur smartphone, tablette et ordinateur. La station qui utilise les réseaux sans fil longue portée (LoRa), se branche sur secteur ou sur une prise USB et peut également se connecter via Wifi, directement sur une box.
100% écolo
Certes, il existe des systèmes de mesures personnalisés comparables, comme la station française Netatmo, créée en 2012, dont les deux boîtiers permettent de mesurer chez soi et à l'extérieur de son domicile, l'humidité, la température, le volume sonore ou le taux de CO2. Les résultats sont transmis en temps réel via Internet et se consultent sur iPhone ou iPad. Mais Station-Air la Bordelaise possède bien d'autres atouts. Peu énergivore, pour limiter son impact écologique, le boîtier créé par IIDRE proscrit les capteurs chimiques, trop polluants en fin de vie : les capteurs choisis au niveau électrique sont à base de semi-conducteurs et donc nettement plus faciles à recycler. La start-up utilise aussi au maximum des matériaux naturels et favorise une production locale : l'outil de mesure est fabriqué en pin des Landes massif (pour éviter les plastiques et les colles) par des artisans de la région de Bordeaux. Enfin, autre intérêt, il s'agit d'une plateforme collaborative qui permet d'échanger des données et a pour objectif revendiqué de permettre à chacun de prendre en main sa santé tout en s'impliquant dans l'amélioration de la qualité de l'air.
Bref, la Station-Air se veut 100% verte. Son prix ? 180 euros. Mais l'élargissement de sa diffusion commerciale pourra en faire baisser le coût.
►A VOS ORDIS !
- Afin de financer les travaux de fabrication de la Station-Air, Iidre lance une campagne de financement participatif pour lever un fonds minimum de 7 650 €. Particuliers, professionnels et collectivités peuvent ainsi participer à l'aventure, via des pré-ventes (minimum 45 stations). Si ce montant est atteint, chaque investisseur recevra sa station connectée, citoyenne et économe pour mesurer la qualité de l'air de son habitat. Sinon, il sera remboursé.
►EN CHIFFRES
- 80% des Français se disent préoccupés par la qualité de l’air et 71% s’inquiètent des effets de la pollution de l’air sur leur santé (Source : Baromètre du Ministère de l’Environnement- 30/09/15).
- En France, la pollution aux particules fines entraine 48 000 décès prématurés chaque année. Suivre les recommandations de l’OMS permettrait de sauver 18 000 vies par an en France.
►PLUS D'INFO
- Pour en savoir plus sur Iidre : cliquer ICI
- Pour participer au financement du projet Station-Air sur Ulule : cliquer ICI
- Sur Michel Seyrac et Kévin Zagni sont les concepteurs de la Station-Air. Michel Seyrac dirige la société Iidre. Kevin Zagni est prestataire de service dans le domaine des objets connectés. Très concernés par la problématique de la qualité de l'air, ils ont décidé de nouer un partenariat pour lancer la Station-Air. Depuis 2012, Iidre a déjà travaillé sur une station de qualité de mesure de l'air en openhardware. La start-up bordelaise a d'ailleurs été labellisée dans la région Aquitaine par l’organisme CREAHd (Construction Ressources Environnement Aménagement et Habitat durable) et a remporté le concours Open Data du Conseil départemental de la Gironde (premier prix entreprise 2013) pour un projet similaire. Au bout de presque deux ans de travail, ils ont réussi à concevoir un produit commercialisable qui veut répondre aux préoccupations environnementales des citoyens.