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Disparition accélérée de la biodiversité mondiale : gare au gorille !

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Le plus grand gorille du monde est au bord de l’extinction. Photo archives AFP

C'est une très mauvaise nouvelle pour l'avenir de la vie sur Terre. L'extinction de la faune et de la flore sauvages, passée en mode TGV, est massive, tout particulièrement dans les îles. Un phénomène très inquiétant, car il est avant tout un révélateur de l'état de dégradation de notre planète, le biotope de l'espèce humaine.

Espèce emblématique, le plus grand gorille du monde, notre plus proche parent sur la Terre, est désormais au bord de l’extinction. Victime d’une poussée de braconnage en République démocratique du Congo, ce grand singe se trouve désormais dans la  catégorie des espèces « en danger critique » de disparition, sur la fameuse liste rouge mise à jour ce dimanche par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), lors de son congrès international à Honolulu (Hawaï). La dernière actualisation du diagnostic du vaste réseau des 10.000 experts internationaux, auquel adhère ONG et gouvernements, publié tous les quatre ans, datait de 2009.

5.000 spécimens

Il ne reste plus que 5.000 spécimens de gorille de l’Est (Gorilla beringei) sur Terre, une espèce majestueuse qui se trouve désormais « à un pas de la disparition », pointe l'UICN. Quatre des six espèces de grands singes sont désormais classées « en danger critique » d’extinction dans la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, l’inventaire le plus complet de la faune et de la flore mondiales : le gorille de l’Ouest, le gorille de l’Est, l’orang-outan de Bornéo et l’orang-outan de Sumatra. Il s’agit de la dernière catégorie avant l’extinction à l’état sauvage. Les chimpanzés et les bonobos sont eux classés « en danger » et également menacés de disparition.

Guerre, chasse illégale, perte d'habitats naturels...

Principaux responsables de la disparition du gorille : les hommes. En cause : la guerre, la chasse illégale et la perte d’une partie de son habitat ont mené « à un déclin catastrophique de sa population, réduite de plus de 70% en vingt ans », estime l'UICN qui souligne qu'alors qu'il est illégal de tuer ou capturer des grands singes, la chasse représente le danger le plus grave pour les gorilles des plaines orientales. Le génocide rwandais, notamment, a joué un rôle dans la réduction drastique de leur nombre. Selon John Robinson, primatologue et l’un des responsables de la conservation des animaux de l’organisation américaine Wildlife Conservation Society, le génocide a poussé beaucoup de monde hors du Rwanda jusque dans l’est de la République démocratique du Congo, en des lieux peu occupés jusque là par l’homme. Certains de ces nouveaux habitants ont chassé les gorilles pour se nourrir, tandis que les activités minières et les habitations détruisait en partie l’habitat des grands singes.

Le panda va mieux...

uinc,liste,espèce menacé,gorille,pandaAu demeurant, l'état de la biodiversité en général n'est vraiment pas brillant. Sur la nouvelle liste rouge de l’UICN qui évalue 82.954 espèces, animales et vétales, près d’un tiers, soit 23.928, sont aujourd'hui menacées d’extinction, 68 éteintes à l’état sauvage (elles n'existent plus que dans des parcs animaliers ou des jardins botaniques) et 855 disparues. Mais elle est également porteuse d'une bonne nouvelle : le panda géant a quitté la catégorie d’espèces « en danger » d’extinction grâce aux politiques de protection mises en place par la Chine qui ont permis une hausse de sa population.

S’il est difficile d’établir un chiffre exact, l’UICN calcule qu’il y a environ 2.060 pandas dans le monde, adultes et petits. Pilier de la stratégie chinoise pour sauver le mammifère blanc et noir: replanter les forêts de bambous, qui leur offrent nourriture et habitat. Les fonds apportés par son programme de « prêt de pandas », moyennant finances, à des zoos du monde entier a également permis à la Chine d’investir dans la protection des spécimens sauvages.

... mais il reste menacé

Le soulagement concernant le panda pourrait toutefois être de courte durée, met en garde l’UICN, qui classe l'ursidé en catégorie « vulnérable », toujours dans la sphère des espèces menacées. Avec le réchauffement climatique de la planète, plus d’un tiers des forêts de bambous , la nourriture principale de ce grand glouton, pourrait en effet disparaître d’ici 80 ans. « Pour protéger cette espèce emblématique, il est crucial de poursuivre la mise en œuvre de mesures efficaces de protection des forêts et de répondre aux nouvelles menaces », enjoint l’UICN, qui salue le projet de la Chine d’étendre sa stratégie. Autre bonne nouvelle, l’antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii) n’est plus menacée, passant de la catégorie « en danger » à « quasi menacée » grâce à une politique « de protection rigoureuse » qui a permis de renforcer sa population.

"La crise mondiale de l'extinction avance très vite"

Ces rares bonnes nouvelles laissent espérer que rien n'est encore irréversible. A condition toutefois que l'humanité prenne les mesures de sauvegarde et de protection qui s'imposent pour sauver la faune et la flore sauvages. Elles ne doivent cependant pas cacher l'inquiétante réalité de la rapidité de la chute de la biodiversité, causée par les activités humaines et accélérée par le changement climatique. Les experts alertent notamment sur les cas du gecko de Malaisie, de la chauve-souris géante d'Europe et d'Afrique du Nord, du desman de Moscovie, un petit mammifère semi-aquatique, ou encore du koala d'Australie et du zèbre d'Afrique, dont la population a diminué de 24% en quatorze ans...

« Nous vivons une époque de mutations extrêmes et chaque mise à jour de la liste rouge de l’UICN nous montre que la crise mondiale de l’extinction avance très vite », alerte Inger Andersen, directrice générale de l'UICN. Simple maillon dans la grande chaîne du vivant sur l 'écosystème Terre, l'espèce humaine ferait bien de s'en inquiéter tant qu'il en est encore temps.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Le gorille de l’Est compte deux sous-espèces. L’une d’elle, le gorille de Grauer ou gorille des plaines orientales (G. b. graueri), a été décimée depuis 1994: on en dénombrait alors 16.900 spécimens, contre tout juste 3.800 en 2015. La seconde sous-espèce, le gorille de montagne (G. b. beringei), s’en tire mieux, avec une légère hausse de sa population, jusqu’à environ 880 individus.

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