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Téléphonie mobile : une étude américaine renforcerait le soupçon d'un lien entre cancer et radiofréquences

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Une étude toxicologique américaine récente se penche sur les risques sanitaires de la téléphonie mobile. Archives AFP

Antennes relais, ondes électromagnétique... Faute de recul suffisant et de preuves scientifiques irréfutables, si les radiofréquences électromagnétiques inquiètent, l'éventualité de leurs risques sanitaires chez l’homme reste controversée.

Une nouvelle étude toxicologique américaine de grande ampleur, développée dans le cadre du NTP (National Toxicology Program), vient apporter de l’eau au moulin de ceux qui plaident pour plus de précaution. Selon les premiers résultats de ces travaux, mis en ligne par des chercheurs américains le 27 mai dernier, les rats exposés in utero et durant les deux années suivantes à des radiofréquence de 900 MHz, modulées selon deux normes de téléphonie mobile, GSM et CDMA, auraient plus de risques de développer une tumeur cancéreuse. En clair, l'effet des ondes des téléphones portables sur la santé serait néfaste. 

Des travaux qui confirmeraient les résultats d'études précédentes

Pour Priartem, l'association des électrosensibles de France, ces résultats viennent confirmer des travaux récemment publiés sur la cancérogénicité (Lerchl et al., 2015, réplication positive de Tillmann et al, 2010) et sont en cohérence avec les résultats des études épidémiologiques antérieures, qu’il s’agisse des résultats de l'étude Interphone, de celle de l’équipe suédoise de Lennart Hardell, ou plus récemment de l’étude française Coureau (Coureau et al., 2014) conduite par des chercheurs de l’Unité Inserm 897 "Epidémiologie et Biostatistiques" (ISPED) à Bordeaux, et publiée dans le journal Occupational & Environmental Medicine.

"Il est important de souligner qu’il s’agit d’une association et non d’un lien de cause à effet". Isabelle Baldi, chercheure, coauteure de l'étude Coureau

Ces derniers ont analysé l’association entre l’exposition aux radiofréquences du téléphone mobile et les tumeurs cérébrales du type gliomes et méningiomes chez les adultes, une étude initiée en 2004 et menée dans quatre départements en France, la Gironde, le Calvados, la Manche et l'Hérault. Au total, les données d’exposition au téléphone mobile et les données médicales de 1.339 personnes âgés de 59 ans en moyenne, ont été étudiées : 253 présentaient une tumeur cérébrale de type gliome, 194 de type méningiome (diagnostiqués entre 2004 et 2006) et 892 ne présentaient pas de tumeurs. Concernant le téléphone mobile, les chercheurs avaient demandé aux personnes leurs utilisations sur l’ensemble de leur vie. Le temps moyen passé au téléphone de l’ensemble des individus était de 2.7h/mois. Dans l’échantillon, seuls 12% des individus étudiés avaient utilisé leur téléphone sur une période égale ou supérieure à 10 ans.

téléphone mobile ondes canncer.jpg"Une utilisation massive du téléphone portable serait associée au développement de tumeurs cérébrales"

"Nous montrons que l’utilisation massive du téléphone portable, supérieure ou égale à 896 h d’appels dans une vie serait associée au développement de tumeurs cérébrales. Chez ces personnes, le risque d’avoir une association positive entre l’utilisation du téléphone et le développement de tumeurs cérébrales est augmenté pour celles qui téléphonent plus de 15h par mois", expliquait Isabelle Baldi, coauteur de ces travaux. "Il est important de souligner qu’il s’agit d’une association et non d’un lien de cause à effet. Cela ne signifie donc pas qu’une personne utilisant massivement son téléphone portable développera une tumeur au cerveau", ajoutait la chercheuse.

Eventuelles "implications importantes en termes de santé publique"

Les travaux américains dont les résultats viennent d’être publiés ont porté sur les tumeurs du cerveau et les lésions du cœur. Les auteurs précisent que les effets observés sont des effets non-thermiques et que ceci a été contrôlé. Les taux d’incidences relevés varient selon les doses et le type de signal. Ils s’élèvent ainsi à 2 ou 3% pour les gliomes, chez les animaux exposés, alors qu’ils sont nuls pour les animaux non exposés.

Ces taux pourraient paraître peu élevés mais d’une part, il s’agit d’une pathologie rare et d’autre part, comme le précisent les auteurs du rapport, "étant donné l’usage très répandu des communications mobiles au sein de toutes les classes d’âge, même une très modeste augmentation de l’incidence résultant d’une exposition aux radiofréquences pourrait avoir des implications importantes en termes de santé publique".

christopher portier.jpg"C'est bien l’exposition qui est la cause du cancer"

Aux vus des résultats de l'étude, Christopher Portier (photo ci-contre), ancien directeur adjoint du NTP, estime que la relation entre l’exposition et le cancer est claire. "J’appellerai cela une étude causative, absolument. Ils ont tout contrôlé dans cette étude, ajoute-t-il, c’est bien l’exposition qui est la cause du cancer".

"La plus vaste étude de ce type sur le sujet"

L'étude du NTP est "la plus vaste étude de ce type conduite à ce jour sur le sujet", selon le toxicologue américain, expert international reconnu. D'un coût de 25 millions de dollars, elle a étudié des groupes d’animaux étudiés comptant chacun 90 individus, afin de maximiser la puissance statistique des résultats. D’autres données complémentaires, attendues pour 2017, viendront préciser les premiers enseignements des travaux, en fonction desquelles le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a précisé qu'il pourrait "réévaluer rapidement sa classification des ondes électromagnétiques des radiofréquences", si cela s’avérait nécessaire.

Demande de réévaluation

janine le calvez.jpgPour Janine Le Calvez, présidente de l'association Priartem, ces résultats ne peuvent être ignorés dans les travaux d’expertise en cours dans l'Hexagone et au-delà, et ils nécessitent une réévaluation immédiate du risque. "Non seulement ils confortent la reconnaissance du risque possiblement cancérigène pour l’homme par l’OMS en 2011, mais justifient une demande de requalification au moins en 2A - probablement cancérigène pour l’homme - , voire en 1A - cancérigène pour l’homme-", justifie-t-elle.

L'association des électrosensibles de France qui s'est d’ores et déjà mise en contact avec des associations internationales afin de saisir les autorités de santé européennes et l’OMS d’une même demande de réévaluation, a annoncé qu'elle allait, sans attendre, saisir à nouveau Marisol Touraine, la Ministre de la santé, sur ce sujet.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour lire l'étude du NTP (National Toxicology Program) : cliquer ICI

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  • Les articles de Ma Planète sur les ondes électromagnétiques: cliquer ICI

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