Le Portugal a tourné avec 100% d'énergies vertes pendant 4 jours
Des éoliennes sur l'île de Madère, au Portugal. Photo archives AFP
Adieu nucléaire, charbon, pétrole, gaz de schiste, gaz et autres énergies fossiles : pendant quatre jours, du samedi 7 mai au mercredi 11 mai, le Portugal a entièrement fonctionné grâce aux énergies renouvelables, solaire, éolien et hydraulique. C'est le résultat d'une ambitieuse politique de transition énergétique enclenchée par le pays depuis plusieurs années que sont venus concrétiser des investissements massifs dans les secteurs d'avenir énergétique que sont l'éolien et l'hydroélectricité.
Aujourd'hui, le pays est en passe de se libérer des importations d'hydrocarbure et de conquérir son indépendance énergétique, tout en se mettant en ordre de marche pour lutter contre le réchauffement climatique par la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, conformément aux termes de l'Accord international sur le climat, signé à Paris en décembre dernier.
Une électricité propre à 48%
C'est un rapport de l'APREN, association portugaise spécialiste des énergies renouvelables, repris par le site internet du Guardian, qui a révélé l'exploit énergétique vert réalisé durant 107 heures par le Portugal. Il y a trois ans de cela, en 2013, selon les chiffres d'Eurostat, 27% de l' électricité du Portugal provenait encore du nucléaire (importée d'ailleurs en Europe), 13% de l'hydraulique, 7,5% de l'éolien et 3% du solaire. Depuis 2015, la tendance s'est inversée : "Le renouvelable fournit désormais 48%" de l'électricité", selon l'APREN.
Le reste de l'Europe en pointe sur les renouvelable...
Vu de France, un véritable exploit énergétique. Une prouesse, oui, mais pas si incroyable que cela, aux vus des réalités des situations énergétiques mondiale et européenne où la part des énergies renouvelables est en plein boom. Ce "qui semble extraordinaire aujourd'hui", sera même "monnaie courante en Europe dans seulement quelques années ", assure ainsi James Watson, PDG de SolarPower dans le Guardian.
En moyenne, les énergies renouvelables fournissent 26% de la production d'électricité mondiale. En Europe aussi, les énergies vertes sont en plein essor. Aujourd'hui, c'est en Suède que la part des énergies renouvelables est la plus élevée. D'après l'Office européen de statistiques, elles contribuent à plus de la moitié (52,6%) de la consommation finale, devant la Lettonie et la Finlande (38,7% chacune), l'Autriche (33,1%) et le Danemark (29,2%). Autre bonne élève, l'Allemagne. Chez nos voisins d'Outre-Rhin, où le gouvernement s'est fixé comme objectif d'atteindre 100% d'énergies renouvelables d'ici 2050, c'est un tiers de la production électrique qui est issue des énergies renouvelables. Le 8 mai, des conditions météorologiques particulièrement favorables (beaucoup de soleil et de vent) ont même permis aux énergies renouvelables de produire 88% de l'électricité allemande.
... sauf la France
Loin, loin, bien loin devant la France, qui a pourtant organisé la COP21, mais qui avec 14,2% d'énergies renouvelables en 2013, ne s'est engagée à atteindre que 23% d'ici à 2020 et 32% en 2050, en réduisant parallèlement de 75% à 50% la part du nucléaire dans le bouquet électrique tricolore, à l’horizon 2025. Ce dernier point restant d'ailleurs, au demeurant, un voeu de papier.
Aujourd'hui, en mai 2016, à part celle de la centrale de Fessenheim, aucune fermeture d'une quelconque centrale nucléaire n'est envisagée dans l'Hexagone, où l'on finit par s'agacer à chercher en vain la résilience, la modernité et l'innovation. Bref, la base vitale pour relever les défis énergétiques, environnementaux, sociaux et économiques du XXIème siècle.
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