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Les OGM en recul sur la planète en 2015 : véritable tendance ou repli conjoncturel ?

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Le Burkina Faso a renoncé au coton génétiquement modifié. Photo archives AFP

C'est une première dans l'histoire des OGM. En croissance régulière depuis le début de leur commercialisation, en 1996, les cultures des plantes génétiquement modifiées ont reculé dans le monde en 2015 de 1%, passant à 179,7 millions d'hectares contre 181,5 millions en 2014, selon le rapport d’une ONG spécialisée. Certains pays, comme le Burkina Faso dernièrement, leur tournent même carrément le dos.

2 milliards d'hectares dans le monde

Les surfaces cultivées en OGM atteignent près de deux milliards d’hectares dans le monde. Aux Etats-Unis, pays leader avec 39% du total mondial (70,9 millions d'hectares), les surfaces OGM ont reculé de 2,2 millions d'hectares.  Au Canada, 5e producteur de cultures transgéniques, les surfaces ont reculé de 5%, en raison d'une diminution des surfaces cultivées en colza. En Afrique du sud, c’est la sécheresse sévère qui a entrainé la diminution la plus forte (-23%) : les surfaces de maïs OGM ont diminué d’environ 70.000 hectares, passant de 3 millions à 2,3 millions d'hectares.

28 pays dont 20 en développement cultive des OGM

L’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech applications), association plutôt favorable aux OGM, veut croire que cette réduction, conjoncturelle, s’expliquerait par l’effondrement des cours de certaines matières premières agricoles comme le maïs (-4% en surfaces) ou le coton (-5%). Aussi cette diminution "est susceptible de s’inverser quand le niveau des prix s’inversera", écrit-elle, en faisant valoir qu'en 20 ans, les surfaces dédiées aux OGM ont "augmenté 100 fois" et concernent désormais 18 millions de fermiers dans 28 pays, dont 20 en développement. Parmi ces derniers, le Vietnam qui s’est lancé dans les OGM en 2015, Cuba qui les cultive depuis deux ans, et le Bangladesh qui a doublé ses surfaces. Le Brésil (2e derrière les Etats-Unis), l'Argentine (3e),  l'Inde (4e), la Chine (6e) et l'Afrique du Sud (9e) – ont cultivé à eux seuls près de la moitié (48%) des OGM mondiaux.

Agriculture bio-tech contre OGM

Les surfaces agricoles OGM vont-elles renouer avec le développement lorsque les prix remonteront ? Tous les pays ne sont pas favorables aux cultures transgéniques. Le Burkina Faso, seul pays d’Afrique de l’Ouest converti à l’agriculture bio-tech depuis les années 2000, a totalement renoncé en avril dernier au coton transgénique, assénant qu’il n’était pas rentable. Pour les auteurs du rapport "une réglementation couteuse des plantes GM reste la principale contrainte à leur adoption" dans les pays en développement. Ils accusent "les opposants aux OGM et aux nouvelles technologies" d’exiger ces réglementations pour empêcher les agriculteurs pauvres, "y compris en Europe, d’avoir accès à ces technologies" ».

Et les OGM "cachés" ?

ogm j'en veux pas.jpgPour l'heure, autorisée, mais réglementée au niveau européen depuis 2001, la culture des OGM est interdite en France et dans de nombreux pays de l’Union européenne qui ont estimé que ces plantes représentaient un danger potentiel pour la santé et l’environnement. Mais de nouveaux organismes génétiquement modifiés "cachés", les NPBT (les "New Plant Breeding Techniques", nouvelles techniques de modification génétique) qui n'ont pas encore de statut juridique, sont prêts à débouler sur le marché. Un vrai sujet d'inquiétude pour les associations environnementales membres du Haut Conseil des biotechnologies (HCB) comme Greenpeace, France Nature Environnement ou la Confédération paysanne. La guerre des OGM entre les industriels de l'agrochimie et les défenseurs de l'environnement est loin d'être terminée.

Cathy Lafon

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