Nucléaire : nouveaux dérapages pour le projet de fusion nucléaire Iter
Le chantier d'Iter (Cadarache, Bouches-du-Rhône) en mai 2015. Photo archives AFP
Nouveau coup dur pour la filière nucléaire française, oourtant pas vraiment en manque. Le projet expérimental de fusion nucléaire Iter, en construction dans l'Hexagone, ne produira au mieux ses premiers résultats qu'en 2025, avec cinq ans de retard et un surcoût d'au moins 4 milliards d'euros.
19 milliards d'euros au lieu de 5 milliards
Il n' y a pas que l'EPR de Flamanville (Manche) au nombre des dossiers noirs du nucléaire français. Selon une information publiée le lundi 2 mai par le site internet des Echos, le démonstrateur en construction à Cadarache (Bouches-du-Rhône) du projet Iter, le programme international de recherche sur la fusion nucléaire lancé en 2006 par l'Europe, la Chine, l'Inde, le Japon, la Russie, les Etats-Unis et la Corée, destiné à démontrer la "faisabilité scientifique et technologique de l'énergie de fusion", patine aussi. Iter, qui a pour objectif d'offrir un rendement beaucoup plus élevé que la fission nucléaire, ne devrait pas être à l'oeuvre avant une dizaine d'années, en 2025. Soit un retard de cinq ans sur le calendrier initial, qui prévoyait "un premier plasma" en 2020 et une pleine puissance en 2023. Quant à son budget, à l'instar notamment de celui de l'EPR, il a presque été multiplié par quatre en dix ans : au lieu des 5 milliards d'euros prévus initialement, le coût révisé qui doit être acté par le conseil d'Iter en juin prochain, s'élève désormais à 19 milliards d'euros.
Coup dur pour la France ?
De quoi inquiéter sérieusement l'Europe qui finance à 45 % le projet, au point de conduire, jeudi dernier, le Parlement à refuser de voter la décharge budgétaire au projet pour l'année 2014, en accordant un semestre aux protagonistes pour clarifier leur situation financière et le calendrier des travaux. Si elle ne condamne pas définitivement Iter et exige avant tout un planning réaliste et l'assurance de la faisabilité réelle du projet, la décision européenne constitue un nouveau coup de semonce pour la stratégie nucléaire de la France. Si 80 % des fonds d'Iter viennent du budget de l'Union européenne, l'Hexagone, qui a voulu accueillir sur son sol la construction du démonstrateur, finance intégralement le reste d'un projet qui vient alourdir encore l'addition du nucléaire civil dans le pays.
Sans surprise, le groupe des eurodéputés Verts, a tiré la sonnette d'alarme au Parlement, dénonçant la "gabegie" d'un projet sujet à de nombreuses controverses, émanant également de scientifiques, concernant son budget, son utilité, sa dangerosité et ses effets sur l'environnement.
►PLUS D'INFO
- Iter, "réacteur thermonucléaire expérimental international", est un réacteur de recherche civil à fusion nucléaire de type tokamak. Le projet de recherche s'inscrit dans une démarche à long terme visant à l'industrialisation de la fusion nucléaire.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur le nucléaire : cliquer ICI