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Pesticides : l'Europe accorde un sursis de 7 ans au Roundup

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Une bouteille de Roundup. Photo archives AFP

Le Roundup ne sera ni interdit ni renouvelé sans restriction. L'herbicide de la firme américaine Monsanto le plus vendu dans le monde, dans la composition duquel entre le fameux principe actif glyphosate, sera autorisé à la vente pour 7 ans de plus, mais à des fins uniquement professionnelles. Ainsi en ont décidé le 13 avril les députés européens, contre l'avis de la Commission européenne qui prévoyait d'étendre son autorisation à 15 ans. 

5 questions pour comprendre les enjeux du dossier de ce pesticide très controversé pour sa toxicité.

1.Que reproche-t-on au glyphosate ?

Utilisé depuis les années 1970, le glyphosate est une molécule herbicide non sélective particulièrement active. Classée cancérigène par l'OMS, elle est accusée de porter atteinte à la biodiversité et soupçonnée d'être un perturbateur endocrinien. Il s'en est écoulé 825.000 tonnes dans le monde en 2014.

2.Qui a voté en faveur d'une autorisation limitée ?

Le texte initial de la résolution, adoptée par 374 voix contre 225 et 102 abstentions, demandait à la Commission de ne pas renouveler du tout l'approbation du glyphosate, mais les députés ont adopté un amendement présenté par le Parti populaire européen (PPE-Centre droite) proposant une autorisation pour 7 ans, qui représente un compromis avec la position de la Commission. Le vote résulte d'un compromis entre le PPE et le groupe des Socialistes-Démocrates qui avaient d'abord voté contre la reconduction de l'autorisation au sein de la commission de la Santé et de l'Environnement du Parlement. La majorité des socialistes français se sont néanmoins abstenus. Partisans d'une interdiction totale du glyphosate, les écologistes les Verts ont fait passer plusieurs amendements qui demandent à la Commission d'interdire son usage aux non professionnels ainsi que dans les jardins publics et aires de jeux.

3.Pourquoi de nouvelles études sanitaires sur la glyphosate ?

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a conclu, le 12 novembre 2015, à l'absence de danger pour l'homme sur la base d'une étude qu'elle a refusé toutefois de rendre publique, au nom des "intérêts commerciaux" des entreprises agrochimiques commercialisant ce produit. Le Parlement européen qui souhaite interdire l'usage du produit aux particuliers et aux collectivités, demande dans sa résolution à l'Efsa de publier son étude, et à la  Commission européenne de lancer rapidement une étude indépendante de la toxicité du glyphosate, une molécule classée cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et de retirer au besoin son approbation à la lumière de nouveaux éléments.

4.Qui est pour, qui est contre l'utilisation du glyphosate ?

Le Groupe de Travail sur le Glyphosate (GTF) veut dépolitiser le débat et la Copa-Cogeca, fédération européenne des organisations agricoles, avait demandé à la Commission européenne de renouveler son agrément. Au delà du Parlement, la société civile et les ONG bataillent pour l'interdiction de la molécule et du Roundup. Une pétition lancée sur internet par Avaaz a ainsi recueilli près d'un million et demi de signatures en faveur de l'interdiction du produit herbicide. Selon un sondage publié par l'ONG allemande Campact, les deux tiers des habitants des cinq plus grands pays européens ne veulent plus du glyphosate sur leur sol.

5.Et après ?

Que les eurodéputés se saisissent de l'autorisation de mise sur le marché d'un produit phytosanitaire est une première au Parlement européen. S'il est non contraignant, leur avis,devrait aider les Etats, eux-mêmes très partagés sur le dossier du glyphosate, à adopter une position d'ici à la fin du mois de juin. C'est à cette date que doit en effet expirer l'autorisation de la molécule chimique sur le territoire des Vingt-Huit. Trois pays dont la France, qui vient de décider d'interdire certains herbicides à base de glyphosate, s'opposent à la reconduction de l'autorisation tandis que huit autres pays sont hésitants.

Les experts des Etats membres, qui s'étaient séparés le 8 mars dernier sans prendre de décision, doivent se retrouver pour plancher sur le sujet les 18 et 19 mai prochains.

Cathy Lafon

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