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Gaz de schiste ? Ce soir, sur Arte, Matt Damon dit "non" dans "Promised land"

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Matt Damon, dans "Promised Land". Photo extraite de la Bande Annonce du film "Promised Land" de Gus Van Sant.

"Promised Land", le film américain co-écrit et produit par Matt Damon avec les gaz de schiste pour toile de fond, est sorti en France le 17 avril 2013, en plein débat sur la transition énergétique.

Neuf mois après le vote de la loi éponyme qui prévoit le développement des énergies propres et renouvelables,  quatre mois après la COP21, le sommet international sur le climat de Paris, et alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que, pour contenir le réchauffement climatique à +2°C, il faut laisser dans le sous-sol les deux tiers des réserves d'énergies carbonées fossiles, l'extraction des gaz de schiste est toujours d'actualité dans l'Hexagone. Une bonne raison s'il en fallait une, pour voir ou revoir cet excellent film, ce soir sur Arte, à 20h55.

 matt damon hauteur.jpgDe Jason Bourne à l'écologie

Réalisé par Gus Van Sant, co-écrit, produit et interprété par Matt Damon, l'acteur qui incarnait Jason Bourne, le film raconte l'histoire de Steve Butler, un jeune cadre commercial prometteur, mandaté avec sa collègue, Sue Thomason (épatante Frances McDormand), par la compagnie pétrolière Global, pour convaincre des fermiers de Pennsylvanie de lui accorder les droits de forage sur leurs terres afin d'y exploiter du gaz. En leur faisant miroiter, évidemment, de juteux profit. Mais la mission se révèle plus compliquée que prévu : un ingénieur à la retraite dénonce les conséquences des techniques employées et un jeune militant écologiste débarque avec des preuves du désastre annoncé.

Steve Butler, lpetit-fils de fermier lui-même, doit rapidement faire face à la mobilisation des habitants opposés à la technique de forage, la fracturation hydraulique... Le tout au rythme d'un "thriller" bien ficelé, avec l'histoire d'amour qui va bien. Un rôle en or pour Matt Damon, l'écolo-humanitaire, dont la fondation Water.org vise à apporter de l'eau propre aux gens qui n'en ont pas, quand on sait les ravages que la fracturation hydraulique provoque sur les nappes phréatiques américaines...

Un film militant... et subtil

Pas de quiproquo : le gaz de schiste version Damon, n'a rien d'une "terre promise". "Promised Land", qui veut alerter sur les dangers du gaz de schiste, mais aussi sur les atteintes aux fondements de la démocratie par le mensonge, la corruption et la manipulation (cela aussi, c'est toujours d'actualité), s'affiche comme un film militant. Du producteur à l'acteur en passant par le distributeur français, "Mars", tous prônent la réduction de la part du nucléaire, le développement des énergies renouvelables et la réduction de notre consommation énergétique. Mais, plutôt que procéder à un réquisitoire attendu contre le forage du gaz de schiste, Gus Van Sant a préféré suivre les débats souterrains qui agitent une communauté en voie de paupérisation, et le cheminement de la douloureuse remise en question personnelle du "bon petit soldat" Butler. Militant, mais subtil, donc.

Le gaz de schiste coûte cher aux pétroliers américains

Aux Etats-Unis, le rêve du miracle économique des gaz de schiste a tourné cauchemar : si l'industrie américaine a profité de cette énergie, destructrice de l'environnement mais abondante et bon marché, elle n'est pas rentable pour les majors et coûte cher aux pétroliers. Quant aux opposants, depuis le documentaire choc "Gasland" de Josh Fox, sorti en 2010, leur nombre n'a fait que croître. Le monde artistique et culturel est particulièrement très remonté, et pas seulement au cinéma.

Un film d'actualité

Si la fracturation hydraulique a été interdite en France en 2011 en raison des risques qu'elle présente pour l'environnement. le gaz de schiste continue à susciter des débats. Cette interdiction a été réaffirmée en 2012 par Delphine Batho, ministre de l'Ecologie. Mais les partisans de l'exploitation de cette énergie ne lâchent rien, François Hollande ayant laissé la porte entrebâillée pour une éventuelle réouverture du dossier en déclarant, en novembre 2012: "Je laisse les entreprises, les chercheurs travailler, et je prendrai mes responsabilités si une technique apparaît".

En France, la bataille continue

En février 2016, entre 7.000 et 15.000 personnes participaient à un rassemblement à Barjac, dans le Gard, à l'initiative du collectif ardéchois "Stop Gaz de Schiste". Les raisons de la colère : une décision de justice rendue fin janvier qui autorise la multinationale Total à reprendre ses recherches de gaz de schiste. Ségolène Royal a fait appel de cette décision, ce qui pour l'heure, la suspend. La ministre de l'Ecologie a rappelé dans un communiqué que "la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte" fixait "pour objectif de réduire de 30% la consommation d'hydrocarbures d'ici à 2030". Elle a part ailleurs réaffirmé sa détermination "à faire respecter strictement l'interdiction de la fracturation hydraulique dans un objectif de protection de l'environnement et de la santé".

Dans le grand Sud Ouest, de nombreux sites sont concernés par une éventuelle extraction des gaz de schiste  : e,, Gironde, dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Pour visualiser la carte de ces sites : cliquer ICI

Cathy Lafon

►A VOIR : "Promised land", un film de Gus Van Sant, Etats-Unis 2012, Arte, 20h55.

PLUS D'INFO

  • Le gaz de shiste, kesaco ?  Les gaz et huiles de Schiste sont des hydrocarbures "non-conventionnels" contenus dans les roches profondes. La seule technique actuelle pour les extraire est la fracturation hydraulique qui utilise d'énormes quantités d'eau, des produits chimiques et du sable. Les dégâts sanitaires et environnementaux provoqués sont considérables et irréversible: pollution de l'eau, de l'air et des sols, émission de gaz à effet de serre, remonté d'éléments radioactifs, explosions, mini-séisme, dégradation des paysages ... La fracturation hydraulique est interdite en France par la loi du 13 juillet 2011, excepté pour l'expérimentation scientifique. Consulter le site du Ministère du Développement durable : cliquer ICI

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