Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Notre-Dame-des-Landes: une étude révélée par le Canard enchaîné tacle le projet d'aéroport... et brouille la piste du référendum de Hollande

NDDL vue aerienne.jpg

Vue aérienne du site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Photo archives AFP

Pour tenter de sortir du bourbier dans lequel est empêtré, depuis une bonne quarantaine d'années, le projet d'un futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes, dans l'Ouest de la France, près de Nantes, François Hollande a proposé le 11 février d'organiser un référendum local sur ce conflit emblématique des crises écologiques.

"Si le référendum se conclut par un oui, les travaux commenceront", a promis le chef de l'Etat. "Si c'est non, l'aéroport ne se fera pas".

Faut-il voir dans cette annonce, la promesse d'un véritable exercice de démocratie participative, ou un bottage en touche "hollandien" dont l'issue, connue d'avance, éviterait au président de se mouiller, tout en tranchant en faveur de la construction de l'infrastructure ? Voire le nième cafouillage d'un quinquennat particulièrement généreux en la matière ? L'édition du Canard enchaîné de ce mercredi nous aide à décrypter.

Au delà de la polémique politicienne sur l'entrée concomitante à l'annonce (mais, que l'on se rassure, "sans marchandage" aucun) de trois écologistes dans le gouvernement Valls remanié (Emmanuelle Cosse, ex-patronne d'Europe Ecologie-les-Verts, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, ex-membres d'Europe Ecologie-les-Verts), deux révélations du Canard Enchaîné publiées ce mercredi jettent le doute, tant sur la bonne foi de la motivation présidentielle que sur la pertinence de sa démarche.

Un référendum ou une consultation ?

nddl champs.jpgPassons le fait que le "référendum local", en tant que tel, a du plomb dans l'aile. Pour des raisons diverses et diamétralement opposées, il fâche les pro comme les anti. Mais surtout, l'Etat a validé ce projet d'infrastructure qui est d"'intérêt national".  Le décret du 9 février 2008 déclarant d'utilité publique les travaux de l'aéroport du Grand Ouest fait de Notre-Dame-des-Landes une prérogative de l'État. Or, en France, la loi ne permet pas  aux collectivités locales d'organiser de référendum local sur un sujet d'envergure national.

Une solution : changer la loi.  Ségolène Royal, la ministre de l'Environnement a donc indiqué ce matin sur France info qu'un projet d'ordonnance sur le dialogue environnemental était à l'étude et serait voté d'ici août. Problème : il ne sera pas rétroactif et ne concernera que les projets nouveaux...  Le référendum juridiquement impossible risque donc se résumer à une simple consultation locale.  Soit. Ce ne serait pas le premier pataquès du quinquennat Hollande et, parions le, pas le dernier. Hélas.

Un sondage secret bien "confortable" pour les pro-aéroports

Il y a un poil (ou une plume) plus gênant. Selon le Canard, le président disposerait depuis novembre dernier, des résultats d'un sondage tenu secret jusqu'à présent, réalisé pour le PS à la veille des élections régionales par Harris Interactive.  Les électeurs s'y déclaraient à 59% favorables au transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes. L'hebdomadaire précise que les plus enthousiastes seraient les électeurs communistes (70%), suivis de ceux de la droite (69%) puis du PS (62%). Les moins convaincus étant les écolos (21%), cela va de soi. La consultation, a précisé dans un deuxième temps le président, se ferait à la seule échelle des électeurs de Loire-Atlantique. Le calcul présidentiel serait donc d'organiser un vrai-faux referendum, sans suspense, pour justifier la construction du projet d'infrastructure. Re-soit.

Une étude officielle de la Dreal qui va dans le sens des anti-aéroports

Mais il y a encore plus dérangeant. Le Canard, loin d'avoir la grippe aviaire, révèle aussi l'existence d'un rapport jamais divulgué qui tue dans l'oeuf l'argument "écologiste" des pro-aéroport, selon lequel l'extension de l'aéroport existant menacerait une zone écologique sensible, le lac de Grand-Lieu, la réserve naturelle qui se trouve en bout de piste. Commanditée par la préfecture de la région, l'étude de la Direction régionale de l'environnement et du logement (Dreal) Pays de la Loire a en effet conclu, le 10 septembre 2014, que rallonger la piste actuelle nantaise n'aurait aucun impact écologique négatif d'aucune sorte sur le lac, sa faune et sa flore.

"Au contraire, écrivent les experts de la Dreal, l'allongement garantit la préservation des zones humides de la ceinture verte générée par l'aéroport qui participent à l'équilibre écologique de la réserve face à l'urbanisation de l'agglomération nantaise".

Pour la Dreal, organisme public et on ne peut plus officiel, c'est plutôt le "déménagement, l'urbanisation de ces terres et leur imperméabilisation qui seraient préjudiciables aux équilibres écologiques de la réserve". Chercher l'erreur.

Canards sauvages

Autant d'éléments nouveaux de réflexion sur le dossier Notre-Dame-des-Landes, portés à notre connaissance par le Canard enchainé qui ne veut pas qu'on prenne les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. La vérité est toujours bonne à prendre, même si, loin d'éclaircir la situation, elle brouille parfois encore un peu plus la piste d'atterrissage de François Hollande... Après tout, c'est devenu une question d'habitude, non ?

En attendant un futur référendum ou consultation locale, une nouvelle journée d'action nationale, à l'appel notamment de l'Acipa et de l'Union syndicale Solidaires pour exiger l'abandon définitif du projet de Notre-Dame-des-Landes est prévue à Nantes, le samedi 27 février prochain.

Cathy Lafon

#NDDL #MaPlanète

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes: cliquer ICI

Les commentaires sont fermés.