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Télévision: ce soir, sur France 2, "Cash Investigation" s'attaque aux pesticides

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Depuis 1980, les cancers infantiles augmentent de 1% par an en France, soit environ 2.500 cas supplémentaires chaque année. C’est la deuxième cause de mortalité chez l’enfant : rien à voir donc avec l'accroissement de la longévité, invoquée régulièrement pour expliquer l'augmentation du nombre de cancers en France. Les anomalies de naissance se multiplient, comme les troubles hormonaux ou encore l’autisme. Pour les scientifiques du monde entier, il n’y a plus guère de doute : il existe un lien entre ces maladies très différentes et l’exposition aux produits chimiques, et notamment aux pesticides.

Chaque jour, nous sommes exposés à des  polluants  et des particules dangereuses que nous ne voyons pas et que nous ne sentons pas. Mais nous les mangeons, nous les buvons et nous les respirons : des polluants sont aussi tapis dans nos meubles ou dans la poussière de nos maisons. Nous pouvons être exposés quotidiennement jusqu’à 128 résidus chimiques. Certains de ces produits sont cancérigènes, d'autres mutagènes, reprotoxiques (entraînant la stérilité) ou neurotoxiques. Pour les enfants, plus vulnérables car leur cerveau et leur corps sont en plein développement, le cocktail chimique est redoutable.

Mais combien de tonnes de pesticides sont vendues chaque année en France ? Et quelles molécules se retrouvent au juste dans la terre, l'eau, le vin, les produits agricoles, les aliments et l'atmosphère ? Quels sont les départements français les plus exposés au risque sanitaire des produits chimiques ? Difficile à savoir : autant de données confidentielles. "Cash Investigation" a réussi à se les procurer et a enquête un an durant en France, en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis. Le résultat de ce travail d'investigation choc : "Produits chimiques, nos enfants en danger", une enquête de Martin Boudot et Elise Lucet, à ne pas rater ce mardi 2 février à 20h55, sur France 2.

On peut s'attendre à quelques révélations.

Ce que l'on sait déjà

On sait que la France est l'un des pays au monde qui consomme le plus de phytosanitaires pour l'agriculture et notamment la viticulture : 780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides. Plus précisément, l'Hexagone dispose bel et bien une base de données des ventes de pesticides, gérée par le ministère de l'Ecologie et celui de l'Agriculture dont les informations devraient être en accès libre pour chaque citoyen. Première surprise, selon France 2, qui a réitéré de nombreuses demandes officielles, ces informations qui relèvent pourtant de la santé des Français, sont protégées par le secret industriel. Impossible donc d'y accéder librement.

Ce que l'on ne sait pas toujours : 65.000 tonnes de pesticides épandues chaque année

Tête aussi bien pleine que bien faite, la blonde Elise Lucet est connue pour son entêtement et "Cash investigation" pour sa ténacité. Après plusieurs mois de travail, l'une des sources du magazine lui a finalement transmis ces chiffres tenus secrets et inédits, contenus dans un gigantesque tableau de 816.000 lignes. Premier enseignement : en moyenne, ce sont près de 65.000 tonnes de pesticides purs qui sont épandues chaque année sur notre petit territoire hexagonal. Parmi lesquels d'énormes quantités de produits particulièrement dangereux pour la santé... La France, où  62.700 tonnes de substances actives étaient vendues en 2011, reste donc le premier utilisateur de pesticides en Europe. Alors même que l'objectif du gouvernement est de parvenir à faire baisser de 50% l'utilisation des pesticides d'ici à 2025, grâce au plan Ecophyto, lancé en... 2008, au lieu de diminuer, la consommation de pesticides ne cesse d'augmenter dans l'Hexagone.  On est donc très loin du compte.

Une carte des départements les plus exposés

pesticides,sante,france 2,télévision,enqueteGrâce à ces données qui détaillent les ventes de pesticides en France, produit par produit, entre 2008 et 2013,  le magazine a en outre pu réaliser la carte inédite des départements les plus exposés aux pesticides classés dangereux (photo ci-contre), ceux qui sont classés cancérigènes, nocives pour la reproduction, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques.

Parmi ces départements, figure la Gironde, premier département viticole de France.


CASH INVESTIGATION : les données secrètes des pesticides en France, extrait

Le "Big 6"

Tous ces polluants invisibles mais bien réels sont vendus en toute légalité par six multinationales bien connues, qui contrôlent ce secteur des phytosanitaires : Syngenta, Bayer, Monsanto, Dow, Basf et Dupont. Le "Big 6" règne presque sans partage sur un marché colossal qui pèse 50 milliards d’euros : ce n'est pas un scoop. Mais quelles sont plus précisément les molécules que ces firmes commercialisent et qui se retrouvent dans notre environnement quotidien? Ca, c'est plus difficile à savoir.

Sur la trace des molécules

Ces molécules dangereuses, pendant un an, l’équipe de Cash Investigation les a suivies à la trace et en a retrouvé certaines. Pas des plus sympathiques. Dans l’air, presque partout en France, nos enfants respirent tous les jours un pesticide classé cancérigène probable : c'est l’un des best-sellers du géant allemand Bayer. Dans l’eau du robinet, un pesticide interdit depuis 15 ans, fait de la résistance : une substance classée perturbateur hormonal, produite par Syngenta, une firme suisse très discrète… Enfin, le nombre de cas d’enfants autistes dans le monde explose. Grâce notamment à des dizaines d’analyses de cheveux d’enfants, les journalistes de "Cash Investigation" ont découvert qu’un insecticide massivement vendu en France aurait un rôle dans le déclenchement de l’autisme de certains enfants.

Les ZEP (Zones d'épandage de pesticides) de la Gironde

En Gironde, 132 écoles sont classées "sensibles" à cause de leur proximité avec les épandages de pesticides dans les champs. Dans le Médoc, par exemple, sur certaines parcelles de vignes, il y a jusqu’à 18 épandages de pesticides par saison. Dans la foulée de l'enquête APAChe (Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux), menée à Listrac-Médoc par l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais" et rendue publique en février 2013, l'équipe de "Cash Investigation" a prélevé et fait analyser les cheveux de 20 enfants de quatre écoles primaires girondines, pour connaître leur exposition à certaines molécules chimiques. Les échantillons ont été envoyés à un laboratoire public du Luxembourg. L'analyse des cheveux permet en effet de couvrir une période de temps plus longue que le sang : chaque centimètre de cheveu équivaut à un mois d'exposition. Les résultats sont stupéfiants... et pas dans le bon sens.


CASH INVESTIGATION / Produits chimiques : les cheveux des enfants parlent

En Europe aussi

Pour la première fois en Europe, une étude allemande très détaillée publiée en janvier, révèle la présence de nombreux pesticides dans nos rivières et nos lacs, à un niveau bien supérieur aux seuils admissibles. Selon France Info, les recherches de deux scientifiques de l'université de Coblence-Landau (Rhénanie-Palatinat) se fondent sur 160 analyses faites dans de nombreux lacs et rivières des vingt-huit pays européens entre 1972 et 2012.  Selon leurs conclusions, sur vingt-trois pesticides recherchés, les concentrations dans l'eau dépassaient les seuils limites dans près de 38 % des cas. Les normes sont même dépassées dans 93% des cas lorsque les prélèvements sont faits dans les sédiments (tels que la boue au fond de l'eau). Dans 76 % des échantillons prélevés en France, les concentrations d'insecticides sont supérieures aux seuils limites. La proportion atteint même 93% pour l'Allemagne...

Pour les associations de défense de l'environnement, dont Générations Futures, ces résultats montrent une nouvelle fois que l'homologation des produits phytosanitaires n'est pas respectée. La loi oblige les industriels à garantir que, une fois dans l'environnement, leurs produits ne dépasseront pas les seuils règlementaires. L'étude prouve donc le contraire. Mais qui est responsable ? Les industriels qui surdosent les produits, ou les agriculteurs qui ne respectent pas les quantités de produits à pulvériser ? Cela, l'étude ne le dit pas.

Cathy Lafon

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