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Projet de LGV Bordeaux-Dax et Toulouse : ça chauffe dans les rangs de vigne du Bordelais

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Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux, dénonce l'impact du tracé de la LGV sur les Sauternes et les Graves. Photo archives Claude Petit / Sud Ouest

Et si les grands projets d'infrastructures comme les lignes de train à grandes vitesse étaient vraiment dépassés, car trop coûteux, inadaptés aux besoins des habitants en terme de mobilité et trop impactants sur notre environnement et nos économies locales ? Le débat qui ne vient pas de s'ouvrir, est loin d'être clos.

La LGV fait causer dans les vignes

A l'heure où le consortium qui finance Lisea s'interroge sur la rentabilité de son investissement dans la LGV Tours-Bordeaux, le risque de non-paiement de la fin des travaux, pour un chantier à plus de 7 milliards d'euros qui touche à sa fin, étant même évoqué, le projet de la liaison ferroviaire à grande vitesse Bordeaux- Dax et Toulouse, validé par l'Etat fin septembre en passant outre l’avis défavorable de l’enquête publique rendu le 30 mars, n'en finit pas de hérisser les acteurs locaux.

Sonnette d'alarme

Le monde des vins de Bordeaux, pas vraiment connu jusqu'à présent pour brandir comme un seul homme les étendards de l'écologie, s'inquiète notamment d'une infrastructure qui pourrait mettre en danger des appellations comme les Sauternes et les Graves, si elle traversait, comme prévu, leurs terroirs. Les questions environnementales rattrapent les viticulteurs, qui bousculés sur l'usage des pesticides, vont devoir aussi s'adapter leurs activités aux effets du réchauffement climatique. Pour eux, le tracé du prolongement de la LGV au sud de la Gironde, c'est la goutte de vin en trop : ils tirent la sonnette d'alarme.

Sauternes et Graves, des appellations en danger

"Une étude approfondie des conséquences du projet sur le régime hydrologique et climatique local est primordiale". Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB)

xavier planty.jpgDès le 28 septembre, les sylviculteurs et les vignerons de Sauternes et de Barsac, représentés par Xavier Planty (photo "SO" ci-contre), président de l'Organisme de défense et de gestion (ODG) de Sauternes et Barsac, dénonçaient la décision de l'Etat de valider un tracé qui "met  gravement en danger ces appellations en portant atteinte à leur climatologie à travers la vallée du Ciron."

Destructeur pour les Graves

Laurent Gapenne ne lâche pas l'affaire et précise à son tour, au nom de la FGVB qui rassemble l’ensemble des producteurs d’AOC de Bordeaux, dans un communiqué de presse daté du 19 octobre, que les viticulteurs jugent indispensables de disposer d'informations quant à l"’impact patrimonial et environnemental du projet sur l’appellation Sauternes", et attendent du porteur de projet qu’"il leur apporte les garanties que celui-ci n’aura aucune incidence sur ce terroir emblématique, sur les conditions de production de ces vins liquoreux et sur l’avenir de nos viticulteurs". Laurent Gapenne indique par ailleurs que l'appellation Graves est lourdement impactée par le tracé retenu, qu'il qualifie de "destructeur pour ce vignoble". Les Graves, ce sont "15 ha directement concernés et la porte d’entrée du vignoble au sud de Bordeaux constituée par un superbe plateau viticole" qui serait "coupée en deux", fait-il valoir.

"Le paradoxe de l'Etat"

route des vins.jpg"Alors même que nous investissons dans l’œnotourisme avec l’appui des collectivités - la route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes a été créée il y a trois ans - et que l’Etat vient d’annoncer un renforcement des moyens dédiés à l’œnotourisme, il valide un projet qui remet ces efforts en question !", déplore encore le président de la FGVB qui rappelle que la profession avait proposé un tracé alternatif qui évitait le vignoble, "tracé refusé sans justification par le porteur de projet Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO)".

Une forte mobilisation et des requêtes restées sans réponse

Laurent Gapenne regrette que les viticulteurs n'aient reçu aucune réponse à leur demande, formulée avec le Conseil Interprofessionnel du vin de Bordeaux, d'"une étude complémentaire concernant l’impact du projet sur les vignobles concernés". Pourtant, sollicité sur ce sujet du tracé, l’avis du ministre de l’agriculture sur le tracé, avait été défavorable et la profession avait transmis un avis motivé défavorable au projet dans le cadre de l’enquête publique, pointe-t-il. Tout cela, en vain, déplore le président du FGVB qui réclame à nouveau aujourd'hui "une réelle prise en compte des vignobles AOC et un nouvel examen du tracé alternatif proposé et la réalisation d’une étude sur l’impact réel du projet sur les appellations Graves et Sauternes".

On l'a compris, dans ce dossier, les opposants à la LGV ne sont pas tous sur la même ligne et le FCVB  laisse entendre qu'il n'est pas foncièrement contre l 'infrastructure elle-même. Mais l'inquiétude légitime des viticulteurs qui en dit long sur l'utilité démocratique réelle des enquêtes publiques, interroge aussi sur le risque de saturation environnementale, économique et sociale imposé à nos territoires par les grands projets d'infrastructure "à la française" datés du siècle dernier.

Cathy Lafon

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