Télévision. Plutonium: attention,"matière diabolique"!
L'usine de retraitement de La Hague. Photo Kami Productions
Malgré sa dangerosité extrême, le plutonium continue d'être utilisé et recyclé pour la production d'énergie. En diffusant ce soir le documentaire "Terres nucléaires, une histoire du plutonium", du réalisateur japonais Kenichi Watanabe, Arte revient sur la naissance d'une technologie hautement radioactive.
Mais au fait, c'est quoi le plutonium ?
Le plutonium a été découvert par le physicien américain G. Seaborg en 1940. Cette matière artificielle et radioactive, issue de l'uranium et produite au cœur des réacteurs nucléaires, est toxique comme aucune autre. Une trouvaille formidable dans la logique de guerre qui était celle de l'époque puis dans celle du développement de centrales nucléaires. En particulier aux Etats-Unis, en France, pays proliférateur en matière de nucléaire et au Japon, dont une partie du territoire restera hautement pollué, durant des centaines d'années, par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Aujourd'hui pourtant, au vu du défi que représente le stockage des déchets radioactifs, qui fait polémique en France avec la question du projet du centre d'enfouissement de Bure (photo AFP ci-dessus) des risques majeurs et de la pollution de l'eau par des centrales de plus en plus vétustes, ne sommes nous pas pris au piège de ce poison qui fascina les hommes ?
"Matière diabolique"
Pour le réalisateur, du fait de son extrême dangerosité, le plutonium est une "matière diabolique". Plus généralement, Watanabe explique qu'"il y a urgence à reconnaître que le recyclage du combustible nucléaire est une technologie du passé et un système absurde qu'il faut combattre". Son retraitement nécessite en effet de nombreuses procédures (stockage dans des piscines de refroidissement, déplacement vers usines de retraitement, comme, en France, celle de La Hague...). Le recyclage produit en outre une grande quantité de déchets radioactifs, comme les liquides chimiques, qu'il faut enfouir. "Les risques liés à leur transport, souligne le réalisateur, génèrent un coup exorbitant". D'ailleurs, la France, qui dépend à 75% du nucléaire pour son électricité, et le Japon sont les deux derniers pays au monde à recycler du combustible nucléaire usager. Est-ce bien raisonnable ? "Une politique raisonnable de réduction des risques consisterait à fermer tous les réacteurs qui ont plus de trente ans, soit la moitié du parc mondial", estime Watanabe.
Sortir du nucléaire sans retourner au Moyen-Age, c'est possible !
À travers trois lieux dominés par des sites nucléaires, Hanford aux États-Unis, La Hague en France et Rokkasho au Japon (photo ci-contre), Watanabe nous raconte une histoire édifiante du plutonium et de ses usages, à la croisée d’intérêts économiques et militaires. A trois mois de la Conférence internationale sur le climat, la COP21, l'auteur du documentaire "Le monde après Fukushima" (2012), alerte ainsi l'opinion sur la dangerosité du nucléaire et rappelle qu'il est tout-à-fait possible de fonctionner d'un point de vue énergétique en sortant de l'atome : c'est bien ce que le Japon a fait, depuis l'arrêt, en 2011, suite à la catastrophe de Fukushima, de ses centrales nucléaires qui généraient 28 % de l’électricité japonaise.
L'Empire du soleil levant n'a relancé le premier de ses 54 réacteur, celui de Sendai, qu'en août dernier. S'il a boosté les énergies renouvelables pour compenser l'absence du nucléaire, les compagnies nipponnes produisent surtout du courant d’origine thermique et le coût de l’électricité a augmenté de 15 % à 20 %. Si le Japon a prouvé qu'un grand pays développé pouvait conserver son confort de vie et sa puissance industrielle sans le nucléaire, il n'a toutefois pas encore mis en oeuvre sa transition énergétique.
Pour Kenachi Watanabe, contrairement à ce que les lobbys du nucléaire veulent faire croire, nous avons le choix de changer de modèle énergétique : "C'est une question de volonté politique".
#COP21 #maplanète
►A VOIR
- "Terres nucléaires, une histoire du plutonium", Kenichi Watanabe, Arte, 20h55, mardi 29 septembre 2015. Rediffusion vendredi 9 octobre à 8h50 et mercredi 14 octobre à 8h55.
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