Energies renouvelables : la France doit (et peut) absolument combler son retard, avertit Greenpeace
Eoliennes près de Vierzon (Centre). Photo archives AFP
La France accuse un retard économique colossal dans le secteur des énergies renouvelables, par rapport à la concurrence internationale. Tel est le message que veut envoyer Greenpeace, à deux mois de la Conférence internationale sur le climat qui doit s'ouvrir à Paris à la fin du mois de novembre, à la faveur de deux rapports publiés ce lundi. Dans le premier, "La manne inexploitée des renouvelables", l'ONG dénonce le manque d'exemplarité écologique de l'Hexagone. Le pays organisateur de la COP21 présente en outre une véritable anomalie industrielle, au regard de son savoir-faire et de ses compétences, due, selon Greenpeace, au choix du tout-nucléaire et à la centralisation du système de distribution de l'énergie dans le pays.
Un mauvais bilan d'autant plus regrettable que, selon le deuxième rapport publié par l'ONG au niveau mondial, le scénario "100% d'énergies renouvelables pour tous", renoncer totalement aux énergies fossiles d'ici à 2050 au profit des énergies renouvelables créerait des millions d'emplois dans le monde et des milliers en France, et serait compétitif en termes de coûts.
"Les industries solaire et éolienne sont arrivées à maturité et sont compétitives avec le charbon en termes de coût. Il est très probable qu'elles dépasseront l'industrie du charbon en termes d'emplois et de fourniture d'énergie dans la décennie à venir", estime le principal auteur du rapport, Sven Teske, de Greenpeace. A court terme, les technologies nécessaires pour les énergies renouvelables "augmentent légèrement le coût de la production d'électricité", relève le texte. Mais "dans quelques pays, comme la Chine et l'Inde, le scénario Energy (R)Evolution est économique dès le départ et meilleur marché que les sources d'énergie conventionnelles d'ici à 2020", affirme-t-il. Et avec l'augmentation prévue du prix des énergies conventionnelles (charbon, gaz, pétrole...), le coût des renouvelables "sera économiquement favorable dans toutes les régions du monde d'ici à 2030", affirme le rapport.
Des millions d'emplois
Selon Greenpeace, le passage à 100% d'énergies renouvelables aboutira en outre à la création de millions d'emplois. D'ici à 2030, le secteur de l'énergie solaire, par exemple, pourrait employer autant de personnes que l'industrie du charbon aujourd'hui, plus de 9,5 millions, précise l'ONG. Quant au nombre d'emplois dans le secteur éolien il sera multiplié par dix, passant de 700.000 actuellement à plus de 7,8 millions - deux fois plus que dans les industries du pétrole et du gaz combinées.
Et la France dans tout ça ?
La France veut développer les énergies renouvelables pour qu'elles représentent 32% du bouquet énergétique tricolore en 2030, en baissant la part du nucléaire de 74% à 50%. Si la situation s'embellit cette année pour les renouvelables, sur ce chapitre, l'Hexagone a creusé son retard en 2013 et 2014 : bref, on rame. A titre d'exemple, l'éolien, qui mobilisait en 2014 près de 11.000 emplois, n'assure encore en France qu'environ 4 % de la production d'électricité. Avec l'inauguration par Nordex France du nouveau parc "Seine Rive Gauche Nord", en Champagne-Ardenne, le pays vient tout juste de franchir le cap des 10.000 mégawatts qu'il aurait dû atteindre en 2012, pour obéir aux objectifs de 19.000 mégawatts en 2020, fixés par le Grenelle de l'environnement... Quant au parc photovoltaïque français, au total, sa puissance s’élevait à 5.412 MW à fin septembre 2014, pour une production en hausse de 25% représentant... 1,4% de la production électrique nationale (contre 1% un an auparavant). On est loin du compte.
Greenpeace en phase avec l'Ademe
On notera avec intérêt que les conclusions de l'ONG rejoignent celles du rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publié en avril dernier, qui montre que la France peut produire, en 2050, la totalité de son électricité à partir des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, géothermie, etc.), sans que cela coûte plus cher que le mix énergétique tricolore prévu à l'horizon 2025, qui prévoit d'abaisser et de maintenir à 50% le seuil du nucléaire.
Une vision à long terme
L'accord mondial qui doit naître de la conférence internationale sur le climat de Paris, à la fin de l'année, pour stabiliser le réchauffement climatique et réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, "doit aussi donner une vision à long terme pour éliminer le charbon, le pétrole, le gaz et l'énergie nucléaire d'ici au milieu du siècle, pour atteindre l'objectif de 100% de renouvelables, avec une énergie accessible à tous", estime le directeur exécutif international de Greenpeace, Kumi Naidoo.
#COP21 #maplanète
►PLUS D'INFO
- Pour lire le rapport de Greenpeace : "Energy (R)Evolution2015 - 100% renewable energy for all" : cliquer ICI
- Pour lire le rapport de Greenpeace, "La manne inexploitée des renouvelables": cliquer ICI
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