Chanson culte. "Sorry, la planète", une chanson du rappeur américain Prince Ea
"Pardon, pardon de vous laisser une planète dans un tel état", Prince Ea. Photo Prince Ea
"Je suis désolé que nous ayons utilisé la nature comme une carte de crédit illimitée". Dans un clip qui fait un carton sur internet, le slameur américain Prince Ea, de son vrai nom Richard Williams, fait la liste des dégâts que l’homme a infligés à la planète en espérant susciter un sursaut. Et elle est longue.
Cette adresse aux "générations futures" – plus de 72 millions de vues sur sa page Facebook depuis sa publication fin avril – est la meilleure façon qu’a trouvée ce slameur militant de 26 ans pour "communiquer sur l’importance du problème et sur ce qui peut être fait" pour préserver la planète.
"Chères générations futures..."
Dans cette vidéo de six minutes qu'il a présentée en juin dernier à Paris, devant un parterre de décideurs et d’experts dans le cadre de la "Journée de l’innovation climatique", le slameur apparaît en costume gris devant une grande étendue désertique. "Chères générations futures, je pense parler pour tous quand je vous dis: pardon, pardon de vous laisser une planète dans un tel état", commence-t-il, avant d’égrener les maux causés par l’homme: pollution, réchauffement climatique, perte de biodiversité, déforestation… "Je suis navré qu’on ait mis le profit au-dessus de l’humanité, la cupidité au-dessus des vrais besoins (…). Je suis désolé que nous ayons utilisé la nature comme une carte de crédit illimitée", scande-t-il dans ce slam récemment traduit en français.
Le Prince de la Terre
Le constat n’est pas nouveau en soi, relayé depuis des années par les ONG et les scientifiques. Mais peu d’artistes se risquent à aborder ce genre de thématiques un brin anxiogènes aussi frontalement et explicitement. Prince Ea, dont le pseudonyme vient de "Prince of the Earth", le "prince de la terre" de la mythologie sumérienne, a décidé de relever le défi. Politique, il s’en prend au passage à la chaîne américaine Fox News ("Hey Fox News, si vous ne pensez pas que le changement climatique est une menace, je vous mets au défi d’interviewer les milliers de sans-abris au Bangladesh") et à l’ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin à qui il reproche d’avoir dit un jour qu’elle aimait l’odeur des gaz d’échappement.
"Nous pouvons changer de direction"
Prince Ea a écrit ce texte lors d’un voyage au Kenya et en République démocratique du Congo (RDC) organisé par Wildlife Works, une société de compensation carbone qui lutte contre la déforestation et mène des programmes visant à développer dans les régions forestières une économie locale basée sur la préservation des arbres plutôt que leur destruction par l’exploitation forestière, agricole ou autre. Ce voyage lui a permis, raconte-t-il, de "réaliser l’importance du problème de la déforestation".
Si elle sonne l'alerte, la chanson écrite par Prince Ea se veut surtout un appel au sursaut: "Mais vous savez quoi, je ne suis pas désolé. Je n’accepte pas ce futur (…). Nous pouvons changer de direction", assène-t-il en s’adressant à sa génération, celle des moins de 30 ans. Un message plein d'espoir, à trois mois du Sommet international sur le climat, la COP21, qui se tiendra à Paris fin novembre.
Cathy Lafon avec l'AFP
#COP21 #maplanète
►EN CHIFFRES
- Selon des chiffres publiés en 2014 par l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les superficies forestières ont diminué de quelque 5,3 millions d’hectares par an entre 1990 et 2010. Cette diminution contribue au réchauffement climatique en faisant disparaître les puits de carbone naturels que sont les forêts.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
- Les articles de Ma Planète sur la déforestation : cliquer ICI