Il y a 30 ans, l'attentat du "Rainbow Warrior", le bateau de Greenpeace
Le Rainbow Warrior, bateau de Greenpeace, victime d'un attentat dans le port d'Auckland (Nouvelle-Zélande), 11 juillet 1985. Photo Greenpeace
Avant la mort de Rémi Fraisse, le jeune militant écologiste âgé de 21 ans, tué le 26 octobre 2014 sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn, il est arrivé que des écolos aillent en prison pour leurs idées, et parfois, hélas, meurent pour elles. Comme le 10 juillet 1985, en Nouvelle-Zélande, Fernando Pereira, miltant de Greenpeace.
Sur ordre du gouvernement français
ll y a trente ans, le bateau de l'organisation écologiste Greenpeace, le "Rainbow Warrior", était amarré dans le port d'Auckland. Dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, deux explosions secouent la coque du navire qui coule dans les eaux du port. L'attentat fait une victime: le photographe de l'équipage, Fernando Pereira (photo ci-contre), coincé à l'intérieur du bateau, perd la vie. L'affaire fait grand bruit. Malgré les dénis de la France, on finit par savoir, sur le témoignage de Pierre Lacoste, patron de la DGSE, que ce sont les services secrets français qui ont fait couler le navire, sur ordre du gouvernement, avec l'autorisation explicite du président de la République d'alors, le socialiste François Mitterrand. Commanditée par le Ministre de la Défense français Charles Hernu, l'opération devait saborder le navire amiral de l'ONG, à quai en Nouvelle-Zélande, qui s'apprêtait à appareiller pour l'atoll de Mururoa, pour protester contre les essais nucléaires français.
Les "faux époux Turenge"
Deux agents appelés les "faux époux Turenge" (le commandant Alain Mafart et le capitaine Dominique Prieur), identifiés comme les auteurs de l'attentat, et trois nageurs de combat, ont été véhiculés, avec les explosifs, dans un canot pneumatique. Le pilote, identifié comme "l'homme au bonnet rouge" et surnommé "Pierre le Marin", ne serait autre que Gérard Royal, ancien agent de la DGSE, frère de l'actuelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. Attentat d'un pays démocratique contre une organisation écologiste non-violente, l'acte de violation de la souveraineté de l'état néo-zélandais sera aussi à l'origine de tensions entre les deux pays et aura de lourds impacts ultérieurs en termes de relations politiques et économiques.
Trente ans après, la loi Macron et le projet d'enfouissement des déchets nucléaires
"Aberrant, effarant, coup tordu, coup de force ! ", dénonce ce vendredi le Cedra (collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs). Les réactions des écologistes pleuvent depuis hier midi, devant un "nouveau coup de Tafalgar" de la loi Macron sur la question de l'enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Marne). Un amendement glissé par le sénateur Longuet dans la loi débattue aujourd'hui à l'Assemblée nationale, éviterait au projet Cigéo d’en passer par une future loi spécifique. Des associatifs aux politiques, tous les écolos s'en étranglent, même les plus proches du gouvernement, comme le député EELV Denis Baupin. Drôle de façon pour l'Etat de commémorer l'attentat du Rainbow Warrior...
"Et vous, pour quelle grande cause seriez-vous prêts à désobéir ?"
De son côté, pour célébrer la mémoire de Fernando Pereira et avec lui, l’activisme et l’importance de la société civile, Greenpeace organise des événements commémoratifs partout dans le monde. A Bordeaux, le rendez-vous est fixé ce vendredi 10 juillet, Espace Darwin, à La Bastide, à 18 h. Le groupe bordelais de l'ONG qui prépare aussi quelques surprises autour de la "désobéissance" aujourd’hui en France, veut inviter les passants à se poser la question : "Et vous, pour quelle grande cause seriez-vous prêts à désobéir ?"
Des événements similaires auront lieu aujourd'hui ailleurs en France, à Paris, La Rochelle, Montpellier, Rouen, Tours, Marseille, Grenoble, Nice, Nancy, Saint Paul (La Réunion), Notre Dame des Landes.
► EN SAVOIR PLUS
Noël Mamère, l’ancien présentateur du journal de 13h d’Antenne 2, aujourd'hui député maire écologiste de Bègles, qui a couvert l'événement en tant que journaliste, raconte dans une vidéo mise en ligne sur Internet, l’attentat du "Rainbow Warrior". Tout en soulignant l’importance de l’activisme et de la désobéissance civile, pour la démocratie de nos sociétés.
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