Nucléaire: nouvel incident à Fukushima, où de la vapeur s'échappe du bâtiment du réacteur 3
Photo transmise par l'opérateur de Fukushima, Tepco, montrant le réacteur N°3 de la centrale nucléaire après l'accident, le 15 mars 2011 (Photo archives AFP)
Pendant que la France se penche sur la meilleure méthode pour préparer sa transition énergétique en diminuant notamment la part du nucléaire dans sa prodution d'énergie, de l'autre côté de la Terre, nouvelle frayeur à Fukushima. Aujourd'hui, c'est de la vapeur qui s'échappe du bâtiment du réacteur numéro 3 de la centrale atomique, ravagée par le tsnunami du 11 mars 2011.
"Mince filet de vapeur"
"Un mince filet de vapeur", selon Tepco, l'opérateur du site qui avouait toujours ignorer, près de douze heures plus tard, l'origine exacte de ce nouvel incident. Cette vapeur a initialement été aperçue à 8h20 locales (mercredi 23h20 GMT) apparemment en provenance d'une piscine de stockage de matériel au 5e et dernier niveau du bâtiment du réacteur numéro 3. Elle a été repérée par la caméra du personnel d'une entreprise tierce. Cela explique peut-être qu'elle ait été révélée au public, car Tepco qui se veut rassurant, indique que ce type d'incident s'est déjà produit dans le passé sans avoir été communiqué. Ce qui est, en soi, une information plus inquiétante que rassurante...
"Pas d'urgence", selon Tepco
Comme à chaque incident, Tepco cherche à relativiser, en expliquant qu'il a procédé à de multiples vérifications qui montreraient qu'"Il n'y a pas de changements des paramètres qui signalent une éventuelle réaction critique" et que "les instruments de mesure de radioactivité alentour n'ont pas montré de changement significatif". Masayuki Ono, le porte-parole de l'opérateur, lors d'une conférence de presse spéciale, écarte donc l'hypothèse d'un réchauffement soudain et dangereux dans le coeur du réacteur qui, selon lui, "est toujours normalement refroidi". Pour Tepco, il ne s'agit pas d'une situation d'urgence, mais plutôt d'une vapeur produite par de l'eau de pluie qui se serait réchauffée au contact de la cuve du réacteur. On peut s'interroger sur la responsabilité soudaine de la pluie dans cette histoire, surtout si le réacteur est toujours, selon Tepco, "normalement refroidi".
Le réacteur 3 le plus endommagé à Fukushima
Sur les six réacteurs de la centrale japonaise, trois d'entre eux ont été détruits par le séisme et le tsnunami dévastateurs du 11 mars 2011 et le combustible nucléaire y a fondu. Le réacteur 3 est le plus endommagé des trois, car il a aussi subi une explosion d'hydrogène qui a soufflé le toit du bâtiment mi-mars 2011, laissant une partie des installations à l'air et des monceaux de détritus au-dessus. Il règne en outre à proximité de ce réacteur qui fonctionnait au MOX (mélange d'oxydes d'uranium et plutonium et combustible nucléaire français issu des déchets radioactifs, produit et vendu par Areva au Japon) un très haut niveau de radioactivité qui ne facilite pas les interventions.
Une passoire nucléaire loin d'être encore totalement sous contrôle
L'incident encore inexpliqué de ce jeudi 18 juillet, rappelle une fois de plus combien la situation reste instable dans la centrale dévastée. Le site de Fukushima est pourtant considéré par les autorités japonaises comme étant sous contrôle depuis décembre 2011, lorsqu'elles ont décrété les six réacteurs en état dit "d'arrêt à froid". Depuis, quelque 3.000 travailleurs continuent chaque jour de préparer le démantèlement, un chantier d'au moins 40 ans, tout en se démenant face aux multiples avaries qui se déclenchent presque quotidiennement, tant est vulnérable et dangereux le site qui continue de dégager des éléments radioactifs sous plusieurs formes.
Les fuites d'eau radioactives continuent
Tepco et les entreprises qui travaillent à Fukushima, font notamment face à de très gros problèmes d'eau contaminée. Celle issue de l'arrosage continu qu'il faut stocker dans des citernes et décontaminer et qui fait l'objet de fuites à répétition, et celle qui s'est accumulée en sous-sol et qui est soupçonnée de s'écouler dans l'océan Pacifique voisin où la radioactitivé est toujours très élevée. Mercredi 10 juillet, une nouvelle augmentation phénoménale du niveau de césium radioactif était ainsi observée dans un puits de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer.
Mettre à l'abri des rats les équipements vitaux
Depuis des mois, des experts demandent que soient prises des mesures pour fiabiliser les équipements vitaux qui ont été mis en place dans l'urgence dans les premiers mois de crise. Des transformateurs et distributeurs électriques sont encore dans des camions à proximité des bâtiments, à la merci de nouveaux caprices de la nature ou de l'appétit des rats qui ont envahi le site. Mi-mars, un de ces rongeurs avait causé un court-circuit et entraîné une panne qui avait paralysé durant près de 30 heures une partie des systèmes de refroidissement des piscines de désactivation du combustible usé, provoquant le plus grave incident recensé depuis fin 2011.
Fukushima n'en finit pas d'écrire l'histoire d'une catastrophe "illimitée" pour l'humanité.
Cathy Lafon avec l'AFP
Illusrations : photos archives AFP, site de Fukushima depuis le 11 mars 2011
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