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Depuis l'accident nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, le Japon se tourne à marche forcée vers d'autres sources d'énergie.
Après le parc d'éoliennes flottantes au large de Fukushima,le géant de l'électronique Kyocera lance un nouveau projet : la construction de la plus grande centrale photovoltaïque flottante du monde, aux abords de la ville de Kagoshima (sud du pays). Au total, la société nipponne compte déployer dans le port de Nanatsujima, sur un peu plus de 1 km2, près de 29.0000 panneaux solaires qui seront maintenus à la surface par des flotteurs en plastique.
Une fois mise en activité, la centrale de Kagoshima aura une puissance de 70 mégawatts. De quoi satisfaire la consommation électrique de 22. 000 familles. Pas mal.
A qui les 10 milliards d'euros de l'appel d'offres français ?
[VIDEO] 20 mars 2012, inauguration d'Haliade 150-6MW : première éolienne en mer de nouvelle génération
Alstom est en concurrence avec Areva et Siemens, dans l'appel d'offres lancé par la France pour équiper ses cinq futurs parcs français offshore. Car ce sont bientôt (pas avant 2017) 500 éoliennes géantes (l'équivalent de deux réacteurs nucléaires) qui devront s'ancrer au large de nos côtes, pour alimenter avec 3.000 mégawatts plus de 2 millions de foyers en électricité. "A partir de 2020,"précise le patron de Valorem, "il devrait s'installer autant d'éolien sur mer que sur terre". Les coûts actuels sont encore élevés : le coût moyen du mégawatt installé en mer représente plus du double du terrestre. Mais là aussi, les coûts vont baisser avec l'évolution des technologies et le développement du marché mondial. Et les avantages sont nombreux : pas d'impact négatif sur les milieux marins, sauf pendant l'installation, moins de pollution visuelle et d'encombrement terrestre, plus d'énergie produite. Encore faut-il que la France soit au rendez-vous industriel, avec des usines capables de fabriquer sur le territoire les éoliennes. Alstom sera prêt dans deux ou trois ans. Le groupe Areva est prêt dès aujourd'hui, mais sa fabrication est en Allemagne : le groupe s'engage à installer une usine au Havre, s'il est retenu par l'appel d'offres.
Le pavé dans la Manche
Dernier rebondissement en date dans un secteur qui n'en manque décidément pas : selon les Echos du 2 avril, la Commission de régulation de l'énergie recommanderait de déclarer infructueux l'appel d'offres sur le parc du Tréport et de confier les 5 champs au consortium mené par EDF, en partenariat avec Alstom. Une réunion décisive devait avoir lieu à l'Elysée le 2 avril ... Sacré pavé dans la Manche. De deux choses l'une : soit l'éolien n'est pas une option énergétique sérieuse, comme le prétendent ses détracteurs et on ne voit pas bien alors pourquoi il serait si intéressant pour EDF de se voir attribuer tout l'éolien l'offshore. Soit l'éolien est bel et bien une énergie d'avenir et il pourrait s'agir d'y reproduire le modèle monopolistique énergétique français actuel. Ce qui n'est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, le récent rachat-sauvetage dans le solaire de Photowatt par EDF. Ce qu'il y a de sûr, c'est que pour les industriels et les opérateurs, la bataille de l'éolien offshore fait rage.
L'Aquitaine se lancera-t-elle dans l'éolien offshore ?
Avec un cordon littoral aquitain de 200 km de long, la question est logique. La réponse l'est moins : aucun signal de ce type sur les écrans radars aquitains... Jean-Yves Grandidier avance que "le littoral aquitaine serait soumis à des servitudes militaires plus contraignantes que celles des zones pressenties à ce jour : la Normandie, la Manche, la Bretagne." Soit. Et puis, ici, "les fosses océaniques sont proches du littoral. Or, les installations offshore étant aujourd'hui posées et non flottantes, elles seraient trop près du rivage". Re-soit. Vraiment pas de chance... Alors, l'Aquitaine serait condamnée à rester en tous points une "exception" et devrait se contenter d'assister de loin au gigantesque marché de l'éolien offshore ? Ne noircissons pas le tableau, déjà bien gris. Selon Jean-Yves Grandididier, le problème est surtout que "le travail nécessaire préalable n'a pas été mené en Aquitaine pour accueillir ce type d'éoliennes. L'Aquitaine peut être une des zones figurant dans le futur appel d'offres français, qui va étendre l'éolien offshore". Ca fait plaisir.
L'éolien offshore flottant : l'espoir vient de Fukushima
Adapté aux littoraux comme celui de l'Aquitaine, car non posé au sol, l'éolien offshore flottant en est aujourd'hui à ses balbutiements et Jean-Yves Grandidier ne le voit pas peser sérieusement sur le marché de l'éolien avant 2020. Cependant, depuis Fukushima, le Japon est à fond sur le sujet. Un consortium d'industriels japonais a annoncé début mars l'installation d'une ferme à éoliennes flottantes au large de la centrale de Fukushima. Le projet va se lancer progressivement. Dans un premier temps, trois éoliennes flottantes seront installées avec une station de gestion. Une turbine de 2 mégawatts sera mise en place cette année et deux autres, totalisant 14 mégawatts, seront ajoutées entre 2013 et 2015. "Quand on veut, on peut", est devenu un proverbe japonais.
L'éolien n'est bien évidemment pas le seul avenir des énergies renouvelables. Il s'insère dans le bouquet des énergies alternatives au nucléaire et aux énergies fossiles : hydraulique, hydrolien, solaire, photovoltaïque, biomasse... A ce titre, la France doit aussi le développer, pour atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé : 23 % d'énergies renouvelables en 2020. L'enjeu est énergétique, mais aussi industriel, économique et social, avec des emplois à la clé, par dizaines de milliers en France et par centaines de milliers en Europe... Sans oublier l'Aquitaine, où Jean-Yves Grandidier voudrait bien faire mentir l'adage selon lequel "Nul n'est prophète en son pays"... Et parvenir enfin à construire la ferme éolienne de Naujac-sur-Mer avec ses équipes de Valorem. Chez lui, en Gironde.