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Comme toutes les femmes, les agricultrices bio font double boulot. Photo FNAB
Dans uncolloque organisé le mardi 10 avril, à La Pommeraye (Maine-et-Loire), laFédération Nationale de l'Agriculture biologique (FNAB), dont le président est d'ailleurs une présidente, Stéphanie Pageot, éleveuse,s'interroge sur la place des femmes dans l'agriculture biologique. Visiblement, la question passionne : l'événement devrait rassembler plus de 300 personnes. Et la restitution d'une grande enquête menée auprès de 2 500 agricultrices bio afin d'en dresser un portrait robot, promet d'être toute aussi passionnante : elle réunira en effet un plateau d'invitées de choix, 100% féminin. Une fois n'est pas coutume !
Belle, intelligente... et écolo, comme Mélanie Laurent. Photo AFP
Serait-ce une question de courage ? Dans les combats de l'écologie, singulièrement, les femmes semblent avoir moins de mal à occuper le premier rang que dans bien d'autres secteurs. Notamment dans l'Hexagone, où la parité et l'égalité professionnelle et salariale sont loin d'être acquises.
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, Ma Planète rend hommage à ces militantes de l'écologie, qui, célèbres ou non, défendent au quotidien la planète, les causes environnementales, la santé et la vie.
Caroline Chenet-Lis, dont le mari est décédé en 2011, était présente au Salon de l'agriculture de Paris en 2012, aux côtés de Paul François et de Jack Ferrand, pour dénoncer les dangers des phytosanitaires. Photo Isabelle Louvier / Sud Ouest
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, Ma Planète rend hommage à ces trois combattantes de l'écologie, qui défendent avec courage la santé et la vie des agriculteurs, céréaliers et viticulteurs, par leur combat juridique et leur militantisme.
"La vérité, c'est que les agriculteurs sont en train de mourir"
Caroline Chenet-Lis, agricultrice à Saujon, Charente Maritime a perdu son mari Yannick, décédé le 5 janvier 2011 d'une leucémie causée par les pesticides qu'il a manipulés tout au long de sa vie d'exploitant. Depuis, élue à la chambre d'agriculture et vice-présidente de l’Association Phyto-victimes, elle se convertit à l'agriculture biologique. Apparue dans le film de Marie-Monique Robin sur les phytosanitaires,"Notre poison quotidien", aux côtés de son mari, malade, elle est devenue veuve, lorsqu'elle témoigne au début du documentaire de Éric Guéret, "La mort est dans le pré": "La vérité, c'est que les agriculteurs sont en train de mourir", dit-elle.
Le frère de Marie-Lys Bibeyran, Denis, employé dans une propriété de Listrac-Médoc en Gironde, est décédé à 47 ans, en 2009, d'un cancer des voies biliaires. Depuis 2011, sa soeur se bat pour sa mémoire. Salariée viticole elle-même, elle a entamé des démarches auprès de la MSA de Gironde pour obtenir la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle due aux phytosanitaires qu'il utilisait en tant qu'ouvrier agricole. Au-delà de ce combat juridique, la trentenaire collabore avec l'ONG Générations futures, à l'origine d'une enquête réalisée dans le Médoc, mettant à jour la surexposition au cancer des salariés de la vigne. À Listrac, qui est entouré de vignes, elle travaille aujourd'hui à recenser les personnes atteintes de cancers ces dix dernières années pour prouver que l’effet des traitements utilisés dans le vignoble peut aussi avoir des effets sur sa population. Militante anti-pesticides, Marie-Lys Bibeyran est membre de Générations Futures et de Phyto-Victimes.
La BordelaiseValérie Murat, fille d'un viticulteur girondin mort d'un cancer incurable, mène un combat judiciaire pour que son père soit reconnu victime des pesticides. Viticulteur à Pujols (Gironde),James-Bernard Murat est mort en 2012, à 70 ans, d’un cancer bronchopulmonaire, une maladie incurable diagnostiquée en avril 2010, huit ans après son départ en retraite en 2002. Deux mois plus tard, le professeur Brochard, chef du service médecine du travail et pathologie professionnelle au CHU de Bordeaux, reconnaissait son cancer comme maladie professionnelle en établissant un lien entre la maladie et l'activité professionnelle du viticulteur, au cours de laquelle il a sulfaté ses vignes à l'arsénite de sodium, de 1958 à 2000. Valérie Murat a le soutien de l’association Phyto-Victimes, qui vient en "aide aux professionnels victimes de produits phytosanitaires et à leurs proches ". Agée de 41 ans, elle vit et travaille à Bordeaux.
Briser l'omerta
Le courage de ces trois femmes, c'est d'abord d'avoir osé briser l'omerta qui règne dans les campagnes sur les dangers des pesticides, en témoignant publiquement. Puis, de s'être engagées dans de longues procédures judiciaires et dans un militantisme de tous les instants. Pour l'amour de l'être cher qu'elles ont perdu. Mais aussi dans l'intérêt de tous les autres, agriculteurs et consommateurs, dont les phytosanitaires menacent la santé. Sans jouer les stars. Avec modestie, pugnacité et méthode.
Elles sont l'une des innombrables raisons pour lesquelles on se sent très fière d'être une femme. Le 8 mars et tous les autres jours de l'année.