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code de la rue

  • Sécurité des vélos : "Il ne faut pas se tromper de combat". Tribune libre de Vélo-Cité

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    Muriel Sola-Ribeiro, directrice de l'association Vélo-Cité, teste les tourne-à-droite dans l'agglomération bordelaise, avec Clément Rossignol, l'ancien vice-président EELV de la CUB en charge des déplacements doux. Au centre, Michel Berthoumieu. Janvier 2012, photo archives Sud Ouest

    Ma planète publie sous forme de tribune libre, le point de vue de l'association bordelaise des usagers du vélo, Vélo-Cité, qui réagit, dit-elle, à "la polémique entretenue dans les médias suite à l'étude MMA sortie en novembre 2014", suite à laquelle le Conseil national de la Sécurité routière (CNSR) proposait le 8 décembre dernier un système d'amendes minorées adaptées aux cyclistes tel qu'il a été expérimenté à Strasbourg. Bien entendu, l'association Vélo-Cité encourage les cyclistes à respecter le Code de la Route, mais fait quatre remarques judicieuses.

    1. N'inversons pas les rôles : les principaux responsables des accidents de la route ne sont pas
    les cyclistes

    Le cycliste n'est considéré comme responsable des accidents mortels qui lui arrivent que dans 30 % des cas cette responsabilité est de 10 % pour les piétons : les cyclistes accidentés, et plus encore les piétons, sont d'abord des victimes (1) Toutefois, contrairement aux idées reçues, il y a peu (proportionnellement) d'accidents mortels de cyclistes : en 2013 avec 147 cyclistes tués sur 3.268 morts sur les routes de France, ils représentent 4 % des tués, dont 2/3 sont accidentés hors agglomération (2) Concernant les piétons dont on entend régulièrement qu'ils sont terrorisés par les cyclistes, en 2011 sur les 519 piétons tués lors d'un accident de la route, 2 l'ont été suite à un choc avec un cycliste. Le véritable danger pour le piéton est donc plutôt le véhicule motorisé.

    2. Des amendes adaptées en fonction du danger occasionné

    Il semble cohérent d'adapter, pour une même infraction, le montant de l'amende au risque généré. Par exemple, le montant ne serait pas le même selon que c'est un piéton, un cycliste ou un automobiliste qui grille un feu rouge, parce que les conséquences en matière de danger induit pour autrui ne sont pas les mêmes. Il n'y a pas de raison pour que le cycliste soit plus verbalisé qu'un autre type d'usagers : il n'est ni le plus "infractionniste", ni le plus dangereux.

    3. Il faut réaliser les aménagements favorables aux modes de déplacement actifs, et les faire connaître

    Le Code de la route a connu récemment des évolutions favorables aux modes de déplacement doux, dits "actif", vélo et marche à pied  : double-sens cyclables, cédez-le-passage-cycliste-aux-feux, zones de rencontre, zones 30, priorité au piéton qui traverse même en dehors des passages piétons, sas vélo, prudence accrue à l'égard des usagers les plus vulnérables…. Il faut désormais que les villes généralisent les aménagements relatifs à ces évolutions qui aident à réduire les accidents et leur gravité. De plus, ces aménagements contribuent à diminuer les situations où les usagers actifs se retrouvent en infraction. Ainsi, à Bordeaux, la plupart des communes de l'agglomération travaillent à un meilleur partage de la rue entre usagers. Mais ces mesures sont peu connues et donc mal comprises par les habitants. À quand de grandes campagnes d'information TOUT PUBLIC des collectivités en partenariat avec les associations d'usagers ?

    4. Le vélo est un mode de déplacement sûr et sain qu'il faut encourager

    Faire du vélo au quotidien permet de réaliser les 30 minutes d'activité physique par jour, recommandées par l'OMS pour faire diminuer notamment le risque de maladies cardio-vasculaires (170;000 morts par an en France). De plus, faire du vélo ne produit pas de pollution ce qui nous fait dire que faire du vélo c'est
    bénéfique même pour ceux qui n'en font pas. C'est donc un mode de déplacement à encourager, d'autant plus que le développement de la pratique cycliste a un effet protecteur : plus il y a de cyclistes, moins il y a d'accidents (plus on voit des cyclistes, plus on est habitués à les voir et plus on les prend en compte dans notre schéma mental lors des déplacements).

    C'est pourquoi nous pensons certes qu'il faut verbaliser les infractions des cyclistes, mais qu'il ne
    faut pas se tromper de combat. Si c'est la sécurité qui est visée, il faut abaisser la vitesse des véhicules en ville (Ville à 30) et encourager la pratique cycliste notamment en travaillant sur la cohérence et la continuité des aménagements. Il conviendrait également de communiquer sur le partage de la rue et sur la place de chacun dans l'espace public.

    Muriel Sola-Ribeiro, directrice de l'association Vélo-Cité

    (1) Bilan 2012 de la Sécurité routière en France
    (2) Bilan 2013 de la Sécurité routière en France

    PLUS D'INFO

    • L'association Vélo-Cité forme aussi les cyclistes.

    La Vélo-école, la Remise en selle, les animations, les stands, les interventions en entreprises et collectivités et l'accueil qu'elle propose toute l'année, dispense de nombreux conseils aux cyclistes afin qu'ils circulent en ville en toute sécurité. Cela passe certes par l'apprentissage du Code de la Route avec ses spécificités pour les cyclistes (panneaux, équipements obligatoires…), mais aussi par la connaissances de règles de sécurité qui elles ne sont pas inscrites dans le Code de la Route (ne pas rouler trop près des voitures en stationnement pour éviter les ouvertures de portière, rouler à distance des véhicules à gros gabarit = angle mort…).