Un loup flashé par un radar en Ardèche
Cellier-du-Luc (Ardèche). Un radar automatique a flashé un loup dans le département, dans la nuit du 11 au 12 avril 2013. Photo DR
- "Loup y es-tu ?" - "Que fais-tu ?" Le loup est bel est bien en Ardèche. Et il ne met pas ses lunettes. Il a en effet été flashé à Cellier-du-Luc par un radar automatique mis en place par la Direction départementale des territoires et le cliché légèrement flou, en noir et blanc, pris dans la nuit du 11 au 12 avril, montre les yeux de l'animal rendus blancs par la lumière du flash. Un mois plus tard, la photo est officiellement expertisée : pas d'erreur, c'est le loup !
La preuve par le flash
Le loup n'a pas été flashé pour excès de vitesse, comme peuvent l'être des humains trop pressés au volant de leur véhicule. Mais pour "preuve d'existence". On soupçonnait la présence du canidé sur le territoire ardéchois où, "depuis juin 2012, 18 attaques sur des animaux domestiques ont fait l’objet d’un rapport d’expertise du Centre national d’études et de recherche appliquée de l’Office national de chasse et de la faune sauvage", selon la préfecture du département de la région Rhône-Alpes, citée par "Le Parisien-Aujourd'hui en France". Histoire d'en avoir le coeur net, plusieurs radars avaient ainsi été installés afin de savoir si des loups de promenaient vraiment en Ardèche. Ou pas.
Pas un scoop
Si la photo prise par le radar permet donc de confirmer la présence du loup en Ardèche, elle ne constitue pas vraiment non plus un scoop : l'animal, déjà implanté dans les départements limitrophes, a même fait une percée dans le Gers, en Midi-Pyrénées, en décembre dernier (photo ci-contre). Le récent cliché ardéchois devrait surtout permettre la mise en place de solutions pour améliorer la protection des animaux d'élevage. Il existe en effet déjà des barrières électriques, des chiens de berger, ou encore des abris pour protéger les animaux la nuit, considérées par les éleveurs comme insuffisantes. Mais certains d'entre eux, sceptiques sur de nouvelles mesures, souhaitent plutôt faire revoir la directive européenne Habitat Faune sauvage qui classe le loup comme un animal hautement protégé. Au grand dam des défenseurs de l'environnement et des espèces animales menacées de disparition.
Un nouveau Plan loup
Le bon point pour les écolos, c'est qu'on ne parle plus en France de l'éradication du loup dans nos montagnes. C'est ce qui ressort du nouveau Plan national loup présidé par le député maire des Alpes de Haute-Provence Christophe Castaner (photo ci-contre). Les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture ont présenté, le 5 février, le projet de Plan d'action national pour le loup, qui doit couvrir la période 2013-2017. Cette présentation a été faite à l'issue de la réunion du Groupe national loup qui rassemble des parlementaires, des représentants de la profession agricole, des chasseurs, des associations de protection de la nature, des élus, des services de l'Etat et des experts. Pour le ministère de l'Ecologie, le nouveau plan vise à mettre en place "une gestion différenciée selon les territoires comprenant des mesures graduées adaptées aux différents systèmes d'exploitation et à la pression des prédateurs". "Des mesures de protection et d'indemnisation sont améliorées. Les conditions des tirs d'effarouchement et des tirs de défense pour prévenir la survenance de dommages importants aux élevages évoluent dans le sens d'une territorialisation et d'une réactivité accrues", précise aussi le ministère.
Réguler ou développer l'espèce ?
Le plan Loup qui est censé protéger et indemniser les éleveurs pourrait donc passer de 10 à 25 millions d'euros. Et aussi doubler le nombre total maximum de loups pouvant être tués. En 2012/2013, ce chiffre était de 11. En 2011/2012, il était de six. Sept loups ont été tués entre 2008 et 2012. Cela satisferait en partie les éleveurs mais pas les défenseurs du loup, pour qui la vraie solution consiste à renforcer les mesures de protection des troupeaux et non pas "tirer à vue" sur l'animal. De son côté, l'association environnementale "pro-loup" Ferus évoque un plan "poudre aux yeux" qui ne permet pas de développer l'espèce, même si elle reconnaît aussi qu'"il s'agit d'un plafond maximum pouvant être atteint et non un quota à atteindre".
Les loups, "délinquants" potentiels ou spécimens à protéger ?
Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a rendu les 8 et 11 avril derniers un avis favorable au projet de plan d'action national loup 2013-2017 ainsi qu'aux textes permettant sa mise en œuvre. La consultation par le public de ces projets sur le site du ministère de l'Ecologie vient tout juste de s'achever, le 6 mai. Dans ce contexte, s'il tombe à point pour certains éleveurs, le cliché du loup ardéchois pourrait rendre encore plus délicate la mise en oeuvre du nouveau Plan loup.
Des cartes interactives des radars à loup ?
Les plus acharnés parmi les défenseurs des animaux se demanderont pour leur part s'il convient de traiter les loups comme des délinquants et s'il ne faudra pas finir par mettre à leur disposition, sur internet, des cartes interactives des radars destinés à détecter leur présence...
►REPERES
- Le loup en chiffres. En France comme en Europe, l'aire de répartition du loup augmente de 25% par an et la population croît de façon régulière. On estime à 250 le nombre de loups vivants sur le territoire français. Le loup français est d'origine italienne. Il est revenu naturellement au début des années 90 dans les Alpes, après son éradication dans les années 1930. L’Espagne en abrite plus de 2.500 et l’Italie 1.500.
►EN SAVOIR PLUS
- Le site de l'Etat français consacré au loup : cliquer ICI
- Le futur Plan loup 2013-2017 : cliquer ICI
- La cartographie de la présence du loup en France : cliquer ICI
- La directive Habitat faune-flore sauvages : cliquer ICI
►LIRE AUSSI
- Alpes : la mise en place du Plan national loup sera délicate, La Provence 18 avril 2013
- Ecolos et éleveurs : le loup est dans la bergerie, Ma Planète 26 mars 2013
- La réponse des pouvoirs publics face au retour du loup, Actu-environnement
- Biodiversité : le loup est revenu ! Ma Planète 12 décembre 2012