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rapport - Page 27

  • Nucléaire. Cher André-Claude Lacoste, je te kiffe

    lacoste.jpgCher André-Claude Lacoste (ACL), toi le grand patron de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), permets-moi d'abord de te tutoyer. Car il faut que je te dise un truc : je te kiffe. Grave.

    Ca ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, en mars dernier, mon coeur avait frémi lorsque je t'avais vu à la télévision, commenter l'impensable : dans un pays capitaliste, d'un haut niveau technologique et scientifique, dont la valeur travail est un modèle pour tout l'Occcident, une centrale nucléaire venait de péter. Le 13 mars 2011, le monde entier, sidéré, découvrait que le Japon avait eu une centrale nucléaire qui s'appelait Fukushima. J'avais la grippe, 40 ° de fièvre, le cerveau embrumé, le moral dans les chaussettes et je me trainais consciencieusement devant ma téloche pour ne pas rater le moindre commentaire des "experts" qui défilaient sans rien savoir des réalités de la situation au Japon. "Fukushima addict", je devenais, redoutant une fin du monde dont on ne m'avait pas dit qu'elle était prévue pour le 21 décembre 2012. Quand soudain, on annonce la venue sur le plateau télé du "gendarme de l'ASN", c'est à dire toi, cher ACL. Ouh la la la, me dis-je, celui-là, il va nous refaire du professeur Pierre Pellerin (patron du SCPRI en 1986), genre post-tchernobylesque : "Le nuage de Fukushima, il va éviter la France".  "Mais non, ce n'est pas une catastrophe nucléaire là, juste un tsunami qui a mal tourné".  "Et puis d'abord, un accident nucléaire, ça ne peut pas arriver en France."

    Ou du NKM, genre je noie le poisson : "Fukushima, c'est une catastrophe naturelle, pas un accident technologique nucléaire". Et le lendemain  : "C'est un ACCIDENT nucléaire,  oui, mais PAS une CATASTROPHE nucléaire. Nuance". Et là, avec tes faux airs de général Bertineau dans "Taxi" (l'excellent Jean-Christophe Bouvet, qui joue le rôle du papa de Marion Cotillard), tu m'as scotchée. Je résume tes propos: "Oui, Fukushima, c'est un accident nucléaire d'une gravité sans précédent". "Oui, cela peut arriver en France, car malgré toutes les précautions prises, un accident nucléaire ne peut jamais être exclu, même en France". J'en avais les larmes aux yeux : un expert du nucléaire et de la sûreté qui va avec, qui ne nous prend pas pour des imbéciles ! Dieu existe, et Eva Joly est la Sainte Vierge !

    La révélation

    Il a "la révélation", me suis-je dis. Ce gars là, symbole de l'industrie nucléaire française, va virer anti-nucléaire et devenir le meilleur pote de Stéphane Lhomme, ex-héraut girondin du réseau Sortir du Nucléaire et militant actif de Tchernoblaye.  Les larmes aux yeux que j'avais. Là, c'était la fièvre qui me faisait délirer. Mais dix mois après, le 3 janvier 2012, mon coeur s'emballe à nouveau ! A l'heure où tu dois remettre, cher ACL, au nom de l'ASN, le rapport commandé par le gouvernement français sur la sûreté de nos centrales françaises, je suis à l'affût de tes propos, sur internet et sur France Info. Et boum, tu récidives. Certes, tu ne demandes l'arrêt immédiat d'aucun réacteur français, mais tu mets les choses au clair : "La poursuite de l'exploitation des centrales nécessite d'augmenter leur robustesse face aux situations extrêmes" et "malgré toutes les précautions prises, un accident nucléaire ne peut jamais être exclu. C'est ce qui fonde toute notre action". Pas de langue de bois, avec ACL. Juste les faits. Et cette façon, juste, élégante et virile à la fois, de se poser en arbitre au dessus de la mêlée, en renvoyant gouvernants politiques et exploitants face à leurs responsabilités.  "Il faut un investissement massif"  : tu le dis, oui, ça va coûter très cher. Mais tu rajoutes aussi que rien n'interdit à un gouvernement ou à un exploitant,  de prendre la décision d'arrêter un ou des réacteurs, s'il s'avère que la mise aux normes de sécurité n'est pas rentable. Fessenheim, suivez mon regard... Alors là, je dis chapeau. Et puisque le nucléaire est là et restera bien là pour des centaines d'années, même si on décide d'en sortir, je nous souhaite d'avoir plein d'autres ACL pour les mille ans qui viennent. Cher André-Claude, tu es bien un des rares gendarmes de ce pays à me donner le sentiment d'être en sécurité.

    Alors, je t'embrasse et te souhaite une excellente année 2012. Honnête homme, scrupuleux et indépendant, tu as déjà 70 ans. Puisses-tu rester longtemps encore à la tête de l'ASN.

    Dictionnaire des sigles

    ASN : Autorité de sûreté nucléaire

    ACL : André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire

    SCPRI : Service central de protection contre les rayons ionisants (aujourdhui IRSN)

    NKM : Nathalie Kosciusco-Morizet, actuelle ministre de l'Ecologie en France

     Lire aussi  

    Intégralité du rapport de l'ASN : cliquer ICI.

    Il faudra des milliards d'euros pour sécuriser les centrales

    L'ambition d'être un arbitre "en dehors de la mêlée"

    Revoir la conférence de presse d'ACL du 3 janvier


    Présentation du rapport de l'ASN sur les... 

    Cathy Lafon

     

  • Nucléaire : le débat. Calculez en ligne avec Greenpeace "votre" propre risque nucléaire, en fonction de l'endroit où vous habitez

    centrale-nucleaire.jpgL'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) vient de présenter, le 17 novembre, son rapport d'expertise à la suite de l'examen des rapports des Evaluations complémentaires de sûreté (ECS) des exploitants nucléaires.

    Dans sa newsletter de décembre 2011, l'IRSN publie les résultats de cette contre-expertise des sites nucléaires français, menée sur les documents de sûreté soumis par les industriels en cas de catasrophe exceptionnelle, comme celle qu'a connue cette année Fukushima (Japon). Au terme de cet énorme travail, réalisé en un temps record, l'Institut met en valeur les trois grands constats suivants (entre guillemets, les citations de l'IRSN) :

    "1. Le nombre d'installations présentant des écarts de conformité aux exigences requises qui fragiliseraient leur sûreté est faible. " Mais pas inexistant.

    "2. Les évolutions de connaissances doivent conduire à réexaminer certaines exigences de manière anticipée." Le risque sismique est ici visé, tout particulièrement.

    "3. La question du comportement des installations nucléaires, en cas de catastrophe naturelle extrême envisageable se pose, car en l'état, cela pourrait avoir des conséquences inéluctables, avec à terme, la fusion du coeur et des rejets radioactifs".

    Si la sécurité et la sûreté de nos installations nucléaires sont maximales et seront encore améliorées (ce dont on ne peut que se féliciter), l'IRSN se refuse cependant à évacuer totalement le risque d'accident majeur, en cas de catastrophe naturelle extrême. Dont la probabilité ne peut, elle-même, être totalement évacuée, même si elle reste infime dans un pays qui a la chance de jouir d'une géolocalisation idéale, avec un risque sismique bien inférieur à nombre d'autres pays comme le Japon,  l'Iran, la Turquie... En revanche, la France a été frappée par deux tempêtes hors normes en l'espace de dix ans : Klaus, en 1999, et Xynthia, en 2010.

    Pour lire la synthèse du rapport de l'IRSN : cliquer ICI.

    Pour lire le tome 1 du rapport  : cliquer ICI.

    Pour lire le tome 2 du rapport : cliquer ICI.

    Nucléaire. Ou pas. Le débat écolo

    Chez les écologistes, il y a les anti-nucléaires, qui prônent la sortie de ce type de production énergétique en 20, 25 ou 30 ans, en l'accompagnant du développement des énergies renouvelables et d'économies d'énergie. En dépit de Tchernobyl et de Fukushima, il y a aussi ceux qui, en toute bonne foi, pensent que le nucléaire permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et que, dans le contexte actuel du réchauffement climatique, il serait fou d'y renoncer. Dans le cadre de ce débat, le rapport de l'IRSN  a le mérite d'informer les Français, en soulignant que le risque nucléaire existe bel et bien. Pour les populations, il reste donc une vraie question, d'ordre moral : avons-nous on non le droit de courir ce risque ?  On peut se dire que chacun d'entre nous doit pouvoir y réfléchir et avoir les moyens d'y répondre. En tant que citoyen.

    Risque nucléaire : 63 millions de Français concernés

    C'est dans le contexte de ce rapport post-Fukushima, que  Greenpeace  veut nourrir le débat sur l’engagement de la France dans l’énergie nucléaire, sous l’angle de la sécurité. Fidèle à ses méthodes de sensibilisation percutantes, l'association propose sur internet  une application de visualisation du risque que les Français encourent en cas d’accident nucléaire, en fonction de l'endroit où ils habitent.

     centrales-nucleiares-612760.jpg

    L'organisation écologiste rappelle que la France compte 58 réacteurs nucléaires en fonctionnement, ce qui en fait le deuxième pays nucléarisé au monde (cf la carte CNRS - source EDF ci-contre). Pour protéger la population en cas d’accident nucléaire, l’Etat a mis en place des PPI (Plans particuliers d’intervention). A 2 km autour de l’installation endommagée, on est évacué. A 10 km, on est confiné. Rien au-delà. Pourtant, depuis Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011), il est avéré que la zone concernée par un accident nucléaire s’étend de 100 à 300 km autour du lieu concerné.

    Habitant à Bordeaux, j'ai testé pour vous l'application de Greenpeace. J'ai pour sites nucléaires voisins le Blayais, Golfech, et un peu plus loin, Civaux.  Je le savais que ça n'allait pas me filer la pèche  : la simulation est efficace, et donne envie de déménager illico. Mais pour aller où ? Je préfère donc vous avertir : le rire n'est pas garanti, et ce n'est pas non plus le jeu en ligne familial idéal pour les fêtes de fin d'année ... ni pour les lendemains de réveillon de nouvel an bien arrosé. Mais juste avant, ou juste après, cela peut aider certains d'entre nous à sortir la tête du sable... 

    Cathy Lafon