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Alors que les rapports scientifiques ne cessent de confirmer la réalité du réchauffement climatique et que le typhon qui vient de frapper les Philippines en confirme les conséquences dramatiques, il est urgent de progresser vers un accord universel de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
"Relever les ambitions à court terme"
La conférence de Doha doit être l’occasion de relever les ambitions à court terme dans l’action contre le réchauffement climatique et une étape utile vers un accord ambitieux, que la communauté internationale s’est fixée pour objectif de conclure en 2015, pour une entrée en vigueur en 2020.
Urgence à agir
C’est le message qu’a porté Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, lors d’une réunion ministérielle qu’elle a co-présidée aujourd’hui, avec Herman Rosa Chavez, ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles du Salvador. En introduction de cette réunion, M. Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations unies a rappelé l’urgence à agir et annoncé sa volonté de convoquer un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement en 2014. La ministre française a rappelé que les objectifs de réduction fixés volontairement par les différents pays parties à la Convention ne permettaient pas en l’état d’éviter un réchauffement climatique supérieur à 2°C. Sans attendre 2015, il faut donc agir dès maintenant. La France, avec l’Union européenne, est prête pour sa part à prendre de nouveaux engagements contraignants de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre d’une seconde période du Protocole de Kyoto. Il est important que d’autres pays s’engagent eux aussi sur de tels objectifs contraignants.
1,2 milliards d'euros pour préserver le climat
Lors de son intervention durant la table ronde ministérielle, Pascal Canfin, Ministre du Développement, a rappelé l'engagement européen de poursuivre les efforts de financement en faveur des plus vulnérables. Il a souligné l'engagement de la France, qui a consacré, dans le cadre du seul Fast Start, entre 2010 et 2012, plus de 1,2 milliards d'euros à la lutte contre le changement climatique (soit 420 millions d'Euros par an), mais aussi que le Fast Start ne constituait qu'une petite partie des financements climat. Les financements bilatéraux de l'Agence Française de Développement (AFD) dans le secteur de l'énergie ont désormais comme priorité les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, afin d'accompagner les pays en développement vers un modèle sobre en carbone. Le ministre a aussi rappelé l'importance de l'engagement de la France sur les financements climat via l'affectation d'une partie de la taxe sur les transactions financières au climat et notamment au futur Fonds vert pour le climat, tout en insistant sur les efforts en faveur de l'adaptation qui méritent d'être renforcés dans les négociations pour l'accord de 2015.
Comment réduire nos émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique en cours sur la planète ?
Aujourd'hui débute à Doha (Qatar) la 18e conférence internationale sur le climat, qui réunit pour deux semaines 194 pays en quête de bases pour un nouvel accord mondial sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Que dire de plus sur le sujet ?
A première vue, rien. On ne cesse de le répéter, au niveau mondial, les signaux d'alerte des éminentes institutions internationales qui se chargent de notre présent et de notre avenir, affluent de tous côtés : l'Europe, la Banque mondiale, le Giec, le Programme des Nations unies pour l'environnement, les scientifiques... Tous tirent la sonnette d'alarme pour rappeler que si l'on ne réduit pas drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES), comme le gaz carbonique (CO2) ou le méthane, la hausse des températures, déjà constatée à l'échelle de la planète, va s'aggraver. Au rythme actuel il n'y a pratiquement plus aucune chance de limiter le réchauffement aux alentours de 2°C comme s'y était engagée la communauté internationale lors du sommet de Copenhague en 2009 : « Il est nécessaire d'apporter une réponse plus rapide au changement climatique et c'est possible », déclarait il y a encore quelques jours Christiana Figueres, la responsable des questions climatiques à l'ONU. La Banque mondiale elle-même, a lancé le 8 novembre dernier à Washington, unultimatum pour éviter le "cataclysme climatique", (Ma Planète du 22 novembre 2012), selon les propres termes du rapport de l'institution. "Cataclysme" qui se produirait si la planète finit par connaître une élévation de 4° de sa température moyenne, comme l'envisagent désormais les scientifiques, si l'humanité continue à ne rien faire pour stabiliser le climat.
La sécheresse menace de dépérissement 70 % des arbres dans le monde
Oui, mais vraiment rien de plus ? Allons-y pour une des dernières études scientifiques en date, publiée le 30 septembre dernier par la revue "Nature" et reprise le 24 novembre par "Le Monde". Les forêts, poumons de la Terre, sont menacés de dépérissement : les arbres sont plus vulnérables à la sécheresse que les scientifiques ne l'imaginaient. La planète se réchauffe ? Cool ! On pourra enfin planter des oliviers en région parisienne et, pourquoi pas, des orangers en Irlande ! Raté. Ca ne se passe pas comme ça. Le monde vivant n'est pas un gigantesque jeu de Playmobil. Quand les arbres manquent d'eau, ils font des embolies, comme les humains : des bulles d'air obstruent les vaisseaux qui transportent la sève qui les fait vivre. Tous les arbres sont concernés par ce desséchement fatal, feuillus comme conifères, et tous les climats également, humides ou secs. Petit problème : la mortalité accrue des arbres fait planer une menace sur les écosystèmes qui n'a pas encore été prise en compte dans les scénarios déjà désastreux du réchauffement climatique. Quel nouvel impact aura sur le climat le dépérissement des "puits de carbone" que constituent les forêts ?
La planète en chaussettes en 2013 ?
Creusons-nous encore la cervelle, pour rester "constructifs". Au cas où l'argument ferait mouche auprès des grands décideurs mondiaux (l'espoire fait vivre), il est peut-être utile de rappeler que le premier dossier à traiter à Doha est tout simplement la mise en route d'une deuxième période pour le protocole de Kyoto qui s'achève à la fin de cette année. Jusqu'à présent, cet accord est le seul instrument international juridiquement contraignant en matière de réduction d'émissions de GES(gaz à effet de serre) dans lequel s'étaient engagés l'Union européenne et quelques grands pays industrialisés. Mais pour ce deuxième round, le Japon, le Canada et la Russie ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne resigneraient pas... L'engagement, dès lors, paraît relativement symbolique : les pays présents à Doha, dont l'Europe, ne représentent en effet qu'environ 15 % des émissions de GES au niveau mondial. Autant dire que, question réchauffement climatique, la planète risque fort se retrouver toute nue en 2013 ... Sauf si l'on avait la surprise d'enregistrer à Doha de véritables avancées en direction d'un nouvel accord mondial sur le climat, dont le principe a été inscrit l'an dernier dans l'accord de Durban (Afrique du Sud) et qui devrait donner lieu à un nouveau traité censé en vigueur en... 2020. C'est pas comme s'il y avait urgence.
L'hôte de la conférence climat : le Qatar, premier émetteur de CO2 de la planète
Que dire de plus, donc ? On peut quand même rajouter que le pays choisi pour accueillir la 18ème conférence sur le climat est le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié et premier pays émetteur au monde de gaz carbonique par habitant, avec 44 tonnes (contre 6 tonnes pour la France). Voilà un choix international de plus qui ne peut que laisser rêveurs les écologistes, confrontés par ailleurs en France, à l'éternel retour de la question de l'exploitation des gaz de schiste, au refus du gouvernement de tenter d'écouter, à défaut de les entendre, les arguments des partisans d'une autre forme de croissance économique moins émettrice de gaz à effet de serre, comme c'est le cas à Notre-Dame-des-Landes, et, dans le même temps, au flou complet du débat qui doit s'ouvrir le 29 novembre sur la transition énergétique présentée néanmoins comme "nécessaire et incontournable". On ne peut qu'espérer que le rendez-vous de Doha ne contraigne au moins le Qatar, pays roi du pétrole où l'on construit, entre autres, des haras climatisés (sic), à se préoccuper enfin d'écologie...
Des opportunités de croissance formidables
Et remettre sur le tapis, que"La réduction des émissions offre des opportunités de croissance formidables", comme ne cesse de le seriner Nicholas Stern? C'est pas une bonne idée ça ? Désormais enseignant à la London School of Economics, l'auteur du rapport éponyme l'assure aussi dans le livre, "Deux économistes face aux enjeux climatiques", qu'il a cosigné avec le Français Roger Guesnerie (président de l''École d'économie de Paris) : " La transition vers une économie sobre en carbone a tout pour enclencher une phase de révolution industrielle de créativité et d'innovation qui contribuera fortement au développement des pays pauvres ". Merci bien Nicholas, mais au risque de vous décevoir, l'argument a tellement été rabaché ces dernieres années, qu'on se demande comment il pourrait soudainement éveiller l'intérêt de la communauté internationale.
"il faut que tu respires !"
Là, il n'y a vraiment rien de plus à dire. Voilà pourquoi Ma Planète préfère écouter avec vous le refrain d'une de ses chansons-culte-écolo : "Respire", de Mickey 3D :
"Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire"
Pas vraiment nouvelle (2003) et toute simple, la chanson écolo du groupe rock de Saint-Etienne, par ailleurs fan des Verts (le club de foot stéphanois, pas le parti écologiste...), résume à la perfection tout ce dont Doha devrait prendre conscience...
Les ravages de l'ouragan Sandyà Cuba, 26 octobre 2012 AFP
+4°C en 2060. Selon les dernières études des scientifiques (revue Science, 9 novembre) l'hypothèse est plausible. Pour la Banque mondiale, ce serait le "cataclysme" climatique. Inondations, sécheresse, montée des océans : à quelques jours de la prochaine conférence internationale sur le climat de l’ONU, qui se tiendra à Doha (Qatar), du 26 novembre au 7 décembre, l'institution met en garde contre le scénario noir d'un réchauffement du thermomètre mondial de 4°C dès 2060 et la "cascade de cataclysmes" qui frapperaient alors les pays pauvres. Mais aussi les pays riches et développés.
Des "décennies de développement" réduites à néant
Selon le rapport publié dimanche 18 novembre à Washington par la Banque mondiale, commandé par l'institution à l'Institut de recherche sur l'impact du changement climatique de Potsdam (Allemagne), le niveau actuel d'émissions de C02 rend quasiment intenable l'engagement pris par la communauté internationale de contenir le réchauffement du globe à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. D'après ce rapport, le thermomètre mondial pourrait en réalité grimper de 4°C "au cours du siècle" et "dès 2060" si les gouvernements mondiaux n'agissent pas d'urgence. "Ce monde serait tellement différent de celui dans lequel nous vivons qu'il est difficile de le décrire", a prévenu à Washington le président de l'institution, Jim Yong Kim, en préambule du rapport, ajoutant que des "décennies de développement" pourraient être réduites à néant.
Les chiffres du réchauffement climatique
Le rapport rappelle que le climat s’est déjà réchauffé de 0,8°C par rapport aux températures de l’époque pré-indusrielle, tandis que les océans se sont déjà réchauffés de 0,09°C. Il ajoute que le niveau de océans s’est déjà élevé de 20 centimètres, que cette hausse s’est accélérée de 1,7 millimètre par an au XXe siècle, puis de 3,2 milimètres par an depuis le début des années 1990, ou encore que l’Europe a vécu entre 2002 et 2011 les cinq étés les plus chauds qu’elle ait connu depuis cinq cents ans. Le constat est tout aussi alarmant pour l’acidification des océans, la diminution des glaces arctiques et les épisodes de sécheresse à venir.
Gaz à effet de serre : nouveau record en 2011
Quant à la teneur de l'atmosphère en gaz à effet de serre, elle a atteint un nouveau pic en 2011 et la concentration actuelle de ces gaz responsables du réchauffement de la planète aura des conséquences sur la vie sur terre pendant des siècles, a averti cette semaine l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Le CO2 est responsable de 85% du réchauffement climatique relevé au cours des 10 dernières années. "Ces milliards de tonnes de CO2 additionnels dans notre atmosphère vont rester pendant des siècles, et réchauffer encore plus notre planète et cela aura des répercussions sur tous les aspects de la vie sur terre", a déclaré Michel Jarraud, Secrétaire-général de l'OMM (photo ci-dessus).
"Modifier notre cap"
Cette sombre perspective "peut et doit être évitée", assure la Banque mondiale qui souligne que la responsabilité de l'homme dans le réchauffement en cours est "sans équivoque". "Nous, la communauté internationale, avons encore le temps d'adopter de nouvelles politiques, de modifier notre cap et de prévenir les conséquences les plus dangereuses du changement climatique", assure en écho le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, cité en marge du rapport. Et ces "conséquences" ne sont pas minces, avertit la Banque mondiale.
La biodiversité et l'humanité menacées
Listant les dangers qui menaceraient alors la planète (inondations, sécheresses, malnutrition...), l'institution prédit une aggravation des "pénuries d'eau" en Afrique de l'Est, au Moyen-Orient ou en Asie du Sud et un "important rebond" de la mortalité infantile en Afrique sub-saharienne. Certaines maladies véhiculées par les insectes (malaria, dengue) risquent également trouver un nouvel essor tandis que les barrières de corail, "protections naturelles contre les inondations", pourraient ne pas résister aux retombées acides du CO2 dans l'océan, énumère la Banque mondiale. Plus globalement, le changement climatique pourrait devenir "la plus grande menace à la biodiversité", selon ce rapport.
Pas de recettes-miracle
"Un monde à +4°C (...) déclencherait une cascade de cataclysmes", résume la Banque mondiale ajoutant qu'il n'y avait "aucune certitude" que la planète puisse y faire face. "Les plus pauvres et les plus vulnérables seront les plus durement touchés", assure le président de la Banque mondiale, même si aucune région ne serait épargnée. Les sécheresses ayant frappé cet été les Etats-Unis ou l'Europe de l'Est pourraient se reproduire et l'Occident serait aussi confronté à l'afflux de populations fuyant les conséquences des bouleversements climatiques. Le rapport ne propose pas de remèdes-miracle pour relancer l'élan de la communauté internationale, qui a faibli depuis le fiasco du sommet de Copenhague en 2009 et sous l'effet de la crise économique.
La lutte contre le réchauffement climatique pour relancer la croissance économique
Manhattan sous les eaux après le passage de Sandy, la calotte glacière qui vire à la crème glacée, 26 Etats américains touchés par une monstrueuse sécheresse hors norme cet été, le Colorado et la forêt sibérienne ravagées par des incendies... Les chocs climatiques se succèdent désormais à une vitesse effrénée. Et pourtant, plus les certitudes des scientifiques progressent concernant l'évolution du climat et moins les Etats semblent décidés à agir. D'où la sévère mise en garde de la Banque mondiale qui n'y va plus par quatre chemins et veut en outre faire passer un message: la lutte contre le réchauffement n'est pas l'ennemie de la croissance. "Le secteur privé doit comprendre que l'adaptation au réchauffement climatique constitue une opportunité économique", assure Jim Yong Kim, estimant que la Chine en a déjà pris conscience et appelant d'autres pays à suivre son exemple.
"Je suis convaincu que le changement climatique est une réalité et que les activités humaines et les émissions carboniques ont un impact."
La phrase est de Barack Obama. Il l'a prononcée lors de la première conférence de presse qui a suivi sa réélection comme président des Etats-Unis, le 14 novembre dernier, après le passage de l'ouragan Sandy. Terriblement dévastateur sur le plan matériel, Sandy a laissé des traces "vertes" outre-atlantique dans les esprits des Américains. La prise de position de Barack Obama est-elle le révélateur d'une évolution des mentalités et d'une progression de la cause écologiste, dans le deuxième pays le plus émetteur au monde de gaz à effet de serre ? L'effet écolo de l'électrochoc Sandy sera-t-il durable ?
Quoiqu'il en soit, la Banque mondiale a fait le job: l'ultimatum climatique est lancé. Le message sera-t-il reçu ? Rendez-vous à Doha.
Cinq pays seulement sont à l'origine de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre : la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, la Russie et le Japon dominent le classement.
30 milliards de dollars : c'est le montant de l'aide fédérale réclamée par le gouverneur de New York, Mario Cuomo, après le passage de l'ouragan Sandy.
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L'intégralité du rapport de la Banque mondiale "Turn down the heat. Why a 4° warmer world must be avoided" : cliquer ICI