Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

littoral - Page 3

  • Littoral : "Submersion", le documentaire qui veut éduquer au risque de la montée des eaux

    submersion charente maritime.jpg

    La Charente-Maritime est particulièrement exposée au risque de submersion. Photo archives "Sud Ouest"/ Xavier Léoty

    Il arrive parfois que le hasard fasse vraiment bien les choses... Comme ce soir, à Bordeaux, où la projection du film "Submersion", un documentaire sur la montée des eaux sur le littoral, était initialement prévue dans le cadre des Journées mondiales des zones humides.

    bordeaux alerte-inondations-pendant-cinq-jours-du_2479938_800x400.jpgVoilà qu'elle tombe en pleine alerte au risque inondation à Bordeaux, en Gironde, et sur toute la façade atlantique, en raison du phénomène de grandes marées de février dont le plus fort coefficient est prévu ce vendredi 20 février (118). Et à 9 jours du cinquième anniversaire de la tempête Xynthia qui a causé la mort de 35 personnes dans le grand Sud-Ouest, dont 29 dans la seule petite commune de La Faute-sur-Mer en Vendée, noyées par un véritable raz-de-marée qui a inondé brutalement les côtes de la Charente-Maritime... Deux excellentes raisons, vous en conviendrez, pour se déplacer à 18h30 au siège de l'association Boulevard des Potes, 29 rue Bergeret, et participer au débat qui suivra la projection de "Submersion", animé par Olivier Sigaut, enseignant bordelais en sociologie de l'environnement, coréalisateur du documentaire avec Elise Leroy et Sylvie Monin.

    Le littoral face au changement climatique

    xynthia.jpgS'il vous faut une motivation supplémentaire, sachez que ce film aborde d'une façon doublement inédite et originale la question prégnante du changement climatique. "Submersion" s'intéresse au point de vue des populations concernées, souvent modestes, qui ont fait construire en zone inondable. Dans le film, habitants, élus, associatifs, universitaires, techniciens et experts parlent en exprimant leur savoir, mais aussi leurs doutes, leurs angoisses et leur désarroi face à une réalité qui les a rattrapés et frappés de plein fouet en 2005, lors de la tempête Xynthia (photo "Sud Ouest" ci-dessus). Deuxième originalité, le documentaire est le fruit du travail collectif d'étudiants, d'enseignants et de professionnels. Il a en effet été réalisé dans le cadre de la formation du BTS gestion et protection de la nature du lycée Henri-Queuille (Neuvic, Corrèze).

    affiche submersion bvd des potes + bandeau pt web jpeg.jpgInformer et donner les clés

    Une chose est sûre, le niveau des océans monte inexorablement. Avec comme conséquences directes les risques de submersions qui menacent aujourd’hui le littoral, et posent la double question de sécurité des habitants et de l'avenir de certaines zones humides, premiers remparts naturels contre la submersion. Mais quand on a dit ça, on n'a rien dit. Face au risque de submersion, que faire ? Comment permettre, notamment, aux populations locales d'accéder à l'information nécessaire pour s'emparer du débat et avoir une réflexion sur les enjeux littoraux du réchauffement climatique ? Sans les culpabiliser, dans le cadre d'une véritable éducation populaire au risque et à l'écologie ? "Tel était l'objet du travail pédagogique qui a donné naissance à "Submersion", un documentaire interactif et grand public, destiné aux gens qu'il met en scène", explique Olivier Sigaut.

    De Rochefort à l'Île de Ré, en passant par La Rochelle

    tempete charente maritime.jpgLe film a été tourné en Charente-Maritime en février 2014, sur la côte atlantique, durant la période des fortes tempêtes qui ont frappé sans relâche le littoral avec un acharnement inouï, contribuant à un retrait du trait de côte de 40 mètres par endroit. Les étudiants dont le futur métier de technicien de l'environnement les conduira à affronter des situations socio-économiques et écologiques complexes, ont questionné et observé l’ensemble des acteurs concernés par les problématiques de submersions marines et d’érosion dans une zone qui allait de Rochefort à l’île de Ré en passant par La Rochelle. On note au passage l'approche nuancée de l'enquête et la richesse des apports des intervenants, dont Didier Roblin, le maire d'Yves ou encore la navigatrice rochelaise Isabelle Autissier, patronne de l'ONG WWF-France.

    Les zones humides, remparts naturels pour atténuer la montée des eaux

    marais d'Yves.jpg"Submersion" met aussi en valeur la nécessité écologique de conserver et de restaurer les zones humides situées en milieu littoral, comme la réserve naturelle du marais d'Yves (photo ci-contre). Dans le Sud-Ouest, rappelle Olivier Sigaut, comme partout en France et dans le monde, "elles jouent en effet un rôle de zones tampons qui permettent d’atténuer naturellement la montée des eaux et protègent donc les populations face aux risques de submersion". "Un juste retour des choses après le mouvement de poldérisation et d’asséchement initié dès le XVIIe siècle et qui s’est accéléré tout au long du XX°", souligne l'universitaire.

    Vous n'avez pas la chance d'être bordelais ? Pas de panique : vous aurez droit à des séances de rattrapage. Le documentaire sera mis dès que possible en ligne sur internet, sur Vimeo. Par ailleurs, une version plus complète est prévue pour la télévision, en collaboration avec la chaine Arte. Le producteur du film, Olivier Chantriaux, de Filmo Production, doit inscrire "Submersion" au festival de Cannes 2015, dans la sélection Short Corner réservée aux courts-métrages. Enfin, cerise sur le gâteau, le ministère de l'Ecologie de Ségolène Royal a demandé une copie du documentaire, qui sera peut-être cité dans le cadre de la conférence sur le climat COP21, qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

    Cathy  Lafon

     PLUS D'INFO

    •  "Submersion", film de 52 minutes, 18 h 30, au siège de l'association Boulevard des Potes, 29 rue Bergeret, Bordeaux. Entrée libre. La projection est suivie d'un débat avec la participation de : Marie Laure Cayatte, Conservatrice de la réserve naturelle du marais d’Yves (Charente Maritime) et salariée de la Ligue de Protection des Oiseaux ; Hervé Thomas, enseignant en sciences naturelles et écologies, entomologiste et auteur du "Guide des Papillons et des insectes littoraux" aux éditions Sud Ouest ; Mathilde Raimond Cagnato, étudiante en Master d’Ecologie à l’Université Bordeaux ;  Olivier Sigaut (professeur en sociologie de l’environnement) et Elise Leroy, co-réalisateurs. Contacts: Olivier Sigaut ou Hélène Boineau. Tél : 05 56 31 94 62 - e-mail: olivier.sigaut@gmail.com
    • Le lycée Henri-Queuille, Lycée de l'environnement, de la forêt, de la nature et des professions agricole, est situé à Neuvic-Meymac (Corrèze). Site internet : cliquer ICI

     LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI
  • Réchauffement climatique : Arcachon, la côte girondine, l'estuaire de la Gironde, les îles de Ré et d'Oléron sous les eaux en 2100 ?

     dune pilat.jpg

    A quoi ressembleront le bassin d'Arcachon et la dune du Pilat en 2100 si la montée des eaux continue de s'accélèrer ? Photo archives  "Sud Ouest"

    Selon une étude publiée par la revue Nature, le 14 janvier 2015, les chercheurs de l’université Harvard, aux Etats-Unis, ont mis en évidence l'accélération ces 20 dernières années de la hausse du niveau de la mer.

    En se basant sur 600 relevés observés par des marégraphes, les scientifiques ont constaté que, si la hausse de la mer était de 1,2 millimètre par an, entre 1901 et 1990, elle a bondi à 3 millimètres par an entre 1993 et 2010. Or, réchauffement climatique oblige, le phénomène ne va pas s'arrêter, mais il risque au contraire de s'amplifier, avec la fonte des glaciers et la dilatation thermique des océans. Les résultats de l'équipe de Harvard pourraient ainsi inciter le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) à revoir encore à la hausse ses prévisions en la matière.

    Dans son dernier rapport, publiée en avril 2014, le Giec estime que la hausse totale du niveau des mers au cours de ce siècle sera comprise entre 28 et 98 centimètres. Une fourchette déjà réactualisée par rapport aux projections de 2007 – qui prévoyaient entre 18 et 59 centimètres supplémentaires. L'hypothèse d'une augmentation d'un mètre du niveau des océans d'ici à la fin du siècle devient de moins en mois hypothétique.

    L'accélération de la montée des eaux sous-évaluée

    ile de ré.jpgCette analyse "suggère que l'accélération au cours des deux dernières décennies a été 25% plus forte que ce que l'on pensait", a précisé à l'agence Reuters Carling Hay, un scientifique canadien de l'Université d'Harvard et le principal auteur de cette étude. Catastrophique pour de nombreuses régions du globe déjà menacée par la montée des eaux, la nouvelle n'est pas bonne non plus pour certaines zones du littoral français et notamment celles du grand Sud-Ouest. L’île de Ré (photo ci-dessus), celle d’Oléron, l’estuaire de la Loire, le marais poitevin, l'estuaire de la Gironde, le bassin d’Arcachon et les stations balnéaires du littoral girondin comme Lacanau, sont en première ligne en cas d'élévation du niveau de la mer de 1 mètre, ainsi que le laisse découvrir la  carte de simulation réalisée par le site Flood Maps.

    Voilà de quoi alimenter, s'il en était besoin, les discussions des négociations mondiales en cours pour parvenir à sceller, fin 2015 à Paris, un accord global et contraignant sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES),  afin de limiter le réchauffement à +2°C par rapport à la période pré-industrielle, quand la trajectoire actuelle est de + 4°C vers 2100.  Tout en incitant les politiques et aménageurs locaux à anticiper le phénomène, en adaptant l'urbanisme et la vie économique à ces contraintes.

    Cathy Lafon avec Reuters

    • Pour lire la carte Flood Maps, réalisée à l’aide de données de la Nasa rendues publiques en septembre 2014. : cliquer ICI 

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma planète sur le réchauffement climatique: cliquer ICI
    • Les articles de Ma planète sur l'érosion du trait de côte : cliquer ICI
  • Littoral: aux Pays-Bas, un "moteur de sable" naturel protège les plages

    erosion,littoral,dune,plage,recul trait de côte,pays-bas,prévention

    Le moteur de sable hollandais. Photo Zandmotor

    Soumis à une forte érosion l'hiver dernier, l'avenir du littoral atlantique intéresse et fait causer bien au-delà des frontières de l'Hexagone. Julien Smit est hollandais. Ce juriste de 47 ans, amoureux de la Gironde, suit de près, depuis 1981, l'évolution de la plage et des dunes de Lacanau. "Suite à l'érosion naturelle, la plage a changé énormément", observe-t-il. Depuis 1981, il dit avoir fait plus de 300 allers retours entre Lacanau et La Haye. "Toujours surpris, avoue-t-il, par la différence de la protection entre la côte girondine et les Pays-Bas", également menacés par la montée des eaux qu'accélère le changement climatique.

    Julien habite à La Haye, tout près de la mer. Pour protéger la plage des vagues, explique-t-il à Ma planète, on a conçu dans son pays un moteur de sable (zandmoteur), qui fonctionne avec la dynamique du littoral et l'énergie de la nature, sans aide humaine. Après quelques années d'utilisation, nous apprend-il, "le succès du zandmoteur est énorme, bien plus qu'envisagé au départ". 

    Un "moteur de sable", késaco ?

    Le principe est on ne peut plus simple. Le "moteur de sable" est un banc de sable d'une surface d'environ 1 km², en forme de péninsule, créé par l'homme, le long d'un littoral sableux. L'idée, c'est que ce sable sera ensuite déplacé au cours des années à venir par l'action des vagues, du vent et des courants marins le long de la côte, afin de la protéger et de lui permettre de refaire ses stocks de sable. Du sable sera  pompé et re-déposé environ tous les cinq ans sur le site pour entretenir le "moteur" et le système écologique associé.

    Partenaire de la nature

    moteur de sable carte.pngLe premier moteur de sable a été construit en Hollande, en 2011, dans le cadre de la défense côtière et de l'entretien du littoral. A la demande de l'Office des eaux Van Delfland, avec le soutien du ministère de l'Environnement et de l'autorité régionale du Sud Hollande et le concours de six universités et instituts de recherche, une péninsule a été créée entre Ter Heijde et Kijkduin, là où les plages naturelles et les dunes sont relativement étroites. Sa réalisation a nécessité 21.5 millions de mètres cube de sable dragué à 10 km des côtes. Le papa de cette construction qui se veut partenaire de l'action de la nature, Marcel Stive, est professeur de génie côtier à l'Université de technologie de Delft. 

    70 millions d'euros

    erosion,littoral,dune,plage,recul trait de côte,pays-bas,préventionParmi les aménagements visant à protéger le littoral, ce système de "rechargement de plage" constitue donc une solution souple, avec une bonne intégration paysagère et touristique. Paradis des kite surfers, le moteur de sable hollandais constitue aussi un habitat naturel pour les espèces animales, où la biodiversité semble trouver son compte, selon les premiers bilans. Des familles de phoques ont commencé à s'approprier le site où l'on observe aussi de nombreux oiseaux. Il nécessite toutefois un entretien permanent qui alourdit son coût, supérieur aux solutions dures tels que des brise lames, épis, digues... Le financement du système, 70 millions d'euros, est supporté en Hollande par l'Etat et le département (10 %). "C'est vrai, c'est cher, reconnaît Julien, mais à long terme, précise-t-il, c'est beaucoup moins cher que des gros travaux de reconstruction de digue ou de ré-ensablement sans cesse recommencés".

    Le moteur de sable "naturel" est aujourd'hui un produit que les Pays-Bas veulent exporter et qui intéresse de nombreux autres pays dans le monde entier confrontés à l'érosion de leur littoral et à la montée du niveau de la mer : la Suède, le Pérou, l'Afrique du Sud, le Vietnam, les Etats-Unis, l'Indonésie,  le Royaume-Uni, et... la France. A condition, bien évidemment, que son implantation soit cohérente avec la géomorphologie du littoral concerné.

    Le moteur de sable est sous haute surveillance scientifique : relevés bathymétriques, radars, bouées hydrographiques pour mesurer la houle... Les premiers résultats du suivi seront disponibles en 2016 et l’étude complète sera publiée en 2021.

    Pour voir comment ça marche: cliquer sur la vidéo ci-dessous.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • Le site du moteur de sable: cliquer ICI
    • Aménagement:  Le moteur de sable Hollandais (Zand Motor), article publié par Géodunes : cliquer ICI

    LE MOTEUR DE SABLE EN CHIFFRES

    • 21.5 millions de mètres cube de sable.
    • Sable dragué à 10 km des côtes.
    • Superficie de 128 hectares au début du projet (256 terrains de football).
    • 2 km de largeur au début du projet.
    • Au bout d’un an, environ 2 millions de mètres cube de sable ont commencé à bouger.
    • Suivi du moteur de sable pendant 20 ans.

    LIRE AUSSI

    • Les articles de Ma planète sur le littoral et l'érosion du trait de côte : cliquer ICI