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  • Sciences : ce soir, l'évolution est en marche. Une découverte à faire sur Arte

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    En Colombie britannique, le loup devient un mammifère marin. Photo Arte

    Contrairement à ce que nous pourrions penser, l'histoire de l'évolution sur Terre ne se résume pas à la disparition des dinosaures et à l'apparition de l'homme...

    L'évolution du vivant est toujours en marche, partout dans le monde et notamment en Arabie saoudite, en Afrique - au Mali et au Sénégal -, et en Colombie britannique. Dans ces trois endroits du monde très différents, certaines espèces d'animaux s'adaptent à leur environnement et sont en train de vivre un bond d'évolution spectaculaire. Des chercheurs, naturalistes et photographes animaliers sont à l'affût et nous proposent des images saisissantes.

    babouins.jpgCes babouins qui domestiquent les chiens

    Un beau jour, dans la péninsule arabique, des babouins se sont mis à élever des chiots. Comment et pourquoi les deux espèces qui n'ont rien en commun, voire sont des ennemis "naturels", évoluent-elles dans cette nouvelle configuration ? Jean-François Barthod, spécialiste du film animalier, part à leur rencontre en Arabie Saoudite, notamment près de Taif, où le phénomène prend de l'ampleur. Et, tenez-vous bien : on découvre que les babouins, dont la société présente d'ailleurs quelques similitudes avec celles des hommes, sont en train de domestiquer les chiens, avec lesquels ils forment une communauté où chacun, babouin comme chien, trouve son intérêt.

    chimpanze.jpgCes chimpanzés qui fabriquent des armes

    Direction l'Afrique, où plusieurs troupes de chimpanzés du Mali et du Sénégal ont quitté la forêt et se sont établis dans la savane. Dans ce milieu totalement inhabituel pour leur espèce,  ils ont appris à se reposer aux heures chaudes dans des grottes. Pour survivre, ils sont deviennent plus solidaires que leurs congénères de la forêt et fabriquent même des armes pour chasser et vont jusqu'à tuer l'un des leurs, avec préméditation... Cela ne vous rappelle rien ? Jusqu’où ce processus d’adaptation à la  savane les mènera-t-il?

    Les loups, ces mammifères marins

    Et voici le loup de Colombie-Britannique, en Amérique du nord, qui se lance à la conquête de l’eau, pêche le saumon comme un ours et nage. D’après plusieurs spécialistes, il en est à la première étape d’un processus qui pourrait faire de lui un mammifère marin. Guillaume Mazille, photographe animalier, a passé une saison à le pister en forêt, dans les marécages, en bord de mer pour nous donner à voir des images incroyables.

    Dans le cadre du 20ème anniversaire de la Grande Galerie de l'Evolution du Muséum national d'histoire naturelle, Jean-François Barthod et Frédéric Febre, réalisateurs de la série documentaire, nous font vivre un de ces rares moments clefs de l'histoire naturelle. Premier acte, ce lundi soir, à 19 heures, sur Arte.

    Cathy Lafon

    A VOIR

    • "L'évolution en marche", une série documentaire réalisée par Frédéric Febvre et Jean-François Barthod, lundi 13, mardi 14 et mercredi 15 octobre, 19 h, Arte.

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  • Sciences : elle aussi, l'écrevisse stresse !

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    Une écrevisse à pattes rouges dans son milieu naturel. Photo DR

    L'écrevisse stresse. Ce n'est pas pour autant pour cela qu'elle devient rouge vif quand on la fait cuire. Mais si on lui donne sa dose d'anxiolytique, elle redevient zen. Un point commun avec les êtres humains, mis pour la première fois en évidence chez un animal invertébré par des chercheurs du CNRS et de l'université de Bordeaux.

    "Connais l'écrevisse et tu te connaîtras toi-même !"

    Selon ces travaux, publiés dans la revue "Science",  le 13 juin 2014, les mécanismes neuronaux liés à l'anxiété de ces crustacés se sont conservés tout au long de l'évolution. Première découverte. L'analyse de ce comportement ancestral chez un modèle animal simple ouvre, en outre, une nouvelle voie pour l'étude des bases neuronales de cette émotion chez l'être humain. Comment et pourquoi ?

    1. L'"anxiété", késaco?

    En biologie, l'anxiété peut être définie comme une réponse comportementale au stress, engendrant une peur durable des événements futurs. Elle est positive, car elle favorise la survie des individus, en les aidant à détecter les menaces et à les anticiper de façon adaptée. Mais, il en est de l'anxiété comme des bonnes choses, le gras du confit de canard et le bon vin, par exemple, un trop plein d'anxiété peut nuire. Quand le stress est chronique, l'anxiété devient pathologique et peut conduire à un état dépressif, pas toujours facile à soigner. 

    cnrs,animal,évolution,recherche,crustacé,écrevisse,invertébré,stress,anxiété,comportementComment mettre en évidence le stress des écrevisses?

    Jusqu'à présent, l'état d'anxiété n'avait été décrit par les scientifique que chez l'homme et quelques vertébrés. Pour la première fois, elle a été observée chez un invertébré, l'écrevisse. Daniel Cattaert et Pascal Fossat, deux chercheurs de l'Institut de neurosciences cognitives et intégratives d'Aquitaine (CNRS/université de Bordeaux) et de l'Institut des maladies neurodégénératives (CNRS/ université de Bordeaux), ont mené ces recherches inédites, en exposant d'abord les crustacés cobayes à des chocs électriques répétés durant trente minutes. Ensuite, ils les ont placés dans un labyrinthe aquatique en forme de croix. Deux des bras étaient éclairés, ce qui naturellement inquiète les écrevisses, et deux étaient dans l'obscurité, ce qui, au contraire, les rassure.

    2. Comment réagissent les écrevisses en proie à l'anxiété?

    Les chercheurs ont alors analysé les réactions des écrevisses. Les écrevisses rendues anxieuses ont eu tendance à rester dans les parties sombres du labyrinthe, contrairement aux écrevisses témoin, qui ont exploré, comme si de rien n'était, l'ensemble du labyrinthe. Pour les scientifiques, un tel comportement montre la capacité du crustacé, pourtant réputé bête comme chou, à donner une réponse adaptative au stress subi. Rendu anxieux par le désagrément du champ électrique, l'animal cherche à minimiser les risques de rencontrer un agresseur. Cet état émotionnel dure environ une heure et demi, puis l'écrevisse retrouve un comportement normal.

    cnrs,animal,évolution,recherche,crustacé,écrevisse,invertébré,stress,anxiété,comportement3. Quel mécanisme chimique pousse l'écrevisse à fuir ou affronter le danger? 

    Les scientifiques ont également relevé que l'anxiété des écrevisses était corrélée à un accroissement de la concentration de sérotonine dans leur cerveau. Ce neurotransmetteur est impliqué dans de nombreuses régulations physiologiques tant chez les invertébrés que chez l'homme. Il est libéré dans des contextes de stress et régule plusieurs réponses liées à l'anxiété, comme l'augmentation des taux de glucose dans le sang. Comme chez l'homme, la crainte d'un danger à venir pousse l'écrevisse à s'y préparer. Les neurones donnent au corps l'ordre de libérer des sucres qui lui permettront de fuir rapidement ou de combattre. Les chercheurs ont aussi montré qu'en injectant un anxiolytique d'usage courant chez l'humain (benzodiazépine) à l'écrevisse, le stress s'évanouit.

    4. A quoi servent ces études?

    Certainement pas à peigner la girafe. Pour le commun des mortels, elles permettent déjà de savoir que l'écrevisse a un cerveau, même s'il n'a que quelques milliers de neurones, et au moins une émotion comparable à l'une des nôtres. Une découverte qui fait réfléchir, si l'on n'a de contact avec cet animal qu'au moment de le pêcher, de le faire cuire ou de le manger. Pour, les scientifiques, on s'en doute, l'intérêt de telles recherches va beaucoup plus loin. On pensait jusqu'à présent que ce genre d'émotion était l'apanage des mammifères et d'animaux intellectuellement plus développés que les crustacés. Ces résultats enrichissent la connaissance sur l'évolution de la vie animale et humaine sur Terre et mettent en évidence que l'anxiété constitue vraisemblablement un avantage évolutif majeur, partagé depuis la nuit des temps, entre autres, par les écrevisses et les hommes.

    5. Pourquoi l'écrevisse?

    Pour les chercheurs qui étudient le stress et  l'anxiété chez l'homme, l'écrevisse est un modèle animal précieux à observer. Elle est d'abord curieuse, ce qui facilite les expériences. Elle est ensuite dotée d'un système nerveux simple dont les neurones sont faciles à enregistrer. L'écrevisse pourrait ainsi permettre de mieux comprendre les mécanismes neuronaux en œuvre chez l'homme dans un contexte stressant. Pour mieux comprendre l'anxiété et soigner la dépression.

    6. Qu'est-ce qui plonge l'écrevisse dans la déprime?

    Sous sa carapace, l'écrevisse est une grande anxieuse...  Mais aussi une grande violente qui, dès qu'elle rencontre une de ses copines, veut aussitôt savoir laquelle est la plus forte des deux. A l'issue du combat, celle qui le remporte n'aura de cesse de venir défier la perdante pour qu'elle comprenne bien qui est la patronne et maintenir son ascendant. Une situation qui n'est pas sans rappeler la société des hommes... L'équipe des chercheurs va donc désormais étudier l'anxiété de l'écrevisse dominée, soumise à ce stress social belliqueux.

    Dans la carapace d'une écrevisse...

    La répétition de violences morales ou physiques à son encontre pour le maintenir dans le rang inférieur de la hiérarchie des écrevisses fait-elle aussi "flipper grave" le crustacé dominé ? Si oui, ce serait le deuxième point commun de ces animaux invertébrés avec les êtres humains. A suivre.

    Cathy Lafon

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  • Sciences. Les oiseaux primitifs avaient quatre ailes pour mieux voler

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    Xing Xu, le chercheur chinois qui a découvert que les oiseaux primitifs avaient quatre ailes, au milieu des fossiles d'oiseaux-dinosaures en Chine Photo DR

    Selon une étude des paléontoloques de l'Académie chinoise des sciences, publiée par la revue américaine "Science" du 15 mars, les oiseaux descendent des dinosaures et les premiers d'entre eux avaient bien quatre ailes.

    Leurs ancêtres les dinosaures

    Le Pr Xing Xu et ses collaborateurs s'appuient sur l'analyse de onze nouveaux fossiles très bien préservés d'espèces aviaires primitives datant de de 100 à 150 millions d'années pour en arriver à cette conclusion. Ces fossiles qui représentent cinq espèces d'oiseaux anciens, étaient moins gros qu'une dinde et portent des signes clairs de plumes sur leurs pattes arrière. Jusqu'à présent,  un trop petit nombre de spécimens ne permettait pas de déterminer avec certitude que ces ancêtres lointains des oiseaux avaient bien des plumes sur leurs pattes arrière. Cette découverte comble de nombreux trous dans les débuts de l'évolution des oiseaux.

    paleontologie,recherche,oiseaux,dinosuaures,chine,évolutionLe chainon manquant du dinosaure à l'oiseau

    En septembre 2009, les paléontologues chinois et le professeur Xing Xu  avaient déjà déterré un premier fossile d'un oiseau-dinosaure à quatre ailes dans le nord-est de la Chine, de la taille d'un poulet, avec une longueur totale de moins de 50 cm et un crâne d'environ 6 cm de long. Selon eux, il s'agissait  d'un chaînon manquant dans l'évolution du dinosaure vers l'oiseau. Dans un article de la revue "Nature" publié en 2012, ils affirmaient  qu'ils avaient trouvé le fossile bien préservé de l'Anchiornis huxleyi (reproduction ci-contre), qui vivait sur terre il y a 160 millions d'années, dans une formation géologique de la province du Liaoninn. Pour le professeur Xu, cette découverte suggérait que "les oiseaux seraient descendus d'une espèce de dinosaures de petite taille à quatre ailes il y a environ 160 millions d'années". 

    Le mystère des ailes arrières

    Les onze nouveaux fossiles découverts depuis confirment cette hypothèse: il y a plus de 100 millions d'années, un groupe de dinosaures porteurs de plumes sur leurs quatre pattes a bien évolué pour devenir des oiseaux en ne conservant que deux ailes. Les autres ailes ont progressivement disparu pour faire place à des pattes utilisées pour marcher et saisir des proies. Un mystère réside toutefois. Ces travaux ne font pas la lumière sur l'utilisation initiale de ces ailes arrière dans le vol. Le Pr Xing Xu avance qu'elles formaient peut-être une surface large et plate qui aurait pu accroître la portance et la manoeuvrabilité de l'oiseau. Le chercheur Sankar Chatterjee, de la Texas Tech University, pense pour sa part que cette configuration biplan des premiers oiseaux permettait une plus grande stabilité pour planer.
     

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