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Politique - Page 206

  • Allemagne : la rançon du succès des énergies renouvelables

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    Eolienne en Allemagne, photo © Dirk Laabs/Michael Wech

    Depuis deux ans, l'Allemagne mène une politique de transition énergétique des plus ambitieuses. Le pays a opéré un virage à 180 degrés risqué, en renonçant totalement au nucléaire, ce qui n'est pas du goût de tous. La chaine Arte a enquêté sur les dessous d'un projet de grande envergure, dans un documentaire, "Transition énergétique : l'Allemagne devant et tous derrière", à voir à la télévision, le samedi 7 septembre (rediffusion, 12h15).

    revolution énergétique allemagne solaire.jpgLa révolution énergétique à l'allemande

    Après la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, l’Allemagne est le seul État européen à s’être lancé dans un changement radical de son dispositif énergétique, visant à mettre fin à la production électrique d’origine nucléaire d’ici 2022. Deux ans après l’annonce de ce plan d’action, le pays fait face à de sérieuses difficultés, mais pas celles auxquelles on aurait pu s'attendre: en Allemagne, c’est la répartition du coût de la transition énergétique qui pose problème et non la nature de cette transition.

    revolution énergétique allemagne arte éoliennes 2.jpgL'essor phénoménal des énergies vertes en Allemagne

    Contrairement aux fausses informations du lobby nucléaire français, allemand ou européen, qui tente de dissuader l'opinion publique de la pertinence du recours aux énergies renouvelables, car elles seraient dans l'incapacité de se substituer aux énergies fossiles et nucléaires, trop coûteuses, discontinues, etc..., les énergies renouvelables en Allemagne ne sont victimes que de leur succès et de leur essor fulgurant. Pour la faire courte, le documentaire d'Arte montre que si la transition énergétique fait souffrir l'Allemagne, c'est en réalité en raison de la surabondance de la production d'électricité du pays, due à l'essor phénoménal de l'apport des énergies vertes dans le réseau allemand qui semblerait pouvoir  finalement, à terme, se passer aisément des autres sources d'énergie. Et si les renouvelables sont discontinues, comme le leur reprochent les partisans du tout-nucléaire, c'est plus un avantage qu'un inconvénient. Elles sont en effet aussi plus souples que leurs vieilles copines. En cas de surproduction globale, on peut stopper une éolienne ou des panneaux photovoltaïques : on n'arrête pas de la même façon une centrale au gaz ou au charbon... Or ces dernières continuent de fournir de l'électricité outre-Rhin.

    Trop d'électricité verte tue l'électricité

    Loin de devoir importer de l'électricité française durant l'hiver 2012, comme certains médias se sont empressés de le publier pour le démentir ensuite (mais le mal était fait), l'Allemagne a en réalité exporté de son électricité dans le réseau français, alimenté en majorité par le nucléaire, sous dimensionné lors des périodes de grands froids. Cool, diront les écolos. Pas tant que cela, paradoxalement. Le revers de la médaille est que ce succès écologiquement correct a pour effet pervers d'affecter les grands producteurs d’électricité, dont les pertes de chiffre d’affaires se comptent en milliards d’euros : la réussite du secteur industriel des énergies vertes, créateur d'emplois et de richesses pour l'Allemagne, provoque le malheur des industries conventionnelles. Par ailleurs, on l'ignore parfois, mais la surabondance d'électricité peut nuire gravement : pour éviter les pannes, l'Allemagne est contrainte régulièrement de délester son électricité vers les réseaux des pays voisins, comme la république Tchèque, au risque de détériorer la qualité de leur propre service d'approvisionnement d'électricité, voire de provoquer un black out européen.

    revolution energetique allemagne solaire 2.jpgMaîtriser l'essor des énergies vertes

    La question pertinente soulevée par Arte n'est donc pas de savoir si les renouvelables sont ou non capables de se substituer aux énergies fossiles émettrice de CO2 ultra-polluantes et conventionnelles, responsables de l'effet de serre, de l'appauvrissement des ressources de la planète et du réchauffement climatique, car elles le sont. Peut-être même trop...  Ni de leur imputer la hausse des tarifs de l'électricité : en Allemagne cette tendance est liée principalement à la nécessité d’investir dans le système énergétique entre 2005 et 2030 et cela quel que soit la composition du bouquet électrique, nucléaire inclus. Par ailleurs, le prix de gros de l'électricité chez nos voisins outre-Rhin a baissé entre 2009 et 2010, en partie grâce à l’augmentation de la commercialisation de l’électricité issue des énergies renouvelables, mais les consommateurs n'en  ont pas profité : les opérateurs n'ont pas été contraints de répercuter la baisse sur le prix de l’électricité. La vraie question est plutôt de savoir comment parvenir à maîtriser les renouvelables en organisant un développement durable, en cohérence avec l'environnement économique interne au pays, dans le cadre plus large de l'Europe. 

    arte,émission,télévision,documentaire,énergie verte,renouvelable,transition énergétique,europeL'Allemagne précurseur

    L'Allemagne a le mérite d'être le précurseur de la transition énergétique. Sans sa politique volontariste et courageuse, les autres pays européens n'auraient tout simplement pas d'exemple, ni de retour d'expérience à étudier. Mais l'Allemagne a oublié que le développement durable exige la prise en compte de tous les paramètres environnants. Sur l'énergie comme sur le reste. En faisant cavalier seul sur un sujet qui demande, plus que jamais, une grande cohésion européenne, l’Allemagne met ses voisins en porte-à-faux : la part du solaire et de l'éolien dans la production électrique allemande, ainsi que les aides financières attribuées pour le développement d’énergies durables, perturbent l’offre et la demande sur le marché européen. La décision unilatérale d’Angela Merkel déstabilise les États de l’Union, qui auraient souhaité plus de concertation en vue d’une transition énergétique qui profite à tous.

    La croisée des chemins

    Autre inconvénient du chemin choisi par l'Allemagne, deux ans après Fukushima, les entreprises allemandes émettent plus de dioxyde de carbone qu’auparavant. Les centrales à charbon se portent mieux que les centrales à gaz, pourtant moins polluantes. En cause, le système des certificats-CO2, qui devait permettre aux États européens de contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre, mais qui s'avère à peine viable et n’incite plus à investir dans les énergies renouvelables. Angela Merkel se trouve donc à la croisée des chemins : interviendra-t-elle lors de la prochaine réunion des ministres de l'énergie européens, les 19 et 30 septembre prochains, pour sauver l’instrument européen de lutte contre le réchauffement climatique ou le laissera-t-elle décliner, quitte à mettre en péril la transition énergétique des autres pays de l’Union ?

    merkel.jpgModèle ou échec ?

    Pour l'Allemagne et pour la chancelière sortante, ce choix, qui intervient à la veille des élections législatives fédérales du 22 septembre dont dépend le troisième mandat d'Angela Merkel, ne sera pas sans conséquences. Plus important, pour les pays européens en général et la France en particulier, la position allemande peut faire de sa transition énergétique un véritable modèle à reproduire, ou un échec, à ne surtout pas importer chez soi... Comme l'a confié Jean-Marc Ayrault à l'un de ses homologues allemands, qui  cite le ministre français dans le reportage de Arte : "Si vous réussissez à régler vos problèmes actuels, nous n'aurons plus à nous demander s'il faut aller ou pas vers la transition énergétique". Pour notre avenir énergétique et celui de la planète, l'Allemagne est donc condamnée à réussir à corriger les dysfonctionnements de sa transition énergétique. On a toutes les raisons de penser qu'elle est capable d'y parvenir.

    Le documentaire d'Arte est un vrai dossier de "fact checking" (vérification des faits) qui démonte les mythes et la désinformation qui entourent la transition énergétique allemande. Utile pour les Français, eux-même à l'heure de leur propre choix en la matière.

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • "TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : L'Allemagne devant et tous derrière", Arte, samedi 7 septembre à 12h15 (73 min).  Déjà diffusé mardi 3 septembre à 20h50. Prochaine rediffusion jeudi 19 septembre, à 8h55.

    LIRE AUSSI

    • Fact checking : "Mythes et réalités sur le rôle des énergies renouvelables dans la transition énergétique allemande", WWF : cliquer ICI
    • Marché européen du carbone : chute record du prix du CO2 : cliquer ICI
  • Le nucléaire en France : Daft Punk, les élus et Greenpeace

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    Daft Punk en concert à la prochaine fête de Golfech (Tarn-et-Garonne) : info ou intox ? Photo DR

    La Conférence environnementale des 20 et 21 septembre prochain doit plancher sur la synthèse du débat national sur la transition énergétique qui s'est achevé en juillet dernier et qui place au coeur de ses problématiques, la sortie, ou pas, du nucléaire.

    - "Oui, mais quel rapport avec Daft Punk à Golfech ?" Bonne question.

    Qui sont les vrais décideurs de l'énergie en France ? 

    A la veille de cette échéance cruciale pour l'avenir énergétique du pays, quels sont les groupes de pression qui ont l'oreille du président de la République et de son gouvernement en matière de politique énergétique? C'est l'intéressante question à laquelle l'ONG environnementale Greenpeace a cherché à répondre cet été, en dressant le portrait des trois groupes de pression des décideurs de l'énergie en France.

    - "Oui, mais Daft Punk, alors ?"  Patience, on y vient...

    Les "élus du nucléaire"

    Après avoir révélé le rôle des industriels de l'énergie puis celui du corps des X-Mines, Greenpeace a enquêté sur cette vingtaine d'élus qui, au niveau local, représentent un territoire, des citoyens et sont les "messagers" de l'industrie nucléaire auprès du gouvernement et du chef de l'Etat. Le résultat de ce travail minutieux et exhaustif, est en ligne sur le site de l'ONG qui a notamment, pour ce faire, épluché les comptes et les données Insee des communes qui abritent une centrale nucléaire et retracé la carrière de tous les élus concernés en étudiant leurs arguments, leurs sphères d'influences, leurs réseaux.

    Les ressources fiscales du nucléaire

    On y découvre le rôle important de ces élus de l'Assemblée nationale et du Sénat, de gauche comme de droite, qui cumulent une fonction élective locale et défendent le nucléaire auprès des populations, en raison, selon Greenpeace, "des intérêts personnels et politiques qui les lient à cette industrie". Les sites nucléaires installés sur leur territoire d'élection génèrent, en effet, des ressources fiscales importantes qui assurent à ces élus une forte popularité électorale, "car elle leur permet d'alléger la fiscalité locale et de proposer aux habitants une qualité d'équipements collectifs hors norme", affirme l'ONG, au terme de son enquête.

    bayle.jpgLe "cas" Baylet

    Deux élus du grand Sud Ouest font partie de la liste établie par l'ONG : Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche et sénateur du Tarn-et-Garonne, où est installée la centrale de Golfech, et Xavier Pintat, sénateur UMP de la Gironde, maire de Soulac, qui a sur son territoire d'élection la centrale de Blaye. Jean-Michel Baylet , notamment, est dans le collimateur de Greenpeace, en qualité de "chef de file de ces élus". Il représente pour l'ONG l'"archétype" même du système qu'elle veut dénoncer, car il est, selon elle, "l'exemple flagrant d'une vie publique et politique, enlacée à l'industrie du nucléaire".

    Les exemples de Golfech et de Valence d'Agen

    aquagold de golfech.jpgAussi, l'association met-elle en exergue le cas de l'élu du Tarn-et-Garonne, en détaillant le mécanisme des avantages fiscaux pour les habitants des communes de Golfech et Valence d'Agen, les partenariats d'EDF autour de la centrale de Golfech et les infrastructures dont bénéficient les deux localités, issues de la rente nucléaire et qualifiées par l'ONG de "luxueuses". L'enquête de Greenpeace cite ainsi "la piste surélevée de roller en marbre et celle en bitume à Valence d'Agen, et les deux piscines de Golfech (dont le centre AquaGold, photo ci-contre Greenpeace DR) et Valence d'Agen".

    Des territoires et des élus pris au piège du nucléaire

    De toute évidenccentrale golfech.JPGe, les avantages d'une installation nucléaire sur un territoire sont grands. Ce n'est d'ailleurs pas un scoop. Mais pour l'ONG, le nucléaire est aussi un piège. La fermeture des centrales, qui arrivera forcément, pour des raisons d'âge et de sûreté, représenterait une perte sèche de revenus pour ces villes et l'incapacité de maintenir les infrastructures en fonctionnement ou de rembourser les emprunts contractés. Greenpeace dénonce cette logique, qui conduit "certains élus locaux à s'entêter à défendre ce qui semble aujourd'hui faire les beaux jours de leur ville ou de leur département, exception faite du risque constant d'accident". "Ils préfèrent ainsi assurer leur réélection, plutôt que de préparer la conversion économique des territoires qui garantira leur survie au-delà du nucléaire." , conclut l'ONG, pas vraiment adepte de la langue de bois.

    greenpeace,fête,opération,enquête,communication,nucléaire,élus,groupe de pression"T'as vu, il paraît que Daft Punk vient à Golfech..."

    Qu'on soit d'accord ou pas avec les positions radicalement antinucléaires de Greenpeace, force est de constater que, une fois de plus l'ONG ne les sort pas du chapeau, mais les assied sur les conclusions d'un travail d'enquête colossal, limite indigeste tant il est copieux. Et il faut aussi reconnaître à l'association environnementale un talent certain pour communiquer avec humour, en forçant l'intérêt. Les habitants de Bordeaux, Paris et Toulouse ont ainsi découvert, la semaine dernière, des affiches les invitant à la fête municipale de Golfech (photo ci-contre). Chaque année, la petite commune du Tarn-et-Garonne organise en effet un week-end de festivité, placé sous le signe des tournois de pétanque en triplette et autres bal musette. Alors en voyant les affiches de l’édition 2013 des "fêtes de Golfech ", posées sur les arbres du quai de Queyries, sur la rive droite, à Bordeaux, les passants ont été aussi surpris qu’ont dû l’être les 912 habitants du village de Golfech: une Lamborghini à gagner au tournoi de belote, un match entre le XV de France et les All Blacks au stadium municipal et un concert de...  Daft Punk ! Cette année, à Golfech, c'est carrément le grand luxe !

    Greenpeace, reine de l'agitprop

    Cette affiche exceptionnelle est bien sûr une parodie qui fait partie de l'opération de communication de l'ONG, reine de l'agitprop, pour dénoncer la connivence des élus locaux avec l’industrie nucléaire. La fausse programmation de la future vraie fête de Golfech est à l'aune de ces avantages démesurés dont Greenpeace soupçonne les maires, qui abritent sur leur territoire une centrale nucléaire, de bénéficier pour leurs administrés.

    "Get lucky !"

    Et voilà, raté, pas de Daft Punk à Golfech cette année ! L'an prochain peut-être ? Sauf si la France et son Président, décident de se démarquer des groupes de pression traditionnels en faisant le choix des énergies du futur, les renouvelables, et de la transition énergétique. Ce que Greenpeace, on l'a bien compris, appelle de tous ses voeux !

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • L'intégralité du dossier de Greenpeace sur les élus du nucléaire est disponible sur le site internet de l'ONG : cliquer ICI.
    • Et aussi : le groupe de pression des industriels : cliquer ICI
    • Et celui des X-Mines, "les conseillers de l'ombre"  : cliquer ICI
  • Fukushima, l'horreur nucléaire en continu

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    Depuis le 31 août dernier, à Fukushima, la radioactivité s'envole près d'un réservoir d'eau. Photo archives AFP/Tepco

    Nouvelle angoisse à Fukushima, la centrale nucléaire japonaise ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 : depuis le week-end dernier, la radioactivité s'envole à proximité de quatre de ses réservoirs d'eau.

    Le "coming out" de Tepco

    L'inquiétude devant la hausse alarmante de la radioactivité sur le site est d'autant plus forte que, le 22 juillet dernier, suite à de nouvelles fuites d'eau contaminées dans l'océan (300 tonnes par jour), l'opérateur nippon a fini par avouer ne pas pouvoir expliquer et encore moins stopper la monstrueuse pollution nucléaire qui frappe le nord-est de l'Archipel et l'océan qui le borde. Et depuis, pas un jour ne passe sans l'annonce de nouveaux problèmes à la centrale.

    catastrophe,fukushima,pollution nucléaire,contamination,eau,océanUne radioactivité capable de tuer une personne en quatre heures

    Dernier événement en date, une radioactivité de l'ordre de 1.800 millisieverts par heure a été enregistrée le samedi 31 août par Tokyo Electric Power (Tepco), près du fond d'un réservoir d'eau contaminé.  L'opérateur japonais a révélé l'information dimanche, en précisant qu'une nouvelle fuite avait été décelée au niveau d'une canalisation reliant deux autres réservoirs. Le niveau de radioactivité constaté, démentiel, est dix-huit fois supérieur à celui mesuré par Tepco dans le même réservoir, il y a dix jour de cela. Le 22 août dernier, la radioactivité mesurée dans le même réservoir était en effet de 100 millisieverts par heure. La dose de radioactivité désormais relevée est suffisante pour tuer une personne en quatre heures. Pour mémoire, d'après la loi japonaise, le seuil de sécurité en matière d'exposition aux radiations est de 50 millisieverts par an pour les employés de centrales nucléaires...

    "Les patrouilles de contrôle ont relevé en quatre endroits une radioactivité très élevée" (e-mail de Tepco)

    Une radioactivité très élevée (70, 220 et 230 millisieverts par heure) a été relevée sur trois autres emplacement par les travailleurs de la compagnie d'électricité de Tokyo, qui paraît de moins en moins crédible et de plus en plus dépassée par les événements à la centrale de Fukushima. Les seules vraies nouveautés depuis deux ans ne seraient-elles pas que Tepco annonce désormais les problèmes publiquement en temps réel, en reconnaissant son incapacité à agir efficacement ? Et aussi que les inspecteurs, chargés de relever la radioactivité du site, emploient de nouveaux appareils qui peuvent mesurer une radioactivité jusqu'à 10.000 millisieverts, alors que jusque là, leurs équipements ne pouvaient mesurer qu'une radioactivité maximale de 100 millisieverts par heure ? On est en droit de se le demander : si l'on utilise un thermomètre cassé, il est certain qu'on n'a pas de fièvre...

    catastrophe,fukushima,pollution nucléaire,contamination,eau,océanLes eaux radioactives de Fukushima

    Si aucun nouvel écoulement d'eau radioactive n'a pour le moment été confirmé par Tepco qui n'en exclut cependant pas la possibilité, le problème de l'eau à Fukushima concerne déjà les importantes quantités qui se sont infiltrées dans le sous-sol de la centrale depuis deux ans et qui s'écoulent dans l'océan Pacifique voisin. Cette abondance d'eau contaminée provient en grande partie des systèmes de refroidissement des réacteurs dans lesquels le combustible nucléaire a fondu lors du plus grave accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl, en 1986. Et des énormes quantités d'eau projetées également par les Japonais sur ces mêmes réacteurs, afin de les refroidir après l'accident.

    Une catastrophe nucléaire illimité dans le temps, qui semble hors de contrôle

    Après deux années de dénégation de l'opérateur, plus ou moins soutenu jusqu'à cet été par le gouvernement japonais, tenté de son côté de minimiser les dégâts, la réalité de l'énormité d'une catastrophe nucléaire hors de contrôle semble bien désormais ne plus faire l'ombre d'un doute. Tepco a annoncé fin août qu'il allait inviter des experts étrangers pour faire face au problème de la gestion de l'eau ce qu'il a toujours refusé jusque là. L'opérateur japonais est remis en cause, à juste titre. Mais, vu l'ampleur des circonstances exceptionnelles qui ont provoqué la catastrophe, une autre compagnie, avec d'autres moyens techniques, serait-elle parvenue à résoudre les problèmes de Fukushima ? On peut se poser sérieusement la question.

    Depuis le 1er septembre 2013, au Japon, à l'appel de l'association des pêcheurs de Soma et Futaba, on ne pêche plus au large de Fukushima, en raison des risques de contamination radioactive. Jusqu'à quand ?

    Cathy Lafon

    Photos : archives AFP

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