Coup de coeur. Le battement d'aile du papillon de Fukushima

Un fan de Ma planète nous a signalé ce photo-montage, publié sur le site de Pêcheur.info. Coup de coeur pour cette initiative, non pas, bien sûr, pour tourner en ridicule les populations victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima, mais parce, pour Jean-Michel (Bordeaux) : "il vaut mieux en rire qu'en pleurer et un peu de détente dans ce monde de... ça fait du bien !". Et aussi parce que, cet été, les études des biologistes japonais ont mis en lumière la mutation génétique des papillons de la région irradiée de Fukushima.
La photo fait le buzz sur le net et Pêcheur.info, le magazine d'information de la pêche et des pêcheurs, la justifie ainsi : "Bon, on rigole, ce montage photo de mutation mouette-requin est amusant. Mais l’accident de la centrale de Fukushima est une catastrophe, et on ne sait pas quels seront les dégâts sur la faune marine… Et le pire est peut-être à venir : une piscine pleine de matériaux hautement radioactifs menace de s’effondrer. Si cela se produisait, ce serait 10 fois plus grave que Tchernobyl."
Les papillons mutants de Fukushima

Des papillons autour de la centrale de Fukushima présentant des anomalies morphologiques. Photo DR Scientific Reports
L'esprit du photomontage de Pêcheur.info n'est pas totalement fantaisiste. Les scientifiques qui analysent les données biologiques liées à la radioactivité présente sur le site et la région de Fukushima, ont publié cet été un rapport qui montre que depuis le mois de mai 2011, les papillons qui vivent autour de Fukushima, sont devenus à 52 % des papillons mutants et présentent de multiples anomalies : ailes atrophiées, courbées ou en surnombre, antennes difformes, yeux bosselés, couleur altérée, éclosions avortées, infertilité... C'est un très inquiétant tableau clinique que dressent les chercheurs japonais l'Université des Ryukyu (Okinawa), dans cette étude publiée dans Scientific Reports, journal en ligne diffusé par l'éditeur de la revue Nature. Inquiétant pour nos amis les papillons certes, mais, solidarité d'espèce oblige, sûrement encore plus pour les êtres humains qui ont été victimes des retombées radioactives de la catastrophe de Fukushima. Comme le souligne dans Le Monde du 15 août, Tim Mousseau, biologiste américain : "Cette étude est importante en raison de ses implications pour les communautés biologiques de la région de Fukushima et pour les êtres humains". Pour ce chercheur qui étudie l'effet des radiations sur la faune et la flore à Tchernobyl et à Fukushima, "ces anomalies morphologiques ne peuvent s'expliquer que par l'exposition aux radiations".
Le battement d'aile du papillon de Fukushima
Pour l'instant, personne n'est officiellement décédé en raison des radiations à la suite de l'accident de Fukushima, à la différence de celui de Tchernobyl, d'une autre nature. Mais nombre d'experts (médecins et biologistes) font cependant valoir que les effets d'irradiation n'apparaissent pas immédiatement, comme ce fut le cas des victimes des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki qui, au lendemain de ces attaques, ne présentaient en apparence aucun symptôme particulier, ou des habitants d'Ukraine et de Pripriat, près de Tchernobyl. Les conséquences de la radiaoctivité de leur environnement sur leur santé et leur vie, c'est bien ce que redoutent les 80.000 habitants de la région de Fukushima qui ont été évacués, ainsi que les ouvriers qui interviennent sur le site de la centrale accidentée.
Les répercussions du battement d'aile du papillon japonais pourraient faire sacrément mal à l'humanité.
LIRE AUSSI
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- Le site de "Scientific reports" : cliquer ICI

Sur le sujet, ça buzze, ça discute ferme et depuis deux mois, on a tout entendu et son contraire sur le grand-rendez vous écolo promis et tenu par François Hollande. De Greenpeace, qui s'est posé la question de sa participation, et réclame un moratoire sur les travaux à la centrale de Fessenheim et les gaz de schiste, à Nicolas Hulot, qui estime que la Conférence environnementale, doit servir de "piqûre de rappel" sur les enjeux liés à la préservation de la planète, en déclarant à l'AFP : "C'est bref, que personne ne se fasse d'illusions, ce n'est pas là qu'on va définir la mutation écologique, mais on peut définir une vision et un échéancier". Et qui rejoint aussi Greenpeace sur la question du moratoire sur les gaz de schiste. Sans compter les professionnels du développement durable, dont la filière des énergies renouvelables, en pleine déroute suite aux atermoiements du gouvernement précédens dans leur secteur industriel.
La situation est particulièrement grave pour le photovoltaïque, victime de la conjonction des effets de la crise, de la concurrence chinoise soupçonnée de dumping par les Occidentaux ainsi que des réguliers tours de vis donnés aux subventions françaises depuis fin 2010. Mais pour l'éolien, ce n'est pas mieux. Jusqu'ici plutôt mieux portant, il a vu sa situation se dégrader ces derniers mois, un coup de frein qui s'est traduit par une chute de 58% des raccordements au premier semestre. Si l'éolien en mer reprend son souffle, avec le lancement du deuxième appel d'offres, l'éolien terrestre est toujours dans l'impasse : la loi Littoral impose que les éoliennes bordant les côtes soient près de zones déjà construites, alors même que la loi Grenelle 2 interdit, ellen toute éolienne à moins de 500 mètres d'une habitation...
t la filière du bio, les attentes des Français en matière de santé et d'environnement, la biodiversité, les nitrates, les pesticides, l'eau, l'air, les gaz de schiste... Tout ça en deux jours ?

