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Nature - Page 417

  • Justice. Marée noire dans le Golfe du Mexique: vers un accord à 16 milliards de dollars?

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    La marée noire dans le Golfe du Mexique en 2010 Photo achives AFP

    Lundi 25 février, s'ouvre au tribunal civil fédéral de La Nouvelle-Orléans (Etats-Unis, Louisiane) le procès de la société pétrolière britannique BP, pour l'accident de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon survenu le  20 avril 2010.

    Un drame humain et environnemental colossal

    Sur le plan financier, ce procès est le plus important  jamais suscité à ce jour par une catastrophe écologique : les procédures se comptent par centaines, contre BP et ses sous-traitants et les plaignants requièrent des dizaines de milliards de dollars d'indemnisations et d'amendes. L'explosion de la plate-forme de BP a fait onze morts parmi les personnes présentes sur le site et  dix-huit blessés. Elle a répandu 780 millions de millions de litres de brut dans le golfe du Mexique jusqu'à la fermeture du puits quatre mois plus tard.

    sauvetage oiseau maree noire.jpgVers un accord financier pour mettre fin aux poursuites civiles ?

    Les autorités américaines envisagent de proposer à la société pétrolière BP de verser 16 milliards de dollars afin de mettre un terme aux poursuites civiles liées à la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique, a indiqué le "Wall Street journal" le 24 février : "Le ministre de la Justice et les Etats du Golfe du Mexique envisagent d'offrir à BP un accord aux termes duquel la société verserait 16 milliards de dollars pour mettre un terme aux poursuites civiles", écrit le quotidien.  "Il n'est pas encore établi que la proposition (d'un arrangement à l'amiable, ndlr) a été formellement faite à BP", ajoute le "Wall Street Journal" qui cite des sources proches des négociations.

    Le coût de la marée noire pour BP : 31,9, 48 milliards de dollars, plus encore ?

    BP s'est déjà engagé à payer plus de 4,5 milliards de dollars et a reconnu sa culpabilité dans la marée noire afin d'échapper aux poursuites pénales. La compagnie a également accepté d'indemniser à hauteur de 7,8 milliards de dollars des dizaines de milliers de plaignants privés affectés par la catastrophe écologique, la plus grave dans l'histoire des Etats-Unis. Elle avait par ailleurs déjà versé plus de 6 milliards de dollars à quelque 220.000 plaignants qui avaient choisi d'être indemnisés dans le cadre d'une procédure d'urgence. Les travaux de nettoyage de la marée noire lui ont également coûté 13,6 milliards de dollars. La facture de la marée noire pour la compagnie pétrolière s'élève déjà à 31,9 milliars de dollars, auxquels se rajouteront donc peut-être 16 milliards, si l'accord financier évoqué par le "Wall Street journal". Soit près de 48 milliards de dollars...

    Pour BP, la note est salée. Le géant pétrolier britannique a d'ailleurs annoncé, au début du mois de février, avoir accusé une chute de son bénéfice net en 2012 en raison notamment de l'amende record de plus de 4,5 milliards de dollars infligée par les autorités américaines. Pour autant, la nature durablement abimée de la zone concernée, l'océan, la faune et la flore, les êtres humains qui y vivent et en vivent, y trouvent-il leur compte ? Pas sûr.  Régler la facture d'un accident industriel de cette ampleur peut-il exonérer ses auteurs de la responsabilité d'avoir commis ce qui constitue un crime écologique ou environnemental ? Pas sûr non plus.

    Cathy Lafon

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  • Insolite. Réduire ses déchets : ma poule, c'est toi la poubelle!

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    Des poules pour réduire ses déchets. Photo DR

    Pour les poules de Barsac en Gironde, c'est tous les jours "poubelle la vie". 300 poules ont été distribuées le 23 février à 150 familles de la Communauté de communes (CdC) de Podensac, soit deux par foyers, afin de jouer le rôle de poubelles sur pattes pour  les déchets ménagers végétaux.

    Des composteurs à plumes pondeurs

    déchets,recyclage,poule,jardin"Cot, cot, cot codec"... Les jardins barsacais vont désormais glousser à qui mieux mieux, mais les gallinacés ne seront pas là pour danser le rock en roll. La riche idée des poules-poubelles émane de Philippe Meynard, président de la CdC, par ailleurs maire de Barsac et conseiller régional Modem. L'élu l'avait lancée en début d'année, lors de la présentation des vœux : chaque famille de la commune pourrait adopter deux poules et les nourrir chaque année de ses déchets ménagers végétaux. Comment économiser sur le coût de traitement des déchets, les réduire à la source, mieux les trier et les recycler ? C'est une question récurrente. Avec la poule, on fait coup double : chaque foyer peut diminuer de 150 kg le volume moyen annuel de ses ordures ménagères, tout en récoltant de bons oeufs bien frais.

    Qui de l'oeuf ou de la poule... ? 

    En réalité, bien connu dans les campagnes, le procédé est ancestral : les poules contribuent depuis toujours à éliminer les déchets ménagers et ce, même à la ville. Les plus âgés d'entre nous s'en souviennent : dans une grande ville comme Bordeaux, à l'habitat historiquement constitué d'échoppes individuelles munies de jardinets, où de maisons de maître, chaque famille avait son poulailler, voire ses lapins et plus si affinité. Les poules présentaient en outre l'irremplaçable avantage de débarrasser la terre des termites, véritable fléau des maisons bordelaises. 

    La poule, l'"insecticide" écologique du XXIème siècle

    La poule est en effet l'alliée du jardinier écolo. En parcourant le jardin dès le printemps, elle lutte contre les nuisibles, en dévorant les limaces, les vers, les escargots… Elle réduit aussi considérablement la prolifération des insectes en brisant la chaîne de leur développement : elle les mange à tous leurs stades de croissance, oeufs, larve, chenilles, adultes ... Vous pouvez dire définitivement adieu aux produits phytosanitaires toxiques et polluants. Et aussi à votre gazon si vous la laissez en liberté, mais là, c'est un choix.

    Une poule dans la vie, c'est bien. Deux c'est mieux

    Le bon sens paysan, donc. Encore fallait-il faire resurgir l'idée et, surtout, l'intégrer dans une politique locale de développement durable.  Pincé, une petite commune de la Sarthe a déjà mis en place ce système en mars 2012. Un organisme dans le Doubs fait de même, depuis janvier 2013. A son tour, Philippe Meynard, ayant lui-même adopté quatre poules en 2012, constate que les caqueteuses ont non seulement contribué à l'élimination de ses épluchures mais que, de plus, elles ont picoré la terre du jardin, nettoyant les plate-bandes par la même occasion. Voyez comme la nature est bien faite ! Pourquoi pas en faire profiter ses concitoyens ? Puis, l'élu qui fourmille d'idées concocte une véritable "charte d'adoption", qui garantit à la poule qu'elle sera bien traitée et qu'elle aura une copine, afin de ne pas déprimer. Il ne restait plus quà trouver des poules en quantité suffisante : elles sont fournies en circuit court, cela va de soi, par Agnès Hemon, productrice de volailles bio, à Illats (Gironde). La distribution des poules a donné lieu à une véritable fête écolo, avec un espace associatif pour "bio-services", un lieu pédagogique dédié à la redevance incitative (on paie le traitement des déchets au poids) et des composteurs individuels distribués aux habitants, le tout arrosé de boissons bio.

    Vous n'habitez pas Barsac, mais vous avez un jardin ? Vous voulez faire la connaissance de la jolie voisine qui vient d'aménager, ou du beau gosse à trois maisons de la vôtre ? Rien ne vous empêche d'adopter à votre tour deux poules qui animeront le voisinage et vous pemettront de recycler vos épluchures en omelettes et autres oeufs coque...

    Vous avez déjà introduit des poules dans votre jardin ? Racontez votre expérience à Ma Planète dans les commentaires, ou par mail en cliquant ICI

    Gare au renard, et roule, ma poule !

    Cathy Lafon

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  • Listrac-Médoc (Gironde) : le danger des pesticides pour les travailleurs de la vigne et les riverains

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    Epandage de pesticides dans les vignes  DR

    Ca va faire causer en Gironde. L'enquête APAChe : Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux, de l'association Générations futures, sur "l'exposition aux pesticides chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes du Bordelais " a été rendue publique mardi 19 février. Accessible sur le site internet de l'association, elle concerne le le terroir des châteaux Fourcas-Dupré, Clarke et  Moulin d'Ulysse que recouvre Listrac-Médoc, appellation d'origine contrôlée, riche en crus bourgeois. Et elle révèle que l'exposition des travailleurs de la vigne à des pesticides dangereux y est très importante. Coïncidence, une autre étude, rendue publique le 14 février et relayée par La Vigne, constate la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins...

    L'enquête APAChe, menée en collaboration avec Marie-Lys Bibeyran, la soeur d'un salarié viticole, décédé d'un cancer en 2009 bibeyran.jpg

    Marie-Lys Bibeyran se bat pour la reconnaissance comme maladie professionnelle du cancer de son frère, salarié viticole, décédé en 2009 d'un cancer foudroyant Photo archives Céline Dupeux Sud Ouest

    Générations futures, spécialiste des effets des produits phytosanitaires sur la santé et l'environnement, s'est appuyée sur les données du laboratoire d'analyses Kudzu Science obtenues entre mi-octobre et mi-novembre 2012, sur une population test de 25 personnes : quinze salariés viticoles de Listrac-Médoc, cinq riverains des vignes, et cinq témoins vivant loin des vignes. L'association a travaillé également  avec Marie-Lys Bibeyran, dont le frère, Denis, ouvrier agricole en Médoc, est décédé à 47 ans d'un cancer foudroyant des voies biliaires en 2009. Avant de mourir, il avait évoqué ses soupçons sur l'impact des pesticides qu'il utilisait sur sa santé.

    La bataille de la reconnaissance de ce cancer comme maladie professionnelle

    « Denis était à la fois salarié dans un château sur Listrac et exploitait deux hectares pour son compte", détaillait en 2011 Marie-Lys dans "Sud Ouest". "Sur le domaine du château, il était chauffeur de tracteur et effectuait tous les traitements phytosanitaires depuis vingt-cinq ans. Dans ses vignes, il faisait toutes les tâches et employait les mêmes produits qu'au château. Il avait une très bonne hygiène de vie et aucune raison de déclencher un cancer. Il se croyait tout à fait préservé en vivant à la campagne. » Pourtant, en période de traitement des vignes, témoignait un collègue, Denis subissait d'étranges saignements de nez à répétition… Depuis 2011, Marie-Lys, elle-même saisonnière, s'est lancée dans la bataille pour obtenir la reconnaissance de ce cancer comme maladie professionnelle. Il s'agit de la première demande de reconnaissance de maladie professionnelle impliquant les pesticides introduite post-mortem en Gironde.

    Une enquête locale mais pas nationale

    L'enquête de Générations Futures, précisent ses auteurs, prend en compte un nombre limité de "cobayes", et ne reflète donc pas l'état moyen de la contamination dans l'ensemble des vignes françaises.  Elle ne concerne qu'un territoire, celui de Listrac-Médoc en Gironde, où elle établit  de façon manifeste la présence accrue de résidus d'herbicides, d'insecticides et de fongicides chez les quinze salariés qui se sont prêtés à l'étude, en comparaison du groupe témoin de dix personnes n'exerçant pas ce métier.

    veillerettte.jpgL'exposition à des pesticides dangereux est très importante

     « L'exposition des travailleurs agricoles à des pesticides dangereux est très importante », souligne l'association Générations Futures. L'analyse des cheveux des 25 personnes objets de  l'étude, montre également que les pesticides « ne contaminent pas que les professionnels ». « Le simple fait de vivre à proximité des zones cultivées, à moins de 250 mètres, ce qui est sans doute le lot de millions de familles françaises, augmente votre exposition », met en garde François Veillerette, le porte-parole de l'association (photo ci-contre).

    45% des molécules retrouvées sur les salariés sont "cancérigènes possibles"

    Sur les cheveux testés, 35 molécules ont été recherchées (34 matières activespesticides, un métabolite) dont 27 actuellement autorisées sur la vigne. Selon les analyses, on retrouve 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin des vignes (6,6 pesticides en moyenne contre 0,6) et 4 des 15 salariés présentent 10 pesticides différents. On observe 5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitant près des vignes que ceux habitant loin des vignes. Plus de 45 % des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux Etats-Unis et plus de 36 % sont suspectées d'être des perturbateurs endocriniens.

    pesticides,viticulture,enquête,listrac-médoc,générations futuresRéduire l'usage des pesticides et renforcer la protection des travailleurs

    Les résultats de cette enquête visent à engager les pouvoirs publics à « prendre des mesures fortes en s'attaquant à l'usage intensif des pesticides ». A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'Agricutlure, le 23 février, le message est fort. « La réduction de l'usage des pesticides, pourtant inscrite dans le marbre du plan Ecophyto 2018, n'est toujours pas en route en France », déplore François Veillerette de Générations Futures, qui demande également la révision de l'homologation des produits. Outre le renforcement des équipements de protection des travailleurs agricoles, l'association milite pour le respect de distances de pulvérisation minimales par rapport aux habitations et pour la mise en place d'études d'exposition.

    90% des vins contiennent des résidus toxiques

    pesticides,viticulture,enquête,listrac-médoc,générations futures Une autre étude, rendue publique le 14 février et relayée par La Vigne, constate la présence de résidus de pesticides dans 90% des vins.  Selon Pascal Chatonnet (photo ci-contre), directeur du laboratoire bordelais Excell: « Seulement 10% [des vins analysés] ne contiennent aucun pesticide. Dans les 90% restants, Excell a trouvé la présence d’au moins une matière active, le plus souvent de la famille des fongicides. Et le laboratoire a pu détecter jusqu’à neuf pesticides simultanément dans un vin. » Un verre, ça va, deux verres, bonjour les dégâts...  Sauf si le vin est bio ou produit en biodynamie, cela va de soi.

    En octobre 2012, une mission sénatoriale avait estimé que les dangers et les risques sanitaires des pesticides demeuraient sous-évalués et mal pris en compte. Marie-Lys  Bibeyran ne dit pas autre chose : "Le danger est sous-estimé. Mon frère n'était pas le seul à avoir des saignements de nez".

    Cathy Lafon

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    REPERES

    • La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62.700 tonnes de substances actives vendues en 2011. Malgré le lancement du plan Ecophyto en 2008, et l’objectif affiché de réduction de 50% des pesticides en 10 ans ainsi que l’exclusion des substances les plus dangereuses, la consommation de pesticides a augmenté entre la période de 2009-2010 et la période 2010-2011 de 2,7%.
    •  780.000 hectares de vignobles français représentent 3,7 % de la surface agricole utile du pays, mais consomment environ 20 % des pesticides.

    Elaboré en 2008, le plan Ecophyto 2018 prévoit :

    • la réduction de moitié, à l’horizon de 10 ans, si possible, de l’emploi de pesticides de synthèse (plan ECOPHYTO 2018).
    • le passage en agriculture biologique à 6 % de la surface agricole utile en 2010, en visant 20 % en 2020.

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