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Infrastructure - Page 106

  • Nucléaire. Nouveau retard pour l'EPR finlandais

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    Le réacteur de production d'électricité nucléaire Olkiluoto en mai 2011, en Finlande PHoto AFP
     
    Le réacteur nucléaire EPR que le français Areva et l'allemand Siemens bâtissent en Finlande, continue d'accumuler les retards : l'opérateur finlandais TVO a annoncé lundi 16 juillet que l'entrée en service était repoussée après 2014.

    "D'après les informations transmises par le consortium Areva-Siemens, Teollisuuden Voima Oyj (TVO) estime que le réacteur de production d'électricité nucléaire Olkiluoto 3 ne sera pas prêt pour une production d'électricité normale en 2014", a affirmé le groupe dans un communiqué, repris par l'AFP le 16 juillet. "Les travaux d'installation du réacteur et l'ingénierie du système d'automatisation de la centrale sous la responsabilité du fournisseur n'ont pas progressé conformément au calendrier du fournisseur", et "TVO attend du fournisseur qu'il mette à jour le calendrier global", a-t-il ajouté.

    Une entrée en service intialement prévue en 2009

    Cette déconvenue s'ajoute aux multiples déboires du chantier, démarré sur la côte Ouest de la Finlande en 2005. Alors que le réacteur OL3 devait initialement entrer en service en 2009, des retards sont annoncés chaque année. Jusque-là, la date prévue était d'août 2014 pour ce réacteur d'une capacité de 1.600 mégawatts. TVO a fait part de son agacement, tout en le modérant  : "Bien que nous ne soyons pas satisfaits de la situation et qu'il y ait eu des problèmes répétés de fixation du calendrier, les travaux progressent et des solutions pour les points de construction et d'ingénierie restants sont trouvées les unes après les autres". "Les installations mécaniques de toutes les composantes majeures du réacteur sont achevées, et la majeure partie des installations de tuyauterie a été implantée. Les préparatifs pour la mise en route sont en cours", a-t-il expliqué. TVO a déjà tenté de pénaliser ses fournisseurs en plaçant sous séquestre des sommes qui leur étaient dues. Le consortium (73% Areva et 27% Siemens) a répondu sur le terrain judiciaire, et obtenu d'un tribunal arbitral début juillet le déblocage de 125 millions d'euros.

    Trois autres EPR en construction dans le monde

    Trois autres réacteurs du type EPR sont en construction dans le monde, un à Flamanville (Manche, nord-ouest de la France), et deux à Taishan (sud-est de la Chine). Les deux réacteurs chinois, construits en collaboration avec l'opérateur chinois CNGPC, pourraient être les premiers au monde à entrer en service, fin 2013 et fin 2014 selon le calendrier actuel. A Flamanville, le démarrage initialement prévu pour 2012, a déjà été reporté à 2016.

    Des EPR à problèmes

    Areva présente ce réacteur nucléaire dit de troisième génération, à eau pressurisée, comme plus sûr, performant et durable que ses concurrents. Mais, pour l'heure, les problèmes de l'EPR ont surtout fait perdre beaucoup de crédit au géant français du nucléaire, qui, à cause de ces retards, a en outre passé des provisions qui ont déjà largement excédé le prix auquel le réacteur a été vendu, 3 milliards d'euros, pour lequel il a touché 1,8 milliard. Pas vraiment rentable. En quatre ans, l'action Areva a perdu plus de 85% de sa valeur à la Bourse de Paris, malgré une hausse ponctuelle, lundi 16 juillet, due à une cession d'un producteur d'or canadien, La Mancha Resources. Finalement, le nouveau retard de l'EPR finlandais n'aura que très peu surpris les investisseurs.

    Cathy Lafon

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  • Fil vert. L'agenda vert de Madame Batho

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    Delphine Batho, ministre de l'Ecologie et du Développement durable Photo AFP

    La ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'Energie, Delphine Batho, auditionnée mercredi 11 juillet par les députés, a fixé les grandes lignes de son agenda, très attendu par les écologistes que l'éviction de Nicole Bricq du ministère de l'Ecologie a inquiétés.

    Batho dans la lignée de Bricq

    Delphine Batho reprend les grandes orientations annoncées par Nicole Bricq, son éphémère prédécesseur : une grande conférence environnementale avant le 15 septembre, un débat national sur la transition énergétique à l'automne, une loi de programmation début 2013 et une réforme du code minier avant la fin 2012. Promise inititialement pour le début du mois de juillet, la conférence environnementale se tiendra donc finalement à la rentrée.

     Une conférence environnementale annuelle et transversale

    Comme la conférence sociale, elle sera ouverte par le président de la République et conclue par le premier ministre.  Delphine Batho veut en faire un rendez-vous annuel, où toutes les organisations non gouvernementales ayant participé au Grenelle de l'environnement organisé par Jean-Louis Borloo au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy seront conviées, comme les différents ministres compétents, notamment le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, et la ministre du logement, Cécile Duflot, chargée de l'immense chantier de la rénovation thermique. Enfin, contrairement à 2007, les parlementaires seront également associés.

    Transition énergétique, biodiversité, santé, fiscalité et gouvernance

    Deux thèmes seront abordés en priorité : l'énergie et la biodiversité. La conférence aura pour objet de définir le cadre et la méthode du débat sur la transition énergétique qui devra déboucher sur une loi de programmation au premier semestre 2013. Les participants débattront autour de trois enjeux, la fiscalité écologique, le lien santé-environnement et la gouvernance environnementale.

    Continuité du Grenelle

    Très intelligemment, Delphine Batho s'inscrit dans une "une certaine continuité du Grenelle", tout comme l'avait fait avant elle Nicole Bricq. Et tout comme son prédécesseur, elle annonce aussi son intention de le relancer et de l'élargir à d'autres acteurs, en précisant son volet social et sociétal tout en le dotant de moyens financiers.

    Prochain rendez-vous : conseil des ministres du 18 juillet, où la ministre de l'Ecologie détaillera "l'architecture " de ce nouveau Grenelle de l'environnement.

    Cathy Lafon



  • Energies renouvelables : le soleil se lève sur le Japon

    Après les chocs de Fukushima et des printemps arabes en 2011, une nouvelle révolution secoue la planète en 2012. Elle est verte et vient d'Extrême-Orient. Traumatisé par le drame de Fukushima et privé de la quasi-totalité de son parc nucléaire depuis mars 2011, le Japon a décidé de marcher au soleil et au vent et met toute son énergie à faire décoller les renouvelables. Pile-poil en phase avec le  rapport du 5 juillet de l'AIE (l'Agence internationale de l'énergie) qui situe à + 40 % la croissance de la production mondiale d'énergies vertes d'ici à 2017.  Au pays des samouraïs et des kamikazes, on s'en doute, on ne fait pas les choses à moitié. Motivé à bloc, le Japon risque fort de rattraper rapidement son retard pour prendre la tête des pays industrialisés en matière d'énergies vertes.

    Une loi "accélérateur d'énergie renouvelable"

    edano.jpgUne loi de soutien aux renouvelables, entrée en application le 1er juillet, oblige désormais les compagnies d'électricité nippones à acheter le courant produit par les panneaux solaires, les éoliennes et la biomasse à un tarif plus élevé que celui du marché. Ce soutien doit permettre aux producteurs d'énergies renouvelables de se développer, d'innover pour réduire leur coût de production et in fine d'augmenter significativement leur part dans le bouquet énergétique de la troisième puissance économique mondiale. Pour le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie japonais (Meti), Yukio Edano : "Cette loi doit servir d'accélérateur pour les énergies renouvelables".

    solaire,eolien,photovoltaïque,fukushima,japon,loiVoilà qui va faire rêver les industriels français des ENR, notamment ceux de la filière éolienne dont le syndicat vient de quitter le Syndicat des énergies renouvelables. Si dans sa première intervention publique, début juillet, la nouvelle ministre de l'Ecologie, Delphine Batho (photo AFP ci-contre) a affirmé l'importance stratégique de la biomasse dans la transition énergétique, certains craignent qu'elle ne l'ait fait au détriment de l'éolien qui a lancé un appel au gouvernement, pour que des mesures d'urgence soient prises en sa faveur. Il faut dire que, étranglée par les mesures restrictives du Grenelle 2 de l'environnement, la puissance installée en éolien en France a baissé de 70 % au premier trimestre 2012... Or selon Delphine Batho, la biomasse serait appelée à représenter 50 % de la production d'énergie française renouvelable. Décidément, la France a bien du mal à diversifier son "mix"...

    Comment compenser 30 % d'électricité en moins...

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    Vue aérienne de la centrale de Fukushima, 13 mars 2011

    Comment retrouver 30 % d'énergie sans émettre d'avantage de gaz à effet de serre ? L'équation énergétique japonaise est simple sur le papier. Mais pas autant dans la vraie vie. Seize mois après l'accident nucléaire de Fukushima, l'archipel ne compte plus sur le nucléaire qui assurait près de 30% de la production d'électricité nationale. Aux oubliettes, les plans prévoyant l'augmentation de cette part à 53% d'ici à 2030. Après avoir vécu plusieurs semaines sans un seul réacteur actif sur 50, l'Empire du soleil levant a été contraint de relancer une tranche nucléaire dimanche 1er juillet, afin d'affronter les besoins en électricité des entreprises, accrus par la période estivale particulièrement gourmande en énergie au Japon. Les fortes chaleurs rendent la vie quasi impossible sans un minimum de climatisation dans les mégalopoles. L'Etat japonais a cependant dû passer outre la forte opposition des populations et des autorités locales, traumatisées par une catastrophe qui a contraint près de 100.000 personnes à quitter leur maison et a entraîné d'importantes contaminations radioactives.

    ... tout en réduisant de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 ?

    C'est que la suite de l'équation la complique lourdement. Avec la production hydraulique, la part des renouvelables atteint péniblement 10 % au Japon qui tirait jusqu'en mars 2011 moins de 2% de son électricité du solaire, de l'éolien, de la géothermie et de la biomasse. Les nippons sont parmi les derniers de la classe des pays industrialisés dans ce domaine. Outre la sobriété énergétique forcée, la paralysie quasi-totale du parc nucléaire depuis Fukushima n'a donc été compensée pour l'instant que par l'augmentation de la production des centrales thermiques, fonctionnant au gaz, au charbon ou au pétrole que l'archipel, dépourvu d'énergies fossiles, doit massivement importer. S'il en reste là, le Japon peut dire adieu à son engagement à réduire de 25% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020, par rapport à 1990.

    Sobriété énergétique et énergies renouvelabes

    Bon sang, mais c'est bien sûr ! La voilà la solution : l'écologie ! Et d'un, le Japon a enclenché des mesures d'économies d'énergie drastiques (réduction des éclairages publics, enseignes commerciales, climatisations, escalators... ), insuffisantes naturellement à compenser la part de l'électricité nationale qui n'est plus produite par le nucléaire (environ 30 %). Et de deux, les Japonais cherchent aussi dans l'urgence, depuis plus d'un an, des solutions énergétiques alternatives au nucléaire. Et ils sont prêt à y mettre le prix : "Des surcoûts sont nécessaires pour augmenter la part des énergies renouvelables et en finir avec notre dépendance au nucléaire", explique M. Edano.

    Le nouveau bouquet énergétique japonais fleurira cet été

    solaire,eolien,photovoltaïque,fukushima,japon,loiDéclinaison de la loi entrée en vigueur au 1er juillet, les contours du nouveau bouquet énergétique japonais, qui tiendra compte du nouveau contexte post-Fukushima et accordera davantage de place aux sources renouvelables, sera présenté cet été par le Premier ministre, Yoshihiko Noda. Les projets les plus ambitieux concernent Fukushima. La maison de commerce japonaise Marubeni et une dizaine d'autres entreprises nippones ambitionnent en effet d'installer une importante ferme d'éoliennes flottantes au large de Fukushima (image de synthèse ci-contre afin de fournir du courant à 100.000 ménages. Ce serait une grande première mondiale.

    Le soleil qui s'est levé sur le Japon...

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    Le projet de plus grande centrale solaire du Japon DR

    Sans attendre le feu vert gouvernemental, nombre d'entreprises nippones se sont dores et déjà lancées dans la construction de parcs solaires, même si la production de courant par ce biais coûte aujourd'hui au Japon au moins trois fois plus cher que la technologie nucléaire ou l'énergie fossile.

    parc solaire japon.jpgDans l'ensemble de l'archipel, il y aurait actuellement en construction ou en projet plus de 100 fermes de panneaux photovoltaïques d'une puissance unitaire de plus d'un mégawatt, selon les décomptes du groupe d'information économique Nikkei. La firme Kyocera a annoncé la construction d'une centrale solaire de 70 mégawatts permettant d'approvisionner quelque 22.000 habitations dans la préfecture de Kagoshima (sud-ouest). Le  groupe de télécommunications mobile Softbank prévoit la mise en place de la plus grande centrale solaire du Japon dans l'île septentrionale de Hokkaido, après avoir inauguré le 1er juillet un petit parc photovoltaïque à Kyoto (photo AFP ci-contre).

    ... illuminera Fukshima en 2015

    Alors que des habitants reviennent progressivement et que les travaux de décontamination et reconstruction se précisent, la municipalité de Minamisoma située à  dans la zone sinistrée de Fukushima, à 30 km de la centrale, souhaite créer un modèle de ville plus sûre, plus écologique et à fort rendement énergétique. Parmi les principaux chantiers, le conglomérat industriel Toshiba s'apprête ainsi à bâtir un vaste parc solaire devant alimenter quelque 30.000 foyers à Minamisoma. La mise en place des équipements solaires devrait débuter cette année pour une entrée en exploitation en 2014.

    Le mot de la fin

     "Si nous continuons de construire des panneaux solaires et d'investir, cette énergie sera d'ici 20 ans non seulement la source la plus sûre de production d'électricité, mais aussi la moins chère", estime le PDG du groupe, l'antinucléaire Masayoshi Son, bien décidé à aider son pays à rester, plus que jamais, l'Empire du soleil levant. Un discours pas vraiment éloigné de celui du patron français de SolaireDirect, Thierry Lepercq, qui pronostique aussi que l'énergie solaire sera bientôt la moins chère au monde... C'est drôle, ce qui attire encore la dérision en France, semble plus que réaliste au Japon...

    Ces Japonais, moi, je les kiffe grave. Pas vous ?

    Cathy Lafon

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