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Développement durable - Page 841

  • Rio J-15 . C02 : l'atmosphère n'en peut plus

    arctique.jpg

    L'Arctique. Photo DR

    "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?" A 15 jours de l'ouverture du Sommet de la Terre de Rio (20 au 22 juin), l'Arctique se pose la question avec angoisse. C'est que la banquise est encore sous le coup d'une bien mauvaise nouvelle, hélas prévisible : le seuil de 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère vient d'être atteint au-dessus de l'Arctique. Et pour les chercheurs, le reste de la planète devrait atteindre bientôt le même seuil. "Et alors ?", me direz vous.   "Ca nous fait une belle jambe ! A quoi peut bien rimer ce nième message écolo-codé ? Et d'abord, pourquoi ce serait si grave ? La Terre en a vu d'autres, et on est toujours là !"

    Explications.

    "Les ppm de C02", kesaco ?
     
    A la belle ère de l'"anthropocène" qui est la nôtre, pour les climatologues et les écologistes, les "ppm de CO2", c'est la cata !  Mais au fait, que sont ces ppm, qui prolifèrent sur nos têtes ? Une partie par million (en abrégé ppm) est l'équivalent d'un pourcentage, et un terme fréquemment utilisé par les scientifiques. Au sens strict, un ppm correspond à un rapport de 10-6, soit, par exemple, un milligramme par kilogramme ; au sens large, un ppm correspond à un milligramme par litre. En outre, le ppm n’est pas une concentration mais un rapport, c’est-à-dire un quotient sans dimension, à l’instar d’un pourcentage.
    Le CO2, ou dioxyde de carbone,  est naturellement présent dans l'atmosphère terrestre, le ppm de CO2 est donc la partie par million de CO2 présent dans l'air que nous respirons. Le CO2 était présent  à une concentration de près de 0,039 % en volume au début des années 2010, c'est-à-dire 390 ppmv (parties par million en volume) ou 591 ppmm (parties par million en masse). En 2009, cette concentration atteignait précisément 386 ppmv, contre seulement 283,4 ppmv en 1839 d'après les carottes de glace prélevées dans la région du cap Poinsett dans l'Antarctique, soit une augmentation globale de 36,2 % en 170 ans.  Or, plus besoin de vous faire un dessin, plus de CO2 dans l'atmosphère, c'est le réchauffement climatique assuré...
     
    Bienvenue dans l'ère de "l'anthropocène" !
     
    Les scientifiques s'accordent désormais, dans leur très grande majorité, à attribuer l'augmentation de CO2 observée actuellement à l'activité humaine : d'où le nom d'"anthropocène" donné à notre ère qui a débuté avec la Révolution industrielle, au XIIIème siècle.  Avec l'ère industrielle a en effet débuté une période à partir de laquelle l'influence de l'humanité sur le système terrestre est devenue prédominante.
     
    concentration record de CO2 au dessus de l'Arctique.jpgRevenons à nos fameux "ppm de CO2". Avant l’ère de l'anthropocène, le chiffre de ppm de CO2 était de 275. Aujourd'hui, le niveau mondial moyen atteint 395 ppm. Le seuil des 400, qui vient d'être franchi dans l'Arctique devrait être le prochain niveau mondial de C02 dans notre atmosphère. Or, pour de nombreux chercheurs, 350 particules de dioxyde de carbone par million constituent déjà le seuil à ne pas dépasser pour préserver le climat. Imaginez un autocar, prévu pour transporter 50 passagers, qui ont droit chacun à une valise comme bagages, mais qui arrivent avec deux fois, puis trois, puis quatre fois plus ?  La place étant toujours la même dans l'autocar, la situation devient vite invivable pour les passagers... Surtout si le nombre de passagers augmente également. C'est un peu le même scénario avec le CO2 sur notre planète, qui est elle aussi, ne l'oublions pas, un monde "fini".

    Au-delà de 395 ppm : vers une situation incontrôlable
     
    Selon l'agence Science Presse du 3 juin, des stations de mesure basées en Arctique ont enregistré, pour la première fois, la présence de plus de 400 particules de dioxyde de carbone par million (ppm) dans l’air. Ces niveaux ont été atteints durant le printemps, rapporte The Guardian dans son édition en ligne du 1er juin. Selon la communauté scientifique, ce seuil est une étape importante dans l’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans la haute atmosphère parce qu’au delà de 395 ppm la situation deviendrait incontrôlable à cause des boucles de rétroaction positives. Une estimation, qui n'est pas une prévision -  la communauté scientifique se refuse à jouer le rôle de "voyante"-  et qui ne date pas d'aujourd'hui. Certes, c'est en Arctique que ce seuil vient d'être franchi, mais les climatologues précisent que les régions polaires sont à l’avant poste de la hausse. Les autres régions terrestres vont suivre...
     
    + 2° C à la surface du globe : "Adieu veau, vache, cochon, couvée..."
     
    Jean de la Fontaine avait tout juste : emportée par ses rêves glorieux, Perrette a bien gaspillé son avenir, en perdant  son lait et cassé en outre le pot qui le contenait. L'objectif de + 2°C de hausse des températures terrestre semble désormais impossible à tenir : selon les scientifiques, on ne peut espérer stabiliser le climat, c'est à dire contenir une hausse moyenne de + 2°C sur notre bonne vieille planète, avec plus de 350 ppm de C02 dans l'atmosphère.
     
    Jim Butler, directeur de la surveillance globale au NOAAE (National Oceanic and Atmospheric Administration's Earth), a rappelé à l'Associated Press, le 1er juin, que cela fait 800 000 ans que la Terre n’a pas connu une telle concentration de ce gaz dans son atmosphère. « Cela permet à chacun de se rappeler que nous n’avons pas encore résolu la question et que nous faisons encore face à ce problème », avertit Jim Butler. Et ce n'est pas fini : comme l’a annoncé l‘Agence Internationale de l’Énergie la semaine dernière, les émissions de dioxyde de carbone d’origine anthropique ont atteint un record de 34,8 milliards de tonnes en 2011, une progression de 3,2 % (ou 1 milliard de tonnes) par rapport à 2010.
     
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    De son côté, toujours selon l'Associated Press, Al Gore, l’ancien vice-président américain engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique met en garde : « des stations ont mesuré des concentrations au-delà de 400 ppm dans l’atmosphère. Cela constitue une preuve supplémentaire que les décideurs mondiaux –à quelques notables exceptions– échouent de façon catastrophique à répondre aux enjeux du changement climatique. L’Histoire ne les comprendra pas ou ne les excusera pas ».
     
    Sacrifier quelques bagages, pour poursuivre notre voyage sur Terre
     
    Il apparaît désormais très peu probable, voir quasiment impossible, que l’espèce humaine arrive à limiter la hausse des températures terrestres à 2°C (objectif de l’Union Européenne) au dessus de celle qui prévalait avant la révolution industrielle.
    Ceux qui vont à Rio, auront-ils bien présent à l'esprit cette nième preuve du dérèglement climatique et feront-ils preuve d'une vraie détermination à enfin agir pour réduire efficacement au niveau mondial nos émissions de gaz à effet de serre ? L'espèce humaine va-t-elle enfin accepter de sacrifier la partie superflue de ses bagages, pour pouvoir continuer le voyage dans l'autocar planétaire sans se retrouver
    un jour, comme Perrette,  " Gros-Jean comme devant "? Le doute est, hélas, permis.
     

    Cathy Lafon

     
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  • 5 juin 2012 : bonne fête, ma Terre !

    sommet mondial de l'environnement,démographie,ville,alimentation,faoMais non, Ma Planète n'avait pas oublié que nous étions aujourd'hui le 5 juin, Journée internationale de l'environnement, dont le thème cette année est l'économie verte ! D'autant moins que le Sommet de Rio doit s'ouvrir dans tout juste 15 jours...

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    Serres agricoles (Eysines, Communauté urbaine de Bordeaux, Gironde) DR CUB

    En France, comme dans tous les pays du monde, riches ou pauvre, le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine est un enjeu crucial pour l'alimentation future de l'humanité, et l'avenir de notre planète. Aussi, à l'occasion de cette journée mondiale de l'environnement, l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture tient à souligner cette année le rôle de plus en plus important de l'agriculture urbaine et périurbaine, dans l'alimentation des citadins, avec la croissance rapide des villes.

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    Agriculteur au travail en périphérie de Ouagadougou (Burkina Faso) DR

    "L'agriculture urbaine et périurbaine fournit déjà de la nourriture à environ 700 millions de citadins, soit le quart de la population urbaine mondiale. D'ici à 2030, la quasi totalité de la croissance de la population sera concentrée dans les zones urbaines des pays en développement. D'ici là, près de 60 % des habitants des pays en développement vivront dans les villes", indique un communiqué de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture publié aujourd'hui à Rome... "L'agriculture urbaine et périurbaine peut contribuer à améliorer la sécurité alimentaire de plusieurs façons. En cultivant des produits alimentaires à la maison ou à travers des coopératives, les ménages pauvres peuvent réduire la charge du coût d'achat de la nourriture, disposer d'une plus grande quantité d'aliments et réduire les intervalles saisonniers dans la production de primeurs".

    démographie,ville,alimentation,faoIl y a fort à parier que l'organisation des villes et collectivités locales du monde (Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU)),  présente à Rio pour le prochain Sommet mondial de l'environnement Rio+20 (du 20 au 22 juin), soutiendra avec conviction ce point de vue par la voix de Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique et porte-parole mondial de CGLU pour les négociations sur le climat. Et ce, même si CGLU n'est pas encore reconnu comme une véritable organisation internationale.

    Cathy Lafon

    • Pour lire l'intégralité du communiqué de la FAO pour la Journée internationale de l'environnement  : cliquer ICI
    • On pourra suivre Ronan Dantec au Sommet de Rio sur Facebook

    EN SAVOIR PLUS

    Télécharger la synthèse du rapport  Quévremont "L'agriculture périurbaine", sur le site de la Communauté urbaine de Bordeaux : cliquer ICI


  • Solairedirect : "L’énergie solaire est bientôt la moins chère du monde"


    Usine de production Solairedirect DR solairedirect

    Le solaire, "100% de l'énergie mondiale en 2028"

    Solairedirect a la grosse pèche. S’exprimant lors d’un colloque de Ethic intitulé « Un nouveau regard sur l’énergie » à Paris, Thierry Lepercq, Président de l'entreprise, a déclaré le 24 mai dernier produire actuellement une énergie solaire à 100 €/MWh. Ce coût descendra à 70 €/MWh en 2014, ce qui fera de l'énergie solaire « la moins chère du monde à l’exception des gaz de schistes aux USA ». La baisse se poursuivant, le coût chutera à 40 €/MWh en 2020. L’énergie solaire pourrait représenter « 100% de l’énergie mondiale en 2028, et, à titre personnel, je pense que c’est le scénario le plus probable » n'hésite pas à déclarer Thierry Lepercq. « Reste le problème de l’intermittence que des entreprises vont résoudre » a ajouté confiant "Monsieur 100.000 photovolts". La très grosse pèche, donc.

    Grand soleil en 2012 pour Solairedirect, en Poitou-Charente...

    Il est vrai que Solairedirect a de quoi voir la vie en vert. 2ème producteur d’électricité solaire en France, l’entreprise a développé un modèle original de vente d’électricité solaire de gré à gré à prix compétitif, via ESTER (Electricité Solaire des Territoires), une Société d’Economie Mixte créée avec la région Poitou-Charentes. Aux termes du contrat signé en décembre dernier avec Sorégies (société poitevine d’électricité), ESTER fournit une électricité à environ 108 €/MWh avec un lissage sur 30 ans (schématiquement, au-delà de l’obligation d’achat sur 20 ans, le prix augmente mais il reste inférieur au prix de gros), ce qui protège les clients des hausses de l’électricité. 50.000 personnes dans le département de la Vienne sont susceptibles d’être approvisionnées. Thierry Lepercq a en outre annoncé la signature d’un nouveau contrat d’achat d’électricité photovoltaïque le 25 mai, avec Séolis, un fournisseur et distributeur locale d'électricité dans les Deux-Sèvres.

    ... comme dans les pays émergents

    Solairedirect s’est aussi imposé à l’export, dans les pays émergents, au Maroc, Chili, en Afrique du Sud, Inde, Thaïlande et Malaisie.  L’entreprise a remporté un gros contrat en Inde au mois de décembre dernier. Suite à un appel d’offres lancé par l’Afrique du Sud, Solairedirect a été retenu pour 2 projets et installera 2 parcs solaires de 10 MW. Son usine de production de panneaux photovoltaïques sur place au Cap, d’une capacité de 40 MW/an, va tripler sa capacité avec des partenaires locaux et chinois. Autres projets en cours en Afrique du Sud : Une société d’économie mixte destinée à produire de l’électricité et à engager un programme d’efficacité énergétique à Durban, et « Solar People », une initiative destinée à faire émerger des micro opérateurs d’électricité parmi les micro entrepreneurs locaux.

    thierry-lepercq.jpg "Monsieur 100.000 photovolts"

    Thierry Lepercq serait-il le nouveau Bernard Tapie du solaire ? Son parcours est en tout cas décoiffant. Retenu par l'Expansion comme candidat aux Trophées du business vert, l'actuel patron de Solairedirect vient de la banque.  Après une carrière de banquier d’affaires dans le secteur des hautes technologies (Bankers Trust, Banque Arjil, Oddo), Thierry Lepercq, HEC, monte en 1999 NetsCapital, établissement financier dédié aux sociétés de technologie, puis en 2003 Novatio Partners, un cabinet de conseil spécialisé dans l’innovation dans le secteur de l’énergie. En 2004, un think tank organisé avec GDF l'incite à créer sa propre entreprise dans le solaire: avec Amaury Korniloff, ex-directeur du développement de Poweo, il concrétise son idée en 2006 et réussit, en seulement quatre ans à atteindre 150 millions de chiffre d'affaires avec Solaire Direct (prévision pour 2010), devenu le premier producteur d'énergie solaire en France après EDF. Pas mal.

    Mais comment fait-il tout ça ?

    La rédaction de Plein soleil a enquêté début janvier sur une réussite atypique, qui peut apparaître comme le "mystère de Solairedirect", vu le contexte industriel actuel plutôt incertain des énergies renouvelables en France et du solaire en particulier. Un tarif d'achat à 10,8 centimes d'euro le kWh en France, tarif en dessous du prix payé par le consommateur ? Des marchés gagnés à l'étranger, face à  de rudes concurrents internationaux ? Qu'on se rassure : rien que de très parfaitement honnête et durable, conclut Plein Soleil, qui a décortiqué le système Solairedirect. Et surtout, un modèle durable, ultra dynamique, basé en Poitou-Charente sur les circuits courts de distribution, bien connus dans l'alimentation, avec les AMAP et les pratiques des  "locavores". Manger local, se chauffer et s'éclairer local, donc.  Un consommateur achète ainsi son électricité propre à une Entreprise Locale de Distribution (ELD) qui se fournit elle-même auprès d'une ferme solaire de proximité. Lorsque le nombre de consommateurs augmente, les volumes négociés deviennent de plus en plus importants. Avec à la clé la création d'un outil industriel local et donc des débouchés pour l'emploi. Exemplaire.

     Cathy Lafon

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     ►LIRE AUSSI

    • Solairedirect : "l’énergie solaire est bientôt la moins chère du monde" Colorwatt, 25 mai 
    • "Le mystère de Solairedirect", enquête de Plein Soleil. "Comment font-ils pour monter des projets de centrales photovoltaïques avec un tarif d'achat à 10,8 centimes d'euro le kWh en France, tarif en dessous du prix payé par le consommateur ? Comment font-ils pour gagner des projets en Inde face à des concurrents internationaux ? Comment font-ils pour attirer les investisseurs et les financiers en cette période de resserrement du crédit avec d'ores et déjà plus de 500 millions d'euros levés ? Autant d'interrogations soulevées par les annonces successives des responsables de la société Solairedirect qui n'en finissent pas d'intriguer les professionnels du secteur." Pour lire la suite  : cliquer ICI