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Développement durable - Page 652

  • Le combat exemplaire de trois femmes de la région contre les pesticides

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    Caroline Chenet-Lis, dont le mari est décédé en 2011, était présente au Salon de l'agriculture de Paris en 2012, aux côtés de Paul François et de Jack Ferrand, pour dénoncer les dangers des phytosanitaires. Photo Isabelle Louvier / Sud Ouest

    Ce sont trois femmes. Femme de, soeur de et fille de... travailleurs de la terre, tous trois victimes des  pesticides. Elles s'appellent Caroline Chenet-Lis,  Marie-Lys Bibeyran, et Valérie Murat.

    A l'occasion de la Journée internationale de la femme, Ma Planète rend hommage à ces trois combattantes de l'écologie, qui défendent avec courage la santé et la vie des agriculteurs, céréaliers et viticulteurs, par leur combat juridique et leur militantisme.

    "La vérité, c'est que les agriculteurs sont en train de mourir"

    Caroline Chenet-Lis, agricultrice à Saujon, Charente Maritime a perdu son mari Yannick, décédé le 5 janvier 2011 d'une leucémie causée par les pesticides qu'il a manipulés tout au long de sa vie d'exploitant.  Depuis, élue à la chambre d'agriculture et vice-présidente de l’Association Phyto-victimes, elle se convertit à l'agriculture biologique.  Apparue dans le film de Marie-Monique Robin sur les phytosanitaires, "Notre poison quotidien", aux côtés de son mari, malade, elle est devenue veuve, lorsqu'elle témoigne au début du documentaire de  Éric Guéret, "La mort est dans le pré":  "La vérité, c'est que les agriculteurs sont en train de mourir", dit-elle.

    pesticides,femme,victime,hommage,journée Le frère de Marie-Lys Bibeyran, Denis, employé dans une propriété de Listrac-Médoc en Gironde, est décédé à 47 ans, en 2009, d'un cancer des voies biliaires. Depuis 2011, sa soeur se bat pour sa mémoire. Salariée viticole elle-même, elle a entamé des démarches auprès de la MSA de Gironde pour obtenir la reconnaissance post-mortem du cancer de son frère comme maladie professionnelle due aux phytosanitaires qu'il utilisait en tant qu'ouvrier agricole. Au-delà de ce combat juridique, la trentenaire collabore avec l'ONG Générations futures, à l'origine d'une enquête réalisée dans le Médoc, mettant à jour la surexposition au cancer des salariés de la vigne. À Listrac, qui est entouré de vignes, elle travaille aujourd'hui à recenser les personnes atteintes de cancers ces dix dernières années pour prouver que l’effet des traitements utilisés dans le vignoble peut aussi avoir des effets sur  sa population. Militante anti-pesticides, Marie-Lys Bibeyran est membre de Générations Futures et de Phyto-Victimes.

    pesticides,femme,victime,hommage,journéeLa Bordelaise Valérie Murat, fille d'un viticulteur girondin mort d'un cancer incurable, mène un combat judiciaire pour que son père soit reconnu victime des pesticides. Viticulteur à Pujols (Gironde), James-Bernard Murat est mort en 2012, à 70 ans, d’un cancer bronchopulmonaire, une maladie incurable diagnostiquée en avril 2010, huit ans après son départ en retraite en 2002. Deux mois plus tard, le professeur Brochard, chef du service médecine du travail et pathologie professionnelle au CHU de Bordeaux, reconnaissait son cancer comme maladie professionnelle en établissant un lien entre la maladie et l'activité professionnelle du viticulteur, au cours de laquelle il a sulfaté ses vignes à l'arsénite de sodium, de 1958 à 2000. Valérie Murat a le soutien de l’association Phyto-Victimes, qui vient en "aide aux professionnels victimes de produits phytosanitaires et à leurs proches ". Agée de 41 ans, elle vit et travaille à Bordeaux.

    Briser l'omerta

    Le courage de ces trois femmes, c'est d'abord d'avoir osé briser l'omerta qui règne dans les campagnes sur les dangers des pesticides, en témoignant publiquement. Puis, de s'être engagées dans de longues procédures judiciaires et dans un militantisme de tous les instants. Pour l'amour de l'être cher qu'elles ont perdu. Mais aussi dans l'intérêt de tous les autres, agriculteurs et consommateurs, dont les phytosanitaires menacent la santé. Sans jouer les stars. Avec modestie, pugnacité et méthode.

    Elles sont l'une des innombrables raisons pour lesquelles on se sent très fière d'être une femme. Le 8 mars et tous les autres jours de l'année.

    Cathy Lafon

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  • Quel climat en 2300 ? Deux supercalculateurs de Météo-France aident à anticiper les évolutions climatiques

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    Toulouse, le 4 mars 2014.  Un supercalculateur va améliorer les prévisions à long terme de Météo-France. AFP

    Pour rendre ses prévisions plus fiables et participer efficacement à la recherche sur l'évolution climatique, Météo-France dispose depuis janvier 2014 de deux supercalculateurs installés à Toulouse,  l'un sur le site de l'établissement, l'autre dans la salle de calcul mutualisé de l'espace Clément Ader.

    "C'est quand le soleil ?"

    De la Bretagne au sud du Pays basque, une question hante tout le littoral atlantique qui n'en peut plus de deux mois et demi de houle géante, de pluie, de vent, d'inondations et de tempêtes à répétition : "C'est quand le soleil ?"  La réponse passe par Météo France. Chance, elle va redonner le sourire aux lèvres des habitants de la façade atlantique. Après les 28 tempêtes encaissées cet hiver, le printemps s'annonce beau. Avec le retour du soleil, l'anticyclone qui s'installe cette fin de semaine va nous offrir en prime des températures dignes d'un mois d'avril : hier après-midi, on relevait jusqu'à 16°C à Bordeaux, soit près de + 4°C par rapport aux normales saisonnières.

    Deux supercalculateurs

    Mais comment la météopole de Toulouse (Haute-Garonne), peut-elle désormais prévoir dix jours à l'avance le temps qu'il va faire ? Pas avec des boules de cristal, mais grâce au déploiement de deux supercalculateurs qui lui a permis de multiplier par douze la puissance réelle de son système de calcul.  Le deuxième, présenté ce mardi 4 mars lui permet d'effectuer un million de milliards d'opérations par seconde, avec une puissance crête totale de 1 Pétaflop.  Entre 1992, date d'acquisition du premier supercalculateur, et 2014, la puissance de calcul théorique de Météo-France a été multipliée par plus de 500 000. Grâce à ces outils, Météo-France a gagné un jour de prévision tous les dix ans et une plus grande précision en matière de prévision des températures. 

    tempete christine.jpgA quoi ça sert ? 

    Prévoir le temps qu'il va faire

    Ces supercalculateurs travaillent en temps réel pour les besoins de la prévision météorologique. Leur vocation n'est pas seulement de vous permettre de savoir s'il faudra penser à prendre un parapluie pour partir au boulot le lendemain matin. Ils améliorent la qualité et le détail des prévisions à neuf jours des fortes précipitations, des tempêtes, des températures au niveau du sol, ainsi que la quantification des risques associés pour les trois jours à venir. Le renforcement des moyens de calculs profite donc à tout le monde : grand public, chercheurs, professionnels du tourisme, du transport, de l'agriculture, du BTP, de l'énergie, mais aussi à la surveillance de la qualité de l'air et à la sécurité civile.  L'enjeu économique d'une météo de qualité est de taille : plus d'un quart du  produit national brut (PNB) (entre 15% et 35%)  est directement influencé par la météorologie, soit plus de 10 milliards d'euros.

    Evaluer le changement climatique

    Les outils de Météo France participent aussi  au travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), et lui permettent d'établir ses apports d'évaluation du changement climatique. Météo-France reconstitue les conditions climatiques passées à partir d'archives d'observations et en simule les évolutions futures en produisant des modèles de climat de plus en plus précis. Ces projections visent à déterminer l'impact du changement climatique à l'échelle du globe sur les températures et les précipitations, mais aussi sur des phénomènes comme la mousson, les cyclones tropicaux ou encore la fonte de la banquise. Aujourd'hui, le centre de recherche de Météo-France utilise 15% des ressources de calcul des supercalculateurs pour reconstituer le climat d'il y a 130.000 ans et se projeter jusqu'en 2300. Enfin, grâce à ALADIN-Climat, modèle à aire limitée, les chercheurs de Météo-France produisent également des simulations régionales d'évolution du climat, plus fines que les modèles globaux.

    Avec le réchauffement climatique, la recherche sur la climat a de beaux jours devant elle. A l'horizon 2016, la puissance des supercalculateurs de Météo-France sera de nouveau renforcée et multipliée par trois. Un nouvel outil, fourni par l'entreprise française Bull pour un montant de 30,5 millions d'euros, permettra de fournir au grand public et aux institutionnels une information toujours plus fiable. Mais aussi de continuer à améliorer l'étude des interactions entre le climat et la composition chimique de l'atmosphère, des calottes glacières et du cycle du carbone.

    Cathy Lafon

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    supercalculateurs 2 meteofrance.jpgPour découvrir les supercalculateurs de Météo-France, cliquer ICI  

    Quelles sont les caractéristiques et les spécificités des supercalculateurs de Météo-France ? A quoi servent-ils ? Quels sont les bénéfices pour les utilisateurs d'une puissance de calcul accrue ?  En quelques clics, cette animation vous propose des éléments de réponse à ces questions.

  • Et si on allait bosser à vélo ? Une indemnité kilométrique pourra nous y inciter

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    Les salariés qui vont travailler à vélo pourront bénéficier d'une indemnisation à l'instar de ceux qui se déplacent en voiture. A condition que leur entreprise soit volontaire. Photo "Ma Planète"

    Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a dévoilé ce mercredi les 25 mesures d'un plan d'action en faveur du vélo et de la marche, facilitant la coexistence avec les voitures en milieu urbain et incitant à l'usage du vélo pour aller au travail.

    vélo en ville.jpgUne "indemnité kilométrique" vélo

    On estime que 3 millions de français utilisent le vélo en tant que mode de déplacement quotidien, et que 17 millions en font au moins une fois par semaine. Avec de tels chiffres, la France a un retard considérable par rapport à ses voisins européens, comme l'a a souligné Frédéric Cuvillier. Pour le rattraper et encourager les trajets domicile-travail, le plan prévoit notamment l'expérimentation d'une "indemnité kilométrique vélo" avec des entreprises volontaires. En effet, jusqu'à présent, l’usage du vélo ne bénéficie dans l'Hexagone d’aucun encouragement de cette sorte, alors que les frais de carburant peuvent déjà faire l’objet d’une prise en charge par l’employeur, à hauteur de 200 € annuels. Une véritable injustice à rattraper, car le vélo plus vertueux, génère des frais de réparation et d’entretien qui s’élèvent aussi en moyenne à 200 € par an. De plus, les cyclistes-travailleurs méritent bien d'être récompensés pour leurs efforts en faveur de la planète, tout particulièrement lorsqu'ils ne renoncent pas à leur vélo, même par temps de pluie... C'est à dire presque tous les jours depuis deux mois et demi !

    pollution air bordeaux velo.jpgBon pour la santé, la qualité de l'air, le climat et les économies d'énergie

    Pour être séduisante, l'idée n'est pas vraiment révolutionnaire. Un tel système existe en Belgique depuis 1999, où l'indemnité est fixée à 20 centimes d’euros par kilomètre. En France, le Sénat avait déjà adopté, le 12 novembre 2012, en première lecture, un amendement créant plusieurs dispositifs d’indemnisation pour les salariés qui roulent à vélo, dans le cadre du vote du Projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS)...  La généralisation de cette mesure avec un abattement de charges incitatif pour les entreprises, pourrait coûter 110 millions d'euros aux comptes sociaux de l'Etat. Mais elle multiplierait aussi par 10 le nombre de trajets domicile-travail effectués en vélo. La dépense serait donc largement compensée, selon le ministère des Transports, par ses effets bénéfiques, en particulier sur la santé des cyclistes qui feraient de l'exercice et de tous les habitants, qui respireraient mieux. En outre, avec la diminution des émissions de CO2 et de la pollution de l'air, le climat ne s'en porterait que mieux... L'impact écologique de cette indemnité, calculée sur la base d'un barème de 25 centimes par kilomètre, sera évaluée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

    Faciliter et sécuriser l'usage du vélo 

    Parmi les autres mesures figurent l'interdiction de l'arrêt ou du stationnement des véhicules à 5 mètres en amont du passage piéton hors des places aménagées, et la généralisation du double-sens cyclable dans les rues où la vitesse est limitée à 30km/h. Les automobilistes seront officiellement autorisés à chevaucher une ligne continue pour dépasser les vélos si la visibilité le permet mais se garer sur une piste cyclable sera en revanche plus sévèrement puni, par une amende de 135 euros contre 35 euros actuellement. Les maires auront également la possibilité d'étendre (hors intersection) le régime transformant un feu rouge en céder-le-passage, afin d'éviter aux cyclistes de poser le pied à terre.

    train + velo.jpgTrain+vélo, ça doit être possible !

    Des objectifs de création de places sécurisées de stationnements pour vélos d'ici à 2020 seront par ailleurs fixés pour chaque grande gare en fonction de la fréquentation. Sur toutes les destinations des TER, la possibilité d'emport du vélo, même avec réservation, devra être accessible au minimum au moins dans deux trains par sens et par jour, et l'affichage de cette possibilité figurera désormais dans la réservation en ligne de la SNCF.

    Passer ses vacances à vélo, ça génère de l'emploi

    Le plan prévoit également de développer les itinéraires de loisir pour faire passer la part des séjours à vélo dans l'ensemble des séjours touristiques de 3% aujourd'hui à 6% en 2020. Une telle augmentation engendrerait "la création de 12.000 emplois touristiques et 2 milliards de chiffre d'affaires supplémentaire", a assuré Frédéric Cuvillier.

    baupin.jpg"Un point de départ, pas un point d'arrivée"

    Les associations engagées dans la réflexion sur la place du vélo pilotée par le ministre des Transports, aux côtés de parlementaires et de constructeurs, ont accueilli favorablement ces annonces, tout en appelant dores et déjà à les compléter. La Fédération des usagers de la bicyclette (Fub) "se félicite de ces premières mesures" et souhaite que "ce chantier national soit poursuivi et doté de moyens financiers conséquents". Pour le Club des villes et territoires cyclables, ces premières mesures "constituent les fondations d'une stratégie nationale et invitent à aller plus avant". Quant aux députés Denis Baupin (photo ci-dessus) et Alexis Bachelay, membres du Club des parlementaires pour le vélo, pour eux, ce plan "est un point de départ, pas un point d'arrivée". Pour le faire vivre, les élus se disent déterminés à inscrire dans la loi toutes les dispositions prévues.

    Le bon exemple de l'agglomération bordelaise

    tourne droite.jpgUn certain nombre d'agglomérations, dont Bordeaux, expérimentent déjà certaines de ces mesures, comme les tourne-à-droite aux feux, les garages pour vélo dans leur gare, ou encore les doubles-sens dans les zones 30. La Communauté urbaine de Bordeaux a même mis en place un service de gonflage de pneus gratuit pour les usagers dans son parking à vélos sécurisé de la gare Saint-Jean et son plan vélo prévoit de mettre en place une aide financière pour acheter un vélo pliant (jusqu'à 250 €) ou un vélo électrique (jusqu'à 300 €). Autant de bonnes pratiques qui devront désormais passer à la vitesse supérieure.

    Surtout, il faudra parvenir mettre en musique l'expérimentation de l'"indemnité kilométrique vélo" avec des entreprises volontaires. L'indemnité sera calculée sur la base d'un barème de 25 centimes le kilomètre. Le ministère espère que les grandes entreprises qui ont fait une place particulière au vélo dans leur plan de transport, rentreront dans l'expérimentation.

    Alors, des volontaires ?

    Cathy Lafon

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