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Association - Page 78

  • Norvège: les bémols écolos du succès de la voiture électrique

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    Comment gérer le nombre trop important de véhicules électriques qui roulent dans le pays ? La Norvège s'interroge. Photo DR

    La Norvège ne manque pas de pétrole : le royaume nordique est même l'un des des principaux producteurs de pétrole de la planète. Consciente toutefois des enjeux climatiques et des inconvénients pour la qualité de l'air de la consommation à outrance des énergies fossiles, elle ne manque pas d'idées non plus et s'est lancée une politique ambitieuse destinée à  développer son parc de voitures électriques afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

    Soutenues notamment par des mesures fiscales très incitatives, ces véhicules se multiplient à tel point qu'ils finissent par remettre en question les gains environnementaux espérés. Du coup, la société norvégienne se questionne : ne faudrait-il pas envisager de supprimer tout ou partie les privilèges qui font leur succès?

    500 millions d'euros de manque à gagner pour l'Etat norvégien

    Affin de réduire les émissions de gaz à effet de serre du trafic routier, qui représentent 10% de celles du pays, la Norvège a mis en place un ensemble de mesures très généreuses pour les voitures électriques: exemption de taxes, autorisation d'emprunter les couloirs de transport collectif, gratuité des péages urbains et des parkings publics où elles se rechargent en outre en électricité à l’œil... Résultats, elles sont aujourd'hui 32.000 à circuler sur les routes norvégiennes, soit un véhicule pour 160 habitants, chiffre le plus élevé dans le monde. Mais le revers de la médaille n'est pas si vert. Premier point noir, ces voitures sont exemptées des taxes, extrêmement lourdes en Norvège, qui pèsent sur leurs « cousines » à carburants fossiles et les seules exemptions fiscales représentent jusqu’à 4 milliards de couronnes (500 millions d’euros) de manque à gagner pour l'Etat, selon ses propres estimations.

    voiture électrique,industrie automobile,transport en commun,norvège,fiscalité,projet de loi,transition énergétique85% du trafic dans les couloirs réservés aux bus

    Le développement des transports en commun reste le moyen le plus efficace pour réduire le nombre de véhicules en circulation et donc lutter contre la pollution de l'air. Or, deuxième point noir du système norvégien, les voitures électriques, dont les taxis,représentent désormais jusqu’à 85% du trafic dans les couloirs de transport collectif aux heures de pointe, selon une étude réalisée par l’Administration des routes publiques du pays. La circulation des bus est désormais sérieusement perturbée par les trop nombreuses voitures électriques qui provoquent des bouchons, au risque de détourner les usagers de ce mode de transport collectif et de les inciter à reprendre le volant d'un véhicule particulier. Avec pour conséquence d'aggraver d'autant les embouteillages, voire la pollution. Inquiets de ce possible cercle vicieux, les chauffeurs de bus estiment en outre que le temps perdu par leurs milliers de passagers, ont un coût pour la société. Si les chauffeurs de bus ne sont pas hostiles sur le principe aux voitures électriques, ils demandent donc que ces dernières n'aient plus le droit de circuler dans les couloirs de transport en commun et deveraient avoir gain de cause.

    voiture électrique,industrie automobile,transport en commun,norvège,fiscalité,projet de loi,transition énergétique13% des ventes de véhicules neufs

    En attendant, en Norvège, les voitures électriques se multiplient comme des petits pains et elles représentent environ 13% des ventes de véhicules neufs depuis le début de l’année, une part de marché sans équivalent ailleurs dans le monde. En mars, malgré son prix relativement élevé, la Tesla, fabriquée en Californie, est même devenue la voiture la plus vendue de l’histoire norvégienne. En effet, même si son prix est de 60.000 euros pour une entrée de gamme, elle coûterait le double si elle était normalement assujettie aux taxes en vigueur pour les voitures à essence. Le premier motif d'achat pour 48% des propriétaires de voiture électrique est en effet l'économie d'argent qu'ils réalisent, selon l’enquête de l’Association pour la voiture électrique norvégienne, mais pas vraiment l'écologie :Seuls 27% d'entre eux affirment l’avoir fait par souci pour l’environnement...

    Des ajustements à la baisse à l'avenir ?

    voiture électrique,industrie automobile,transport en commun,norvège,fiscalité,projet de loi,transition énergétiqueLes autorités norvégiennes prévoyaient de maintenir les mesures incitatives jusqu’en 2017, ou jusqu’à ce qu’il y ait 50.000 véhicules électriques en circulation dans le pays. Or, au rythme actuel, ce volume pourrait être atteint dès le début 2015, ce qui obligerait le gouvernement à reconsidérer sa politique. Voilà qui n'est pas du goût de l’Association pour la voiture électrique norvégienne :  « Il est trop tôt pour supprimer les avantages fiscaux. Le marché n’est pas encore suffisamment concurrentiel » par rapport à celui des voitures à moteur à combustion, réagit la secrétaire générale de l’organisation, Christina Bu. « Si l’exemption de taxe et de TVA devait prendre fin, le marché pourrait s’effondrer et il serait alors difficile d’atteindre les objectifs climatiques que la Norvège s’est fixés. On doit augmenter le nombre de voitures électriques, pas le baisser », martèle-t-elle.  « Il se pourrait que l’on fasse des ajustements à la baisse à l’avenir », a toutefois indiqué la Première ministre, Erna Solberg (photo ci-dessus) au journal  norvégien VG, en précisant: « Mais je peux promettre aux automobilistes qu’il y aura encore des avantages fiscaux pendant des années à conduire une voiture électrique. »

    Quid de la France ?

    En France, la loi de transition énergétique en discussion à l'Assemblée depuis hier, veut faire du véhicule électrique un modèle dans les transports. Un superbonus d'un montant qui pourra atteindre 3.700 euros pour une voiture électrique doit être mise en place à la mi-2015, à condition de résider dans une zone urbaine qui lutte contre la pollution urbaine. Il s'ajoutera à la prime écologique pour offrir aux conducteurs de véhicules peu polluants une remise pouvant approcher les 10.000 euros.   Par ailleurs, le gouvernement confirme son objectif de 16.000 bornes de recharge à la fin de l'année, qui seront multipliées par deux en quatre ans. Un projet mis en oeuvre par le groupe Bolloré, qui  produit des véhicules électriques, comme les BlueCub, et commercialise des solutions de stockage d'électricité.

    Une voiture électrique n'est pas 100% propre

    Le retour d'expérience norvégien est à méditer en France. En Norvège, l'argument climatique tend à devenir la caution "verte" de la relance de l'industrie automobile. Or le nombre trop important de voitures particulières en circulation, même électriques, a un impact négatif sur l'environnement. Par ailleurs, les véhicules électriques, s'ils émettent moins de gaz à effet de serre en roulant que les véhicules à carburants fossiles, ne sont pas pour autant 100% propres et écologiques. Leur fabrication a un impact sur l'environnement, de même que la production de leur source de motricité : l'électricité, produite aujourd'hui principalement par le nucléaire. 

    Sur ce point comme sur bien d'autres, le mieux est parfois l'ennemi du bien : des véhicules électriques pour lutter contre la pollution de l'air, oui, mais pas que...

    Cathy Lafon

  • La transition énergétique, c'est aussi la fin des sacs plastique

    sacs plastiques.jpg

    Grâce à Surfrider Foundation Europe, la France dira adieu aux sacs plastique à usage unique en 2016. Photo AFP

    La transition énergétique à la française, on en cause, on en cause, depuis... pas mal de temps. Après un grand débat national qui s'est étalé en 2013, une valse des ministres concernés et quelques reports de calendrier, la voilà qui arrive enfin à l'Assemblée nationale ce mercredi, sous la forme du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte  porté par l'actuelle ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. Pour Nicolas Hulot, invité de France Inter ce matin, les écolos n'ont pas à bouder leur plaisir. La loi projet phare du quinquennat, est une belle avancée pour la protection de l'environnement et la protection du climat, assure le patron de la la Fondation pour la Nature et l'Homme, qui ajoute, "Certes, il y a des points à améliorer, mais le débat parlementaire est là pour ça".


    Nicolas Hulot : "Les terroristes gagnent 2... par franceinter

    eolien.jpgUrgence climatique et gestion des ressources de la planète

    Il est utile de rappeler le premier objectif de la loi : diminuer de 50% notre consommation énergétique d'ici à 2050 en réduisant la part des énergies fossiles et du nucléaire dans le bouquet énergétique tricolore et en développant les énergies renouvelables. Car l'urgence, aujourd'hui, est de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique et améliorer la santé : la pollution de l'air tue 7 millions de personnes dans le monde chaque année. Et pour y parvenir, il faut économiser les ressources fossiles qui ne sont pas illimitées et recourir à de nouvelles sources d'énergies non polluantes et renouvelables (soleil, vent, géothermie, hydrogène, biomasse, déchets, bois...). Comme toujours, on a déjà presque tout lu sur le contenu du projet de loi, avant même qu'il ne soit écrit et rendu public et on connaît par coeur les deux critiques récurrentes : "oui, mais la loi ne dit pas quelle centrale nucléaire va être fermée ni quand" (sous-entendu: en réalité, François Hollande ne veut pas vraiment réduire la part du nucléaire et encore moins en sortir) ; et, oui, mais "il paraît que" le gouvernement veut revenir sur son interdiction d'exploitation des gaz de schiste.

    Social, croissance verte et  territoires à énergie positive

    habitat basse consommation.jpgMais voilà. La question de la transition énergétique, c'est le nucléaire, qu'elle prévoit de faire passer de 75% à 50% dans la consommation d'électricité d'ici à 2025, mais c'est aussi bien plus que cela. Et la loi destinée à la mettre en oeuvre a aussi pour objectif de réduire la facture de la France, y compris celle de ses entreprises, et sa dépendance aux énergies fossiles et d'augmenter le pouvoir d'achat des Français en diminuant leurs dépenses pour se chauffer et se déplacer. L'objectif de réduction des énergies fossiles est de 30% d'ici à 2030 avec des primes de conversion pour l'achat de véhicules électriques pour remplacer les voitures "très polluantes" et améliorer la qualité de l'air (est-ce une bonne idée à 100% ? Ca se discute).  Elle veut lutter contre la surconsommation et le gaspillage en punissant les fabricants d'appareils à obsolescence programmée (ce n'est pas gagné). Elle met en place un vaste plan national de rénovation thermique énergétique de l'habitat qui doit devenir entièrement basse consommation à l'horizon 2050

    L'Aquitaine, exemplaire territoire à énergie positive

    tepos aquitaine.jpgElle prévoit aussi un soutien ambitieux au développement des énergies renouvelables pour une croissance verte, au travers, notamment  des 200 Territoires à énergie positives (TEPOS) présents dans toutes les régions. L'idée des TEPOS : réduire au maximum les besoins en énergie par la sobriété et l'efficacité énergétiques et les couvrir par les énergies renouvelables locales. A ce titre, cette performance est méconnue, mais l'Aquitaine est pionnière en la matière, elle a lancé déjà une dizaine de projets sur son territoire, une initiative que l'Etat veut multiplier dans toute la France...

    Terminés, les sacs plastique à usage unique

    Et puis, on le sait encore moins, mais le projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, c'est aussi l'interdiction des sacs plastique à usage unique en France, à partir de 2016. La Commission spéciale de l'Assemblée nationale - en charge du pré-examen du projet de loi-  a en effet voté jeudi dernier un amendement en ce sens. Un amuse-gueule écolo, dérisoire, au regard de l'enjeu de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ? Bien au contraire. S'il est voté, cet amendement constituera une victoire sans précédent pour la préservation de l'environnement et la sauvegarde des océans, cruciale pour l'avenir de notre climat, celui de la biodiversité des espèces animales qui les peuplent et par voie de conséquence pour l'avenir de l'humanité. 

    déchet grand crohot 3.jpg"La France doit donner l'exemple"

    L'air de rien , le défi de l'élimination des sacs plastiques fabriqués, il faut s'en souvenir, à partir du pétrole, est colossal: on estime en France leur nombre à 5 milliards  et à plus de 12 milliards celui de tous les  petits sacs détachables dits "fruits et légumes", encore distribuables dans les commerces... C'est ce qu'a tenu à rappeler à veille du début de l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi sur la transition énergétique, Surfrider Foundation Europe. L'ONG a joué un rôle majeur en faveur de cet amendement par ses opérations annuelles de nettoyage des plages et la campagne « Ban the bag » qu'elle a lancée en 2013, pour en finir avec les sacs plastique. "La France a aujourd'hui une occasion unique de rentrer dans une nouvelle ère en matière d'environnement et de préservation des océans grâce à cette mesure exemplaire", souligne Stéphane Latxague, le directeur directeur général de l'association. Pour lui, l'interdiction des sacs plastique est aussi pédagogique, car elle permettra aux citoyens français de mesurer leur responsabilité quotidienne dans la protection de la planète et des océans, grâce à une première action concrète et accessible à tous. Avant d'aller plus loin dans la lutte pour la réduction des déchets. "La Californie, explique-t-il, a été le premier Etat américain à avoir interdit les sacs plastique". Et depuis, l'une de ses grandes villes, San Francisco, a fait le pari fou du zéro déchet...

    stephane-latxague_8th.jpgChanger la vie des Français et protéger le climat

    "Quand Ségolène Royal indique que ce projet de loi va changer la vie des Français et qu'il représente une réelle chance, Surfrider est fière de contribuer à ce changement collectif de modèle", poursuit Stéphane Latxague (photo ci-contre). "En étant à l'origine de cet amendement, nous portons la responsabilité d'une prise de conscience collective pour sensibiliser tous les citoyens à un océan bien géré, source de solutions pour le climat", conclut-il.

    Cathy Lafon

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    • Les articles de Ma Planète sur les énergies renouvelables : cliquer ICI
    • Les articles de Ma Planète sur les déchets : cliquer ICI
    • Les articles de  Ma Planète sur la transition énergétique : cliquer ICI

    PLUS D'INFO

    • Surfrider Fondation Europe. En sa qualité d'ONG reconnue d'intérêt général dédiée à la protection de l'eau et du littoral, l'association revendique son engagement pour faire changer durablement les comportements sociétaux et agir directement sur les enjeux environnementaux en lien avec les océans.  Surfrider Foundation Europe sera d'ailleurs à la table des négociations de la future conférence environnementale pour faire entendre ses principales revendications :  intégrer les questions relatives aux océans dans les négociations nationales et internationales liées au changement climatique ;  mettre en lumière de façon concrète les effets néfastes du changement climatique sur les océans, et par voie de conséquence sur la vie quotidienne des citoyens, afin de générer une mobilisation de tous  sur le sujet ;   influer sur les règlementations tant françaises qu'européennes. Le site de SFE : cliquer ICI
  • Réchauffement climatique: plus de la moitié des oiseaux d'Amérique du Nord pourrait disparaître

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    Le pygargue à tête blanche, surnommé l'"aigle chauve", l'emblème des Etats-Unis, est menacé par le réchauffement climatique et l'urbanisation. Photo archives AFP

    La planète chauffe et la biodiversité subit les conséquences de l'élévation moyenne des températures. Ainsi,  plus de 50% des espèces d’oiseaux d’Amérique du Nord sont menacées par le réchauffement climatique et l’urbanisation qui font reculer leur habitat, selon deux rapports américains publiés début septembre.

    314 espèces d'oiseaux d'Amérique du Nord en danger

    bruant-ventre-noir_6.jpgSelon l’organisation environnementale américaine National Audubon Society, 314 espèces d’oiseaux, soit plus de la moitié de celles présentes aux Etats-Unis et au Canada, sont en danger d’extinction si la hausse des températures terrestres se poursuit, dont un grand nombre qui jusqu’alors n’étaient pas considérées comme menacées. Les ornithologues ont ainsi identifié 126 espèces qui risquent de perdre plus de 50% –voire même jusqu’à 100% dans certains cas– de leur habitat d’ici à 2050, sans possibilité d’émigrer ailleurs si le réchauffement continue au rythme actuel.

    Le réchauffement climatique la plus grande menace pour les oiseaux

    mouette-blanche_sn635.jpg188 autres espèces pourraient en outre voir au moins 50% de leur espace naturel disparaître d’ici à 2080, mais elles seraient toutefois en mesure de coloniser d’autres régions plus clémentes et échapperaient à l'extinction. « Le changement climatique représente la plus grande menace à laquelle font face nos oiseaux aujourd’hui », estime  Gary Langham, responsable scientifique de la National Audubon Society et directeur de cette recherche « laborieuse et approfondie » qui a duré sept ans.

    Tout le vivant est concerné,  les hommes comme les animaux et les plantes

    « Le réchauffement menace la fabrique même de la vie dont dépendent les oiseaux et le reste d’entre nous », prévient-il  Pour ce scientifique, la situation exige « d’agir sans attendre et de façon décisive pour éviter une catastrophe ». Les experts de la National Audubon Society ont analysé 30 années de données sur le climat en Amérique du Nord. Ils ont aussi passé au crible des dizaines de milliers d’observations d’oiseaux effectuées par l’ONG ou provenant d’études sur les lieux de reproduction et les conditions climatiques effectuées par lInstitut américain de géophysique.

    pelican bruns.jpgDes oiseaux emblématiques menacés aux quatre coins des Etats-Unis

    Alors que certaines espèces seront capables de s’adapter au changement climatique, un grand nombre, parmi les plus connues et les plus symboliques, font face à de sérieux défis. Ainsi, l’aigle chauve, emblème des Etats-Unis, pourrait voir son habitat diminuer de près de 75% au cours des 65 prochaines années. Le huart, emblème de l’Etat du Minnesota (nord du pays), pourrait se retrouver dans l’impossibilité de se reproduire dans 48 Etats américains d’ici à 2080. Les autres oiseaux qui symbolisent des Etats de l’Union en danger sont, au Sud, le pélican brun en Louisiane (photo ci-contre) ou encore dans l'Ouest,  le goéland de Californie, en Utah.

    state of birds.jpgAvec le réchauffement planétaire, la perte d’habitat est le premier danger pour les oiseaux

    Un deuxième rapport rendu public simultanément enfonce le clou. « L’Etat des oiseaux 2014″ (The State of the birds 2014), un document remis à jour chaque année dans le cadre d’une coopération entre des agences fédérales et des organisations environnementales,  s'intéresse aux habitats des oiseaux. L'édition 2014 sonne aussi l'alarme en révèlant que les populations d’oiseaux déclinent dans sept habitats clé en Amérique du Nord (côtier, océanique, forestier, insulaire, aride…). Autrement dit  partout. Le document liste les espèces qui ont un besoin urgent de protection et qu'il faut surveiller. Un vrai signal d'alerte : les populations d’oiseaux dans les régions arides ont connu le déclin le plus drastique, avec une perte de 46% depuis 1968 dans trois Etats,  l’Utah, l’Arizona et le Nouveau Mexique. En cause : l'urbanisation qui chasse les oiseaux ou fragmente leur habitat.  Dans les zones de prairies, on constate aussi une diminution du nombre d’oiseaux reproducteurs, comme chez les alouettes et les martinets dont les populations ont chuté de près de 40% depuis 1968.

    On peut encore agir

    La bonne nouvelle, c'est que rien n'est encore irréversible. Tout comme la couche d'ozone dont l'état s'est amélioré grâce aux mesures drastiques prises par la communauté internationale pour interdire et limiter l'usage des produits chimiques responsables de sa disparition, oeuvrer à la conservation des habitats de nos petits amis à plumes permet de ralentir leur déclin.  Les auteurs de l'"Etat des oiseaux 2014" observent ainsi que la situation des espèces s'est améliorée dans les prairies depuis les années 1990, se grâce à des mesures de conservation appropriées.  Si « ce rapport met en lumière les menaces pesant sur les oiseaux il offre aussi un espoir pour leur survie si nous agissons de concert », indique Wayne Clough, responsable de la Smithsonian Institution, qui a participé à cette recherche.

    Sally_Jewell_official_portrait.jpgFace au réchauffement climatique, les habitats sont des refuges vitaux

    On peut et on doit lutter contre le réchauffement climatique, car là aussi, on peut encore échapper à la catastrophe majeure climatique que serait une hausse des températures à + 5°C d'ici à la fin du siècle. Mais la planète se réchauffe déjà inexorablement. Pour aider les oiseaux et l'ensemble de la biodiversité animale à résister aux nouvelles donnes du climat, l'enjeu majeur, c'est la préservation des habitats.  A cet égard, la secrétaire américaine à l’Intérieur, Sally Jewell, souligne le rôle vital que jouent les parcs nationaux et les réserves naturelles. « Nos réserves sauvages, nos parcs nationaux et autres domaines publics sont des refuges vitaux pour un grand nombre d’espèces d’oiseaux, surtout face au changement climatique, l’un des plus grands défis pour la conservation des habitats de toutes les espèces animales au 21e siècle », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

    Notre survie

    macareux-moine-echoue-sur-une-plage-de-l-ile-de-re_1677192_800x400.jpgComparaison n'est jamais raison. Mais l'écologie n'a pas de frontière et ce qui vaut ici outre-atlantique vaut partout dans le monde. Cet hiver, nous avons pu constater sur notre littoral l'hécatombe inouïe provoquée chez les oiseaux marins par une succession hors norme de violentes tempête hivernales. Alors, oui, c'est une évidence  : face au réchauffement climatique qui les met en danger, la préservation des espèces animales passera par la conservation de leurs habitats. Cela implique une urbanisation maîtrisée qui réintroduise et favorise la biodiversité végétale et animale, une gestion des paysages (haies, forêts...) appropriée, y compris en ville, et un soutien actif de la part des gouvernements du monde aux réserves sauvages et parcs naturels. Et de la part de chaque citoyen du monde, chasseur, pêcheur, cueilleur et promeneur, un respect attentifs des lois assurant la protection des espèces animales et végétales, sur terre comme dans les airs et les océans. Car, tout simplement et très égoïstement, de leur survie dépend étroitement la nôtre.

    Cathy Lafon

    S'INVESTIR

    • L'ONG National Audubon Society ne se contente pas de tirer la sonnette d'alarme. Elle invite les citoyens américains et ceux du monde entier à s'inscrire sur son site internet pour soutenir son action et aider à défendre la vie animale sur terre, et particulièrement les oiseaux. Par ailleurs, Une carte interactive sur le site internet de l'ONG permet d'obtenir les données par espèce, pour chaque Etat.

     PLUS D'INFO

    • En France, beaucoup d'oiseaux sont aussi en danger, comme la sarcelle marbrée ou le balbuzard pêcheur.  Sur 277 espèces d’oiseaux nicheurs évaluées en fonction des différentes catégories de la Liste rouge de l'UICN, 5 ont disparu, 11 sont en situation critique, 20 sont en danger, 42 sont vulnérables. Seuls 61 % des oiseaux ne présentent qu'une préoccupation mineure. Pour consulter la Liste rouge des oiseaux menacés de disparition en France métropolitaine, établie par l'UICN  : cliquer ICI