Violente tempête à Biarritz, le 1er février 2014. Photo archives Sud Ouest
Ces 23 et 24 octobre, les chefs d’Etat et de gouvernements européens se réunissent à Bruxelles pour définir le nouveau cadre d'action européen sur le climat et l’énergie pour la prochaine décennie. Un rendez-vous crucial pour la lutte contre le réchauffement climatique : les Vingt-Huit ont jusqu'à demain pour se mettre d'accord sur des mesures visant à améliorer la lutte contre le changement climatique, dans le cadre d'un nouveau "paquet climat-énergie".
3 grands objectifs
Le Conseil européen semble désormais s’orienter vers les objectifs suivants : 40% de réduction des gaz à effet de serre, au moins 27% d’énergies renouvelables et 30% d'économies d'énergie, d'ici à 2030. C'est bien. Pourtant, le WWF s'inquiète dans un communiqué daté du 22 octobre, des rumeurs qui laissent penser que tout resterait ouvert, pour le pire ou le meilleur, dans cette dernière ligne droite vers le Conseil européen. Aux yeux de l'ONG, ces deux jours vont donc avoir valeur de "test de crédibilité pour l’Europe" sur la question du climat.
Divisions européennes
L'ONG s'inquiète notamment de voir la Pologne et un certain nombre de pays d'Europe de l’Est, qui fonctionnent essentiellement au charbon, gros pollueur, «torpiller» un possible accord s’ils n’obtiennent pas des soutiens financiers supplémentaires pour aider leurs efforts de réductions d’émissions. Ils estiment en effet que ces objectifs sont trop contraignants pour leurs économies. En parallèle, des désaccords commencent à prendre forme sur les propositions faites en matière d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables. Alors que certains États membres continuent à faire pression pour que ces deux objectifs soient juridiquement contraignants et appliqués à l’échelle nationale, d'autres estiment qu’ils ne doivent pas être imposés au niveau des Etats. Londres s'oppose ainsi à Berlin en refusant de mettre en place un objectif contraignant concernant les énergies renouvelables. L'Espagne, qui présente un excédent d'énergie électrique, reproche à la France de ne pas vouloir connecter les réseaux des deux pays pour protéger son industrie nucléaire...
Les opinions publiques européenne et française pour la lutte contre le changement climatique et le développement des énergies renouvelables
L'ONG souligne pourtant que, selon un Eurobaromètre récent, 90% des Européens considèrent que le changement climatique est un problème sérieux, que 92% d'entre eux pensent qu'il est important que leurs gouvernements s’engagent à améliorer l'efficacité énergétique d'ici à 2030 et que 90% estiment qu’il est important pour leur gouvernement de fixer des objectifs visant à accroître l'utilisation des énergies renouvelables d'ici à 2030. Des résultats confortés en France par un sondage IFOP-WWF, ou 90% des Français sont d'accord pour dire que l’Europe doit développer un modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables et les économies d’énergie.
L'Europe, leader du climat et de l'énergie... ou pas
Le WWF voit dans l'adoption d'un cadre climat-énergie ambitieux pour 2030, une ultime mise à l’épreuve pour l'Europe. Pour Pierre Cannet, responsable du programme climat et énergie au WWF-France, "ces négociations permettront de mesurer la crédibilité réelle des ambitions affichées par l’Europe et sa capacité à être un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique". Cette rencontre au sommet permettra aussi de mesurer si les dirigeants européens peuvent être moteurs dans la conduite de la transition industrielle et économique nécessaire, aux co-bénéfices sur les emplois, la santé et le bien-être des citoyens. Avant le Sommet sur le climat de New York, "Le 21 septembre dernier, 600.000 personnes se sont mobilisées à travers le monde pour demander plus d'action climatique. Au tour de l'Europe de montrer qu'une autre trajectoire est possible.", conclut Pierre Cannet.
Enfin, question subsidiaire et non des moindres : la France jouera-t-elle la carte de l'exemplarité et prendra-t-elle dans les négociations européennes la tête de la marche pour le climat vers le sommet international qu'elle accueillera chez elle en 2015 (la COP21) ? On aura la réponse dès ce jeudi.
Cathy Lafon
►REPERES
- Parmi les Vingt-Huit, près de la moitié devraient être incapables d'atteindre l'objectif fixé en 2008 d'une réduction de 20% des gaz à effet de serre.
- Le WWF appelle pour 2030 à la mise en place d’objectifs européens plus contraignants que ceux envisagés par l'Europe : avec un minimum de 55% de réduction à atteindre au niveau national en matière de réduction de gaz à effet de serre, d'au moins 45% en matière d'énergies renouvelables et d'au moins 40% en matières d'économies d'énergie, qui soient juridiquement contraignants et dont l’effort soit partagé entre les Etats membres.
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