Le climat, l'objectif n°1 du nouveau Pacte vert européen
Ursula von der Leyen détaille les mesures du Pacte vert. Photo AFP
Parmi les nombreux sujets abordés par les dirigeants européens ce jeudi et ce vendredi au Conseil européen à Bruxelles, les Vingt-Sept - le Royaume-Uni ne sera pas représenté - se sont penchés en premier lieu sur le programme écologique. Un dossier majeur, donc, pour l'Union européenne. Présenté mercredi 11 décembre devant le Parlement européen par Ursula von der Leyen, le Pacte vert, ou "green deal", affiche pour l'Europe la belle ambition de devenir le premier continent à adopter l’objectif de neutralité carbone en 2050.
Climat : objectif neutralité en 2050
Le nouveau Pacte vert européen vise l'objectif de neutralité climatique – absorption de tous les gaz à effet de serre émis – à l'horizon 2050.
Pour y parvenir, le texte, qui tient sur 26 pages, prévoit de déployer pas moins de cinquante mesures. Parmi elles, un plan d'investissement de 1 000 milliards d'euros, une taxe carbone aux frontières de l'UE, l'extension du marché du carbone européen à de nouveaux secteurs – transport routier, maritime, aérien et construction - ou encore la création d'un mécanisme d'ajustement de 100 milliards d'euros sur sept ans pour les régions et secteurs les plus dépendants aux énergies fossiles. "Je suis convaincue que notre ancien modèle de croissance, basé sur les énergies fossiles, est complètement dépassé", a ainsi appuyé Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission européenne, lors de sa présentation.
L'opposition de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque
Le sujet de la neutralité climatique, sur la table depuis plusieurs mois, rencontre l'opposition de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque. Le sommet de décembre est donc l'occasion de vérifier si les nouvelles propositions de la Commission peuvent les convaincre. Plus largement, il permettra aux Vingt-Sept de faire part de leurs positions sur les grands axes du Pacte vert, avant que celui-ci ne soit traduit en proposition législative. Une étape prévue pour mars 2020, qui échoit au nouveau commissaire à l'Action climatique, Frans Timmermans.
La France enthousiaste
Côté français, on accueille le "green deal" européen d'Ursula von der Leyen avec enthousiasme. La mise en place d'un instrument pour aider les pays les plus vulnérables à accélérer leur transition énergétique est notamment vue d'un bon œil. Paris souhaite aussi insister, lors du Conseil européen, sur "le respect des choix énergétiques de chacun", souligne une source élyséenne. Pas question de remettre en cause l'énergie nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, même si d'autres comme l'Allemagne ont fait le choix d'en sortir. Enfin, l'Elysée tient à la taxe carbone, "une question de justice" qui imposerait aux exportateurs extra-européens des exigences aussi élevées qu'aux Européens.
Les écolos sont-ils satisfaits ? Oui, mais...
"C’est un message fort envoyé à la communauté internationale, qui plus est en pleine COP25, à Madrid, qui doit préparer tous les pays à revoir leurs ambitions climatiques d’ici à la COP 26 de Glasgow, fin 2020", reconnaît Neil Makaroff, chargé des affaires européennes au Réseau action climat (RAC). Mais dans la présentation de la feuille de route destinée à faire de l’Union européenne un leader de la lutte contre le changement climatique, il déplore que l’ambition 2030, la plus urgente à fixer, passe au second plan. Kévin Puisieux, responsable économie et finance à la Fondation Nicolas Hulot (FNH), souligne "un moment politique important, qui place l’urgence climatique au cœur des politiques européennes comme jamais cela n’avait été fait auparavant". Tout en regrettant que plusieurs des mesures annoncées soient encore peu détaillées.
L'argent reste le nerf de la guerre. A cet égard, Ursula von der Leyen a rappelé ce mercredi la volonté de flécher 25 % du budget de l’UE (soit plus ou moins 40 milliards de dollars par an) vers le "green deal" ou encore de transformer la banque européenne d’investissement en banque pour le climat, laquelle injecterait 100 milliards d’euros par an dans la transition écologique. Un montant jugé insuffisant par Marie Toussaint : "Pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE, la cour des comptes européenne estime les besoins en investissement, à 1.115 milliards d’euros [privés et public] par an.", rappelle-t-elle. Si ce n'est pas assez, reconnaissons que c'est un vrai début.
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