C'est l'hiver... Faut-il nourrir les oiseaux ? Ou pas ?
Une jolie mésange dans sa mangeoire, à Bassens, en Gironde. Photo Alain Noël
Chaque année, lorsque l'hiver débarque avec ses pluies incessantes et ses frimas, qui n'aime pas donner à manger aux oiseaux ? Graines, miettes de pain, restes de graisse de foie gras ou de confit... On garnit à tout-va les mangeoires qui fleurissent dans les jardins et sur les balcons, en ville et parfois même en campagne. Quant aux rayons des jardineries, ils regorgent d'aliments pour oiseaux (graines, boules de graisse...), que l'on peut aussi acheter en ligne sur Internet.
S'il est devenu un business, ce plaisir partagé par des milliers de Français est avant tout l'occasion rêvée pour observer de plus près des espèces qui, le reste de l'année, ne s'approchent pas des maisons ou se font discrètes, comme les grives, les troglodytes mignons ou encore les ravissantes mésanges... Le nourrissage des oiseaux, pratique qui embellit la vie et égaie notre environnement, est naturellement bienfaisante à beaucoup d'égards. Mais il faut aussi savoir que, loin d'être indispensable, elle doit suivre certaines règles pour éviter de nuire à nos petits amis ailés en leur faisant plus de mal que de bien.
Les bienfaits du nourrissage des oiseaux...
De nombreuses études estiment que le nourrissage des oiseaux, surtout par grands froids, améliore leur capacité de survie hivernale et leur condition physique. Leurs ressources alimentaires "naturelles" (graines laissées sur pied dans les cultures, baies dans les arbustes...) ont en effet tendance à diminuer, en raison des techniques agricoles modernes.
... et ses inconvénients
Mais les scientifiques rappellent aussi que les animaux sauvages qui vivent sous nos latitudes sont adaptés à leur environnement et peuvent s'alimenter et subvenir eux-mêmes à leurs besoins, même au cœur de l'hiver. Certains pointent même carrément les effets négatifs du nourrissage : distribuer des aliments aux petites bêtes à plumes ne profite pas à toutes les espèces, mais seulement à celles qui sont habituées aux hommes. Cette habitude peut ainsi contribuer à modifier la composition de leurs communautés, au profit, généralement, d'espèces envahissantes. En se rassemblant en nombre près des mangeoires et des lieux de distribution de nourriture, les oiseaux ont aussi plus de risques de tomber malades, en se transmettant des virus.
Quelques règles à suivre pour nourrir les oiseaux
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) préconise un nourrissage seulement durant la mauvaise saison, en période de froid prolongé. Mieux vaut attendre l'arrivée des premières gelées et arrêter progressivement d'alimenter les mangeoires à la fin de l'hiver, vers la mi-mars, pour ne pas perturber le cycle de vie des oiseaux. Il est déconseillé de nourrir les oiseaux au printemps et en été car beaucoup d'entre eux deviennent insectivores à cette saison et cela peut créer une relation de dépendance vis-à-vis des jeunes oiseaux de l'année qui doivent apprendre à se nourrir par eux-mêmes.
Au sol, vous jetterez vos graines pour les moineaux, les pinsons, les merles, les grives..., en variant les emplacements. Pour les espèces très arboricoles, qui aiment à se percher dans les arbres, comme les mésanges, les sittelles..., pensez à placer la mangeoire en hauteur au centre du jardin, dans un endroit éloigné des murs, buissons et autres branches latérales afin d'éviter de tenter les chats du quartier qui en profiteraient pour croquer les volatiles. Mais aussi à couvert, afin de protéger les jeunes de l'année des prédateurs aériens. Et, de préférence, de manière à ce qu'elle soit visible depuis vos fenêtres, afin de pouvoir profiter du spectacle ! N'oubliez pas non plus de la nettoyer régulièrement, pour éviter la prolifération des maladies. A cet égard, la LPO conseille aussi de disperser les mangeoires, en mélangeant les genres dans le jardin (à suspendre, sur pieds avec système de plateau, de distributeur…).
Que donner à manger ?
Les graines de tournesol, riches en vitamine E, c'est l'aliment de base : nombreux sont les oiseaux à en manger, à l'exception notoire des moineaux. Le mélange de graines optimal se compose d'un tiers de tournesol noir, de cacahuètes (non salées) et de maïs concassé. Les graines de millet, de chanvre, de maïs, de courges ou de pommes, l'avoine, et , plus chic, les amandes, les noisettes ou encore les raisins secs (le tout de préférence bio) sont également très prisés des volatiles. Pour la graisse, privilégiez les pains de graisse végétale, simples ou mélangés avec des graines, des fruits rouges ou des insectes.
Évitez en revanche la graisse animale, souligne la LPO. Bannissez aussi le lait : les volatiles ne le digèrent pas et il peut même leur causer des troubles digestifs mortels. On peut toutefois leur donner des dérivés laitiers cuits, tels que le fromage, mais en très petite quantité. Evitez aussi les mélanges de graines très bon marché, composés de pois, de lentilles et de riz, les biscuits pour animaux domestiques, le pain ou les produits industriels tout prêts. Et proscrivez le sel : pas de beurre salé ni de cacahuètes salées dans le jardin !
►A LIRE
"Je nourris les oiseaux en hiver". Gilles Leblais. Edition Terre vivante. 130 p. 14 euros.
Un livre indispensable pour attirer les oiseaux et faciliter leur survie dans le jardin... ou sur le balcon. Auxiliaires efficaces du jardinier, les oiseaux jouent un rôle primordial dans les équilibres naturels. A l'heure où la biodiversité s'effondre de façon inquiétante, favoriser leur venue dans les jardins est d'une importante capitale pour la protection de la nature mais aussi pour le bonheur que procure leur vue et la beauté qu'ils apportent à notre environnement. Ecrit par un ornithologue qui dévoile ses "secrets de mangeoire", ce guide vous donne tous les conseils utiles pour nourrir nos petits amis ailés : pics, merles, grives, roitelets, mésanges, rouge gorges... Tous vont fréquenter assidûment les mangeoires que vous aurez installées.
►PLUS D'INFO
- Si vous voulez participer au quotidien à la préservation de la vie sauvage sur votre terrain (jardin, cour, terrasse, balcon…) et agir en faveur de la biodiversité en adoptant chez vous des gestes écocitoyens, vous pouvez rejoindre le réseau de Refuges LPO.
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