Réchauffement climatique : épitaphe pour Arriel, le dernier glacier néo-aquitain des Pyrénées
La plaque commémorative posée par trois écologistes néo-aquitains au refuge d'Arrémoulit (Pyrénées-Atlantiques). Photo Ma Planète
La fonte des glaces, de la banquise, des glaciers des Alpes ou encore de l'Islande, fait régulièrement la Une des médias. Mais pus près de nous, dans les Pyrénées, les glaciers disparaissent aussi. Dans l'indifférence générale, sans fleurs ni couronnes.
Jusqu'à ce mercredi 23 octobre 2019 où six écologistes néo-aquitains, Laurence Motoman, Alice Leiciaguecahar, Stéphane Trifiletti, Maryse Combres (tous quatre élus EELV au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine), Philippe Glorieux et Olivier Cazaux, dans le sillage de ces Islandais et de ces Suisses qui ont organisé cet été et en septembre des funérailles symboliques pour leurs glaciers en voie de disparition, ont voulu poser une plaque en hommage au glacier d'Arriel, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Tombé pour le climat
Ce dernier est désormais rayé du paysage pyrénéen par l’effet du réchauffement climatique, comme 50% de ses semblables ces dernières années.
Un symbole pour alerter l’opinion
Les restes du glacier dArriel en 2017. Aujourd'hui il n'est plus. Photo DR
"Le glacier d’Arriel, situé le plus à l’ouest des Pyrénées, a disparu, comme 50% des glaciers pyrénéens ces dernières années. Ils disparaîtront probablement tous d’ici 2040. Cette plaque atteste que nous savons ce qu'il se passe et que nous savons ce qu'il faut faire. Vous seul-e-s saurez si nous l'avons fait. Octobre 2019. Nouvelle-Aquitaine (Dépt 64)."
Tel est le message alarmant inscrit sur la plaque mémorielle (ci-contre) que l'élu néo-aquitain Stephane Trifiletti a déposé avec l'écologiste Bordelais Olivier Cazaux, ce mercredi 23 octobre 2019, au refuge d'Arrémoulit, dans les Pyrénées-Atlantiques. Manière d'acter symboliquement la fin du dernier glacier pyrénéen Néo-Aquitain, définitivement disparu du pied du pic d'Arriel, où l'on voyait encore ses traces en 2017, comme le montre la photo ci-dessus.
"Cette plaque nous oblige tous collectivement"
"Cette plaque nous oblige tous collectivement : neutralité carbone horizon 2040, pour réussir ensemble la transition écologique", a commenté Olivier Cazaux sur son compte Facebook.
Lors d'une conférence de presse ce jeudi matin, au caillou de Soques, sur la route du col du Pourtalet, où ils ont fixé une plaque, petite sœur de celle posée la veille à Arremoulit, les six écologistes ont aussi rappelé pourquoi la fonte des glaciers, loin d'être anodine, nous concernait directement dans nos modes de vie : "les glaciers forment des réserves d’eau douce capitales, tant pour les activités humaines que pour les écosystèmes de l’ensemble du Sud-Ouest : agriculture, tourisme, production hydroélectrique…".
Comme les régions polaires et toutes les zones de montagne, les Pyrénées sont particulièrement sensibles aux conséquences du réchauffement climatique. Durant l'été 2018, il n'a pas gelé plus de 100 jours au pic du Midi de Bigorre, à 2 870 m d'altitude. Un record historique d'après Météo France. D’après un constat de l’association pyrénéenne de glaciologie Moraine, qui étudie l’évolution des glaciers pyrénéens depuis vingt ans, ces derniers pourraient même complètement disparaître d’ici à 2050.
Répartis sur 9 massifs (Balaïtous, Enfer, Vignemale, Gavarnie, Munia, Posets, Luchonnais, Aneto, Mont Valier), ils subissent une fonte inexorable depuis les débuts de l'ère industrielle, au XIXe siècle. Leur surface totalisait 23 km2 en 1850. Elle est tombée en 2016 à 2,6 km 2. On comptait 90 glaciers dans les Pyrénées en 1850, ils ne sont plus que 23 aujourd'hui. Sans celui d'Arriel, donc. Les journalistes peuvent dores et déjà préparer la nécro du glacier d'Ossoue, aujourd'hui en voie de disparition.
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