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Nucléaire : le feuilleton sans fin du naufrage abyssal de l'EPR

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L'EPR de Flamanville, en 2016. Photo AFP

Franchement, quelle entreprise sur terre, grande ou petite, n'aurait pas été déclarée en faillite après un tel naufrage industriel et financier ? C'est un refrain désormais bien connu : "Enième déconvenue pour EDF dans le dossier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche". Il suffit de faire une mise à jour, en précisant cette fois-ci : "ce mercredi 9 octobre 2019".

La facture du chantier devrait encore s'alourdir de 1,5 milliard d'euros pour atteindre la bagatelle de 12,4 milliards d'euros. Cette fois-ci, c'est à la suite de problèmes de soudures, a annoncé l'électricien mercredi 9 octobre. La facture prévue était jusqu'à présent de 10,9 milliards – soit quand même trois fois plus que l'estimation initiale. Avec un retard sur la mise en exploitation de 7 ans sur la prévision initiale. L'électricien prévoyait ces dernières années de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2019, pour une mise en service commerciale en 2020, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Mais EDF avait déjà prévenu cet été que sa mise en service, qui conditionnait par ailleurs la fermeture de Fessenheim, n'aurait finalement pas lieu avant fin 2022... Sage précaution !

EDF, après avoir perçu une confortable indemnisation de la part de l'Etat pour une fermeture anticipée de Fessenheim, la plus vieille de nos centrales, avant la mise en service de son EPR normand, vise désormais un chargement du combustible fin 2022. Concernant le problème des soudures, l'électricien a présenté sa solution privilégiée retenue pour effectuer les travaux complexes de réparation, avec des robots télé-opérés "conçus pour mener des opérations de grande précision à l'intérieur des tuyauteries concernées", a expliqué le groupe. 

Un fleuron de la filière nucléaire française...

Lancée en 1992, la technologie EPR ou le nucléaire de troisième génération, avait été présentée comme le fleuron de la filière nucléaire française. Elle a pourtant accumulé les déboires. Entre autres, le chantier de Flamanville lancé en France en 2007 a été victime des anomalies découvertes sur la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve. L’Autorité de sûreté nucléaire avait exigé que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024. S'il n'y avait que Flamanville, EDF pourrait souffler. Mais les contretemps et  les dérapages budgétaires se sont aussi accumulés sur le premier chantier EPR  lancé à Olkiluoto, en Finlande, en 2005. Dernière annonce en date pour le site finlandais :  le chargement du combustible nucléaire est maintenant prévu en janvier 2020. La mise en service aura au moins dix ans de retard sur le calendrier initial.

Outre-Manche, la situation n'est guère plus brillante. L’EPR a aussi été retenu pour un projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre. EDF avait annoncé en 2017 s’attendre à un surcoût de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d’euros) pour cet énorme chantier, avec un «risque» de retard de 15 mois pour le premier réacteur, censé entrer en service fin 2025, et de neuf mois pour le second, qui doit démarrer six mois plus tard. Le groupe a toutefois récemment prévenu que les coûts «sont désormais estimés entre 21,5 et 22,5 milliards de livres sterling 2015», soit une nouvelle augmentation comprise entre 1,9 et 2,9 milliards de livres sterling (2,15 à 3,3 milliards d’euros actuels) par rapport aux évaluations précédentes. Et le risque de retard «s’est accentué».

Seuls motifs de satisfactions pour EDF, les deux autres EPR commandés par la Chine. Taishan 1 a été le premier au monde à fonctionner, bien que le chantier ait commencé en 2009, après celui de Flamanville. Le deuxième réacteur de Taishan est aussi entré en service commercial récemment. En même temps, on peut se demander si la Chine est aussi regardante sur la sécurité que ne le sont les clients européens de l'électricien français. 

Tout cela n'empêche pas le groupe d'avoir de nouveaux réacteurs en projet. En Inde, EDF et son homologue indien ont signé un accord portant sur le schéma industriel d’un projet de centrale à Jaitapur, un projet géant de six réacteurs EPR qui n’est toutefois pas finalisé. EDF discute aussi avec des pays européens comme la Pologne ou la République tchèque.

Gageons que nous n'en sommes pas encore au dernier épisode de ce passionnant feuilleton au coût exorbitant. A suivre, donc !

Cathy Lafon avec l'AFP

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